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Les étoiles s'en balancent

Laurent Whale ( Auteur), Frédéric Le Martelot (Illustrateur de couverture)
Langue d'origine : Français
Aux éditions : 
Date de parution : 05/03/2015  -  livre
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Les étoiles s'en balancent

De l’auteur et de son époque
 
Auteur franco-britannique, Laurent Whale fait partie de ces auteurs nostalgiques (malgré eux ?) d’un style de littérature populaire, feuilletonesque, que la collection Fleuve noir, en son temps, abrita tout en l’enfermant dans un ghetto littéraire. Whale a publié chez des petites maisons d’édition comme Ad Astra (Les Pilleurs d’âmes) et Rivière blanche (Le Chant des psychomorphes, Les étoiles s'en balancent) avec comme but avéré d’écrire de la fiction populaire, en hommage à des grands anciens tels qu’Alexandre Dumas ou Stefan Wul. But tout à fait louable mais difficile dans un paysage littéraire sinistré par la baisse