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Les Dames d'Emèse

Gilles Chaillet (Scénariste, Dessinateur), Chantal Defachelle (Coloriste)
Langue d'origine : Français
Aux éditions : Collection :
Date de parution : 31/12/2002  -  bd
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Les Dames d'Emèse

Gilles Chaillet pratique l'art de la Bande dessinée depuis un certain temps déjà. Il rentre en 1965 chez Dargaud où il réalise les coloriages de grandes séries tels que Tanguy et Laverdure ou Blueberry. Sa rencontre avec Jaques Martin va être déterminante. En effet, le père d'Alix cherche un dessinateur capable de prendre la relève pour sa série Guy Lefranc. Chaillet illustre Les Portes de l'Enfer qui inaugure leur longue collaboration. En 1980, il se lance seul dans une série, Vasco, qui s'est achevée avec le tome 19, Les Ombres du passé, en 2001. Passionné d'Histoire et en particulier de celle de l'Italie depuis sa plus tendre enfance, c'est tout naturellement qu'il crée des Bandes dessinées sur fond de Rome antique et de Renaissance italienne. Et La Dernière Prophétie n'échappe pas à la règle.

Une nouvelle religion

Rome est aux abois depuis que les Chrétiens l'ont envahie, tout indique que la chute du paganisme au profit du nouveau Dieu est imminente. Flavien, considéré comme l'Elu, va être initié au culte sibyllin et plonger aux Enfers afin de découvrir la septième Prophétie qui révèlera le dessein des Dieux. Il se retrouve propulser dans le passé en Syrie. Un morceau de météorite y est tombé. Au fil du temps la pierre devint noire et les gens d'Emèse la considérèrent comme un fragment de Soleil. Un culte s'établit autour d'elle, que l'on nomme alors Ba'al, et on lui sacrifie des enfants. C'est dans ce contexte que Septime Sévère accède au trône et épouse Julia Domna qui fonde la dynastie des Dames d'Emèse. Leur pouvoir s'accroît toujours plus sur l'Empire, elles enfantent les futurs empereurs et le dernier-né Varius Avitus, qui se surnomme lui-même Héliogabale, deviendra un des plus féroces dirigeants de Rome.

Un nouveau personnage principal

On quitte l'intrigue principale, dont le personnage central était Flavien, développée dans le premier tome pour une seconde qui se déroule dans le passé. Mais cette histoire qu'il (re)vit est aussi la sienne puisque le centurion Sylvius est son double et que leurs quêtes se croisent. Chaillet mélange habilement trame historique sur fond de complots et enquête policière. Il fait saisir toute l'importance et l'influence que pouvaient avoir les femmes proches du pouvoir à cette époque. Il rend aussi très bien l'Antiquité romaine telle qu'on se l'imagine grâce à ses décors qui sont époustouflants de réalisme et étonnants de détails. On sent une attention soutenue dans la mise en page afin de renforcer certains passages déterminants dans l'intrigue (planches 25 et 26 par exemple). Cependant Chaillet a les défauts de ses qualités si l'on peut dire. Par la complexité même de son récit, le scénario devient rapidement bavard. Chaillet, qui se passionne pour l'histoire de l'Italie depuis des temps immémoriaux, est un érudit et sa connaissance du monde antique dépasse certainement celle du lecteur lambda mais du coup il perd de sa fraîcheur face à la dite époque. Dès lors, on a plus souvent l'impression d'assister à un cours de civilisation romaine ennuyeux d'où le fait que l'on reste la plupart du temps extérieur au récit. Son dessin, dont tout le monde pourra constater qu'il se situe dans la droite ligne d'Alix de Jaques Martin, est très classique au point de devenir par moment académique et surtout figé. Espérons que le troisième volet de cette tragédie en cinq actes sera un peu plus innovant.

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