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Les coups de cœur de Jean-Luc Rivera - Octobre 2014
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Les coups de cœur de Jean-Luc Rivera - Octobre 2014

Henry Rider Haggard, Les Aventures d'Allan Quatermain
 
Qui d'entre nous n'a pas rêvé en regardant "Les Mines du roi Salomon" dans l'une des nombreuses adaptations cinématographiques du roman éponyme de Sir Henry Rider Haggard ? Cette Afrique rêvée de l'époque coloniale, où tout était possible - et probable - dans les profondeurs inexplorées du continent noir, a été magistralement mise en scène par le grand auteur anglais dans une série de romans et de nouvelles centrées autour d'Allan Quatermain (oui, le grand chasseur blanc qui fait aussi partie de la Ligue des Gentlemen extraordinaires...). Avec l'édition que nous donne Omnibus de trois des principaux romans du cycle, "L'Epouse d'Allan", "Les Mines du roi Salomon" et "Allan Quatermain", voici l'occasion de repartir à la découverte d'un personnage mythique mais connu principalement par ses incarnations à l'écran. Or les romans de Rider Haggard, qui connurent un immense succès, méritent d'être lus car ils entraînent leurs lecteurs dans un tourbillon de sensations, paysages, couleurs, tribus guerrières et descriptions de toutes sortes qui les transportent, et la magie du verbe de Haggard fonctionne toujours remarquablement bien. Ces trois romans, choisis par Claude Aziza, fin connaisseur de ces littératures populaires d'exploration fantastique des XIXème et XXème siècles,qui signe la préface et un dossier instructif sur l'auteur et son personnage, nous font découvrir trois épisodes importants de la vie d'Allan Quatermain, sa jeunesse et son mariage, son plus bel exploit à savoir la découverte des mines de diamants du roi Salomon, et enfin sa sa dernière aventure, celle qui clôture sa vie. Ne résistez pas à l'appel de l'aventure, enfilez votre saharienne, coiffez votre casque colonial et partez avec le plus grand des chasseurs blancs britanniques dans les contrées inexplorées de cette Afrique qui restera à jamais une terra incognita.
 
Stefan Wul et ses adaptations chez Ankama. 
 
Stefan Wul revient en force, et c'est une bonne chose : outre la réédition de ses romans dont je vous ai parlé à deux reprises, il est aussi superbement adapté en BD ! Les Editions Ankama ont entrepris depuis 2012 de publier l'intégrale de ses romans adaptés en BD ! J'ai attendu d'avoir lu un certain nombre d'albums couvrant une partie de ceux-ci afin de pouvoir vous donner une idée d'ensemble. Ma conclusion : bravo à Ankama, c'est une grande réussite, couronnée d'ailleurs par le Grand Prix de l'Imaginaire cette année en duo avec Bragelonne pour les romans ! Des dessinateurs et scénaristes différents prennent chacun en charge un roman, adapté en deux ou trois volumes. Ankama a commencé, bien entendu, avec "Niourk" (déjà deux tomes de parus), scénarisé et dessiné par Olivier Vatine, c'est très beau. Il en va de même pour "Oms en série", très fidèle au roman original, de Jean-David Morvan et Mike Hawthorne, au dessin très beau mais un peu déroutant tellement nous sommes habitués à celui du film, défi remporté. "La peur géante", de Denis Lapière et Mathieu Reynes, est tout à fait intéressant. Quant au "Temple du passé", l'un des romans les plus curieux et intéressants de Wul, il est joliment adapté par Hubert avec Etienne Le Roux au dessin, qui nous donne, entre autres, des vues de la cité d'origine des astronautes ou du monstre marin magnifiques. "Rayons pour Sidar", scénario de Valérie Mangin et dessin d'Emmanuel Civiello, rend fidèlement le roman avec un graphisme qui peut surprendre au début mais auquel on prend goût très vite. La plus surprenante des adaptations reste celle de "Piège sur Zarkass" (deux tomes parus) pour laquelle Yann au scénario et Didier Cassegrain au dessin ont décidé de transformer tous les personnages du roman en femmes, dans une société où dominent les femmes mais qui copient le comportement et l'habillement des hommes. Le résultat est curieux, je ne sais pas ce qu'en aurait pensé Stefan Wul, mais intrigant ; et comme l'action suit fidèlement celle du roman, cela donne une transposition non dénuée d'humour dans laquelle le lecteur rentre très vite. Voilà donc une série d'albums à découvrir absolument !
 
