Jérôme Hamon a d’abord travaillé comme analyste financier aux Etats-Unis, avant de voyager autour du monde. A son retour en France, il travaille dans le cinéma puis dans le jeu vidéo, avant d’intégrer France Télévisions. C’est en 2008 qu’il présente ses premiers scénarios à Angoulême, où il rencontre le dessinateur Marc Van Straceele avec qui il signe Yokozuna, un roman graphique sur le milieu du sumo au Japon.
Antoine Carrion puise son inspiration chez des auteurs tels que Nicolas de Crécy, Milo Manara, ou encore Katsuhiro Otomo. On lui doit l’adaptation du jeu inspiré du roman No Pasaran, ainsi que plusieurs albums dont Le Chant du sabre (Casterman), Temudjin (Daniel Maghen), ou encore L’Ombre blanche (Soleil).
Un territoire à l’agonie
Les territoires du nord, autrefois riches et florissants, se meurent. Cela fait de nombreuses lunes que rien ne pousse et les plantes ne sont pas les seules concernées par ce phénomène : les animaux ne mettent plus bas et aucune femme n’est enceinte... Accompagné de son père, le jeune Nils va tenter d’élucider ce mystère. Ils découvriront vite que le royaume de Cyan n’est sans doute pas étranger à leurs problèmes...
C’est le début d’un voyage qui mènera le héros plus loin que tout ce qu’il avait pu imaginer !
Nature contre technologie
Jérôme Hamon pose ici les bases de son histoire, où on suit les pas du jeune Nils et de son père. On se trouve donc dans la structure classique du récit d’apprentissage, où le jeune héros devra affronter une série d’épreuves qui le changeront et bouleverseront son existence. On découvre en compagnie de Nils un monde en déclin, où la nature semble marquer le pas face à la technologie. Ce premier tome remplit parfaitement son rôle de volume d’exposition, en présentant les différentes forces en présence et les enjeux du récit, qui prendra certainement plus d’ampleur par la suite. L’intrigue manque en effet pour l’instant de souffle, et certains passages ont tendance à s’enchaîner de manière un peu trop abrupte... Le récit n’en reste pas moins très agréable, avec un bon équilibre entre action et scènes plus contemplatives.
Le véritable point fort de cette nouvelle série tient dans les dessins et couleurs d’Antoine Carrion : il retranscrit à merveille l’atmosphère sombre du récit, avec notamment un jeu sur le bleu de toute beauté. Les effets de lumière sont aussi parfaitement rendus, et contribuent à donner un ton onirique à l’histoire. Certaines planches sont de véritables tableaux. La collection Métamorphose nous a habitués à des albums soignés, et celui-ci ne fait pas exception... il marie en tout cas avec brio la mythologie nordique et les univers de Miyazaki, pour un résultat visuel époustouflant. Ce premier tome très prometteur laisse augurer du meilleur pour la suite !