Depuis quelques années nous sommes gâtés car un grand nombre d’autrices, le plus souvent anglo-saxonnes mais aussi d’origines africaine, arabe ou chinoise, ayant un talent fou, sont apparues sur la scène de l’imaginaire et, en particulier, de la SF pour notre plus grand bonheur. La dernière venue est Emily Tesh, avec son premier roman, « La Gloire à tout prix » (Bragelonne), qui vient se voir décerner le Hugo 2024 du Meilleur Roman !
Dans un univers dominé par un ensemble de races extra-terrestres et gouverné par une machine toute-puissante, la Sagesse (elle peut évaluer toutes les réalités possibles !!!), qui a détruit la Terre car elle a estimé que l’espèce humaine, plus grande et forte physiquement et plus agressive, allait à terme conquérir l’ensemble de la galaxie, nous allons faire la connaissance de Kyr, une soldate fanatique et hors-pair appartenant à la station Gaïa, le dernier bastion résistant des rares survivants de l’humanité. Elle et son frère ont été entraînés, avec tous les autres enfants – il y a un programme d’enfantement forcené, il faut produire d’abord des femmes -, et endoctrinés afin de préparer la revanche de la Terre, sous le commandement d’un héros, l’homme qui a failli sauver la Terre. Mais suite à son affectation comme « reproductrice » au lieu de soldate et à celle de son frère pour une mission suicide inutile, Kyr va commencer à réfléchir et à se poser des questions. La rencontre d’un ami de son frère, informaticien de génie et mécréant total, et d’un extra-terrestre capturé par la station, vont la convaincre de partir sauver son frère et quitter la station ; découvrir le monde extérieur va lui faire remettre en question tout ce qu’elle tenait pour des certitudes inébranlables.
A partir de là, Emily Tesh nous entraîne dans un space opera extraordinaire où elle mêle avec bonheur – surtout le nôtre – tous les grands thèmes de la SF (je ne vous en dirai rien car ce serait spoiler de simplement les citer) dans un roman d’action incessante, avec des personnages à la fois humains et surhumains dans leurs forces et leurs faiblesses (surtout psychologiques). Je n’ai pas pu le poser avant de l’avoir terminé (merci, Emily, pour une nuit blanche !) car le roman est très moderne dans ses personnages et ses thématiques -entre autres qu’est-ce que la vérité historique, le questionnement du bien-fondé des gouvernements et la différence entre l’image et la personnalité véritable de ceux qui nous dirigent – mais avec un côté SF de pulps dans son action totalement débridée.
C’est sans doute le roman de SF le plus original que j’ai lu ces dix dernières années !