Stefan Wull, l'Intégrale
Stefan Wul fut l'un des plus grands auteurs français de SF, que je découvris enfant, comme beaucoup, dans la célèbre collection "Anticipation" du Fleuve Noir, avec les magnifiques couvertures de Brantonne (qu'est-ce que j'ai pu rêver grâce à "Niourk", superbe roman et superbe couverture !). Grâce à Laurent Genefort, grand auteur lui-même et LE spécialiste de Wul, nous avons droit à une belle édition intégrale de cet auteur, avec non seulement les romans mais aussi ses nouvelles, beaucoup moins connues. Il faut féliciter les Editions Bragelonne pour cette belle oeuvre de mémoire ! Trois volumes sont sortis, reprenant ses onze romans parus au Fleuve. Dans le tome 1, outre le célébrissime "Niourk", un chef d'oeuvre, vous trouverez "La mort vivante", un roman très curieux et original, et "La peur géante", représentatif de la littérature de SF de l'époque, plus neuf nouvelles, et une fort intéressante postface de Laurent Genefort. Le tome 2 reprend un autre roman célébrissime (et excellent) de Wul, "Oms en série" (qui avait aussi une superbe couverture de Brantonne), "Le Temple du passé", un roman magnifique dans sa démesure, "Retour à '0'" et "Terminus 1", deux romans de très bonne facture. Enfin le tome 3 comprend "L'orphelin de Perdide", une réflexion sur le paradoxe temporel, "Rayons pour Sidar" qui reste un de mes romans favoris de Wul avec son odyssée planétaire et ses bons sentiments qui reflètent une mentalité coloniale disparue avec l'Indochine, "Piège sur Zarkass" et "Odyssée sous contrôle", deux bons romans de "planet opera". Voilà une belle opportunité de relire Wul, ce que j'ai fait, en retrouvant ses personnages et ses situations avec autant de plaisir qu'à l'origine alors que je craignais le passage du temps -je ne l'avais pas relu depuis près d'une vingtaine d'années... Mais non, Stefan Wul a atteint ce stade intemporel qu'achèvent certains auteurs, même si leur oeuvre est datée dans le temps elle se lit toujours sans prendre de rides. Et pour les lecteurs plus récents, voilà une toute aussi belle opportunité de découvrir l'un des auteurs majeurs français, dont les romans étaient introuvables depuis longtemps à l'exception de "Niourk". Je ne peux que vous conseiller de vous faire ce cadeau de Noël avec un peu d'avance, vous ne le regretterez pas.
 
Jean-Luc Marcastel Les Enfants d'Erebus 2
En avril dernier, je vous parlais du premier tome de la nouvelle trilogie de Jean-Luc Marcastel, "Les Enfants d'Erebus" (J'Ai Lu), qui m'avait conquis, et terminais en souhaitant avoir la suite rapidement. N'étant manifestement pas le seul, l'auteur a exaucé nos souhaits en nous livrant le tome 2, sous-titré "Nymphose" (toujours chez J'Ai Lu). Nous y retrouvons Jade de Carsac, réfugiée dans la forteresse des Chevaliers de Saint-Michel, au coeur de l'Auvergne (Jean-Luc Marcastel n'est pas auvergnat pour rien !), rongée de questions sur ce qui lui est arrivé, sur la nature du combat auquel elle fait face, mais aussi sur la confiance qu'elle peut accorder à ses alliés de facto et, en premier lieu, à leur chef, le vieux baron Géraud de Morlon, et à sa femme, la troublante Yasmina, ainsi que sur sa propre nature. De plus, sa clarté d'analyse n'est pas facilitée par le fait qu'elle ressent une attirance de plus en plus forte pour son sauveur, le jeune Arsène, et ce en dépit des ajouts mécaniques apportés à sa personne pour pallier aux terribles blessures qu'il a reçu dans le passé. Que doit-elle faire ? Doit-elle poursuivre le combat contre le sinistre Schwarkönig et l'Ahnenerbe ? Jean-Luc Marcastel nous donne là un volume plus calme au niveau action - mais il y en a suffisamment pour nous contenter -, qui nous permet de mieux comprendre les tenants et les aboutissants de ce qui s'est déroulé dans le premier volume et donc saisir les enjeux de la lutte qui se déroule. Nous découvrons ainsi avec Jade le passé d'Arsène et celui d'Ahar ainsi que les vrais "patrons" de Schwarkönig (l'auteur, admirateur de l'oeuvre de H.P. Lovecraft, apporte ainsi sa contribution au mythe et cela ne pourra que réjouir tous les lovecraftiens en élucidant certains points, je ne peux vous en dire plus sous peine de "spoiler"...) et qui sont les Enfants d'Erebus. Une bonne partie du roman se déroule en Egypte, dans cette Egypte que nous aimons, celle des mystères, des sectes maléfiques, des hôtels de luxe du Caire de l'entre-deux-guerres et des vieux militaires anglais de l'armée des Indes, où va intervenir un nouveau personnage, un magnat de la presse américain du nom de William Randolph Kane... Une fois de plus, Jean-Luc Marcastel nous donne un roman très abouti, rempli de clins d'oeil, de repas pantagruéliques, de personnages attachants - bons comme méchants -, dominé par Jade (je vous laisse deviner qui elle est vraiment, vous serez sans doute aussi surpris que moi) et, en filigrane, par son père, l'énigmatique Armand de Carsac. Parsemé de quelques inventions qui lui donne une atmosphère steampunk, voilà un roman que j'ai dévoré d'une traite avec autant de plaisir que le précédent ! J'ajouterai que la couverture est très belle : dirigeable, pyramide, poulpe et Bédouins inquiétants à la manière des illustrations d'avant-guerre, tout y est. Vivement que nous puissions lire la conclusion de cette aventure passionnante !

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