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Les erreurs de Joenes

Marcel Battin (Traducteur), Robert Sheckley ( Auteur)
Langue d'origine : Anglais US
Aux éditions : Collection :
Date de parution : 31/03/1977  -  livre
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Les erreurs de Joenes

Auteur phare des années cinquante et soixante, Robert Sheckley a écrit plus d’une centaine de nouvelles avant de laisser libre court à son tempérament beatnik. Il passera en effet une grande partie des années soixante-dix sous le soleil d’Ibiza, avec quelques excursions à Paris, Londres, puis en Orient avant de rentrer à New York. Personne ne sera donc surpris d’apprendre que le voyage est l’un des thèmes de prédilection de cet auteur qui allait jusqu’à dire que ses pérégrinations constituaient une grande alternative à l’écriture. Ses récits illustrent donc souvent les différents aspects de la pratique intensive du vagabondage : la fuite comme dans certains passages de La dimension des miracles, la quête d’identité pour Le mariage alchimique d’Alistair Crompton ou encore l’exploration ethnographique dans Les erreurs de Joenes, sans oublier le voyage psychédélique d’Options ou de la nouvelle « Supertrip du tube digestif au cosmos via Mantra, Tantra et super-cocktail maison ».

Une Odyssée gréco-polynésienne.

En plein océan Pacifique existe une île très isolée, un véritable Paradis dans lequel des Polynésiens naïfs vivent sans complexes de chumbi-chumbi et d’eau fraîche. Le climat particulièrement clément et les plages somptueuses y sont probablement pour quelque chose mais c’est la douceur qui préside aux relations entre les autochtones qui constitue le véritable socle de leur bonheur. C’est sur cette île nommée Manituatua qu’a grandi Joenes, orphelin d’un couple d’employés américains de la Compagnie Énergétique du Pacifique. Désireux de connaître la culture de ses parents, il décidera de s’embarquer pour la Californie. Mais aux États-Unis d’Amérique, en plein vingt-et-unième siècle, la vie est beaucoup plus compliquée que sur son archipel natal. À commencer par les difficultés imprévues qu’il rencontrera peu après son débarquement : la Loi et ses représentants…

Le jumeau littéraire de Kurt Vonnegut Jr !

D’abord conçu en deux parties dont la traduction parut dans Fiction en 1963 sous le titre de L’Amérique utopique, Les erreurs de Joenes constitue bien une leçon sur l’utopie et la meilleure façon de la faire fonctionner. Dans son introduction au récit, Robert Sheckley nous met lui-même en garde : le contenu de ce livre est hautement subversif. Comme souvent avec l’auteur, le livre prend la forme d’un collage de nouvelles, ici un recueil de contes prétendument issus de la tradition polynésienne. Le procédé est habilement exploité, et l’inclusion de contes à l’intérieur des contes qui forment le roman évoque efficacement la transmission orale. Aucune culture n’étant totalement vierge d’influences extérieures, nos conteurs polynésiens mêlent allègrement les mythes de l’antiquité grecque avec ceux de l’Amérique des années soixante, créant ainsi par leur mépris de l’historicité un flou humoristique bienvenu. Comme son héros, il faut pourtant avouer que Robert Sheckley se perd parfois dans les méandres de son récit mais qu’importe, s’égarer pour mieux se retrouver n’est-il pas le but secret de tout voyage ? Ni la science, ni la justice, ni la religion n’apportant de réponse satisfaisante au besoin d’utopie, Joenes et son ami Lum développeront finalement une philosophie de la coolitude dont nous devrions tous nous inspirer. « Mec, as-tu jamais essayé de fabriquer une bombe atomique avec du corail et des noix de coco ? » 

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