Claude J. Legrand n'a eu qu'un seul roman (Projet Nouvelle-Vénus, 1988) publié chez Fleuve Noir du temps de la célèbre et défunte collection Anticipation, mais il est l'auteur de nombreux scénarios de bandes dessinées dans les années 70 et 80. Il fut le co-créateur des séries Jaleb le Télépathe (1972-1973), Brigade Temporelle (1972-1974), Jeff Sullivan (1974-1975) et Larry Cannon (1974-1975) pour la revue Futura, ansi que de Kabur (1976 et 2000) et Le Gladiateur de Bronze (1976) pour la revue Kabur. Les éditeurs de la nouvelle collection « Rivière Blanche » ont eu la bonne idée de publier son nouveau roman, Les Créateurs de futurs.
Etrange opération militaire et mystérieux poursuivants
Le journaliste Peter McCoy est en reportage au Nicaragua lorsqu'il est pris dans une opération de nettoyage par l'armée. Il croit sa dernière heure venue, mais se retrouve, quasi-miraculeusement, dans un petit hôpital. Seulement, quelque chose ne va pas du tout : il n'y a pas de guerre civile au Nicaragua... Et il n'y a pas que cela qui cloche, car il est poursuivi par de mystérieux hommes en noir. Retrouvera-t-il Elisabeth Duncan, l'amour de sa vie ? Et à quels sacrifices devra-t-il consentir ?
Univers parallèles et agents spéciaux
Le thème du personnage catapulté dans un univers (ou ici, plusieurs univers) qui ne sont pas le sien, qui doit remplir une mission pour pouvoir rentrer chez lui est un thème fréquent, que ce soit en littérature (La Tapisserie de Fionavar de Guy Gavriel Kay, ou Les Chroniques de Thomas Covenant de Stephen Donaldson, pour n'en citer que deux), voire à la télévision (Code Quantum). Dans Les Créateurs de futur, Claude J. Legrand exploite le blues de l'agent trans-dimensionnel, avec un personnage convaincant et perdu, et des univers parallèles plus ou moins divergents du nôtre mais pleins d'intérêt. Malgré le côté psychologique plutôt réussi, Les Créateurs de futur est un roman d'aventure à rebondissements, bien mené, et ne menant pas forcément là où l'on s'y attendrait. Les dirigeants de Zéro croient résolument à l'interventionnisme pour le bien de l'humanité, et sont très nettement « du bon côté », mais les déchirements du héros permettent au roman d'échapper à un côté trop moralisateur ou manichéen. Un bon roman d'aventure, avec un petit parfum de James Bond (je ne saurais trop recommander à ceux qui ne l'ont pas encore fait de s'attaquer au romans de Ian Flemming, dont le personnage est nettement plus complexe que ne le donnent à penser les films).
Avec plein d'imaginaire !