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Les Deux Tours

J.R.R. Tolkien ( Auteur), Francis Ledoux (Traducteur)
Langue d'origine : Anglais UK
Aux éditions : Collection :
Date de parution : 31/10/2003  -  livre
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Les Deux Tours

Le pauvre Tolkien doit se retourner dans sa tombe à chaque fois qu'un petit frenchy écorche son nom en le faisant sonner comme un chien métallique. En attendant, le vieux professeur repose. Il en a vu d'autres : né en 1892 en Afrique du Sud, il étudie en Angleterre après la mort de son père. La première guerre mondiale interrompt son instruction, mais il sort diplômé d'Oxford en 1919. Lettré et érudit, c'est toujours à Oxford qu'il passe le plus clair de sa carrière de professeur, en langues anciennes d'abord, puis en littérature.

Il publie Bilbo le hobbit en 1936, conte construit comme un ouvrage pédagogique, mais que le succès populaire rattrape. De même que son éditeur qui presse Tolkien d'y donner une suite. Quatorze années de travail sont nécessaires à l'achèvement du cycle du Seigneur des Anneaux, publié en 1954-55. Jusqu'à sa mort en 1973, Tolkien n'aura de cesse d'enrichir son univers de contes et de chansons (Poèmes et chansons de la Terre du Milieu) qui resteront pour la plupart inachevés (Contes et légendes inachevés des premier, deuxième et troisième âges).
Pour ceux qui auraient loupé le premier épisode (est-ce seulement possible en cette période d'orgie cinématographique ?), Les Deux Tours constituent le deuxième tome du Seigneur des Anneaux.

La communauté de l'anneau est dissoute dans l'eau du grand fleuve (rappel des faits)

Après avoir rejoint Fondcombe, le domaine d'Elrond avec l'aide de ses amis, Frodon Sacquet, hobbit de la Comté se voit chargé de porter son fardeau au cœur des ténèbres du Mordor. Là, l'anneau unique forgé par Sauron pourrait être détruit dans les flammes de la montagne du destin.

Frodon ne sera pas seul : Sam, Merry et Pippin, ses trois compatriotes, l'accompagnent, de même que Gandalf le magicien, Aragorn l'héritier d'Isildur, Legolas l'elfe, Gimli le nain, et Boromir, l'homme du Gondor. Mais parvenue aux chutes du Rauros, la communauté est dissoute : Frodon et Sam s'enfuient à l'est du grand fleuve tandis que leurs compagnons sont attaqués par des orques.

La traîtrise de Saroumane

Boromir tombe sous les flèches en tentant de protéger Merry et Pippin faits prisonniers. Aragorn, Legolas et Gimli ne peuvent abandonner leurs amis à un destin fatal, et ils se lancent à la poursuite de orques. Leur piste les mène vers l'Isengard, le repaire du magicien Saroumane, dont la traîtrise est désormais démasquée : lui aussi veut mettre la main sur l'anneau, mais pour lui-même ou pour l'autorité du Mordor ?
Nul ne peut le dire, car l'anneau n'atteindra jamais l'Isengard. Les orques sont défaits par les fiers cavaliers de Rohan. Gandalf, revenu des ténèbres de la Moria, ravive la flamme guerrière de leur roi et une grande victoire est obtenue à la bataille de Fort Le Cor où Saroumane avait jeté toute son armée.
Grand mal lui fit d'ailleurs, car la terrible force des ents, les antiques hommes-arbres de la forêt, s'est réveillée sous l'impulsion de Merry et Pippin. Désarmé, Saroumane est piégé au cœur de la tour d'Orthanc.
Cette victoire contre l'Isengard ne fait que précipiter la guerre, et déjà le ciel s'emplit de l'ombre des Nazgûls montés sur des coursiers ailés. Il faut rassembler toutes les bonnes volontés pour lutter contre la puissance de Mordor et Gandalf et Pippin iront en éclaireurs jusqu'à Minas Tirith.

Le sournois et le puant

Sur l'autre rive du grand fleuve, Frodon et Sam observent eux aussi le ballet des Nazgûls. Parvenus en plein territoire ennemi, leur progression est bien trop lente. Déjà, une énorme armée menée par le chef des esprits servants de l'anneau s'ébranle, tandis que d'autres forces gonflent les rangs du Mordor.

Désorientés, les hobbits doivent leur salut à leur rencontre avec Gollum. Le petit être leur présente deux visages : le sournois, qui accepte de les guider pour rester auprès du porteur de l'anneau, et le puant, avide de récupérer " son trésor ". Les hobbits n'ont d'autres choix de le suivre, car l'entrée du Mordor est trop bien gardée pour y pénétrer incognito.

Des rôdeurs du Gondor en maraude croisent leur chemin, menés par Faramir (frère de Boromir) qui met Frodon en garde contre la perfidie de son guide. Cette perfidie se révèle finalement dans les grottes de Cirith Ungol, l'entrée secrète en Mordor, où Gollum les abandonne à dessein : Arachne, créature des temps lointains, en garde l'accès et se jette sur Frodon. Sam intervient trop tard et Frodon gît inanimé. Le malheureux serviteur se résout alors à porter l'anneau à son tour jusqu'au cœur du Mordor, quand des orques surgissent et enlèvent la dépouille de son maître. Il ne peut l'abandonner, d'autant, selon les dires des orques, Frodon ne serait pas mortellement touché…

A la faveur d'un déséquilibre

Ce second volet du Seigneur des Anneaux comporte des détails parmi les plus attachants du cycle, rémanences de l'histoire à la fois tangible et fantasmagorique de la Terre du Milieu inventée par Tolkien. Les ents, par exemple, sont des créatures fascinantes, synergies organiques de l'animal et du végétal dont tout dans le comportement trahit l'ambivalence. D'un autre côté, Arachne, sombre créature recluse dans son antre depuis des temps immémoriaux, fournit à l'œuvre un véritable fragment d'épouvante.

Et si l'œuvre entière de Tolkien est brillante, elle est surtout semée de morceaux impérissables. La joute orale à laquelle se livrent Saroumane et Gandalf à la porte d'Orthanc est un bijou. De même que la résistance à Fort Le Cor. Mais la personnalité la plus intéressante de ce tome est sans conteste Gollum, guide ambigu et torturé par des désirs contraires, ne cédant à l'autorité de Frodon que pour mieux le trahir.

Aussi s'il fallait faire une critique à ce volume, que d'aucuns considèrent comme le moins réussi des trois tomes, je citerais juste le déséquilibre dans le rythme entre les livres III et IV qui amoindrit symétriquement l'intérêt de la fuite de Frodon et Sam. Que cela ne vous retienne surtout pas de dévorer ce chef-d'œuvre !

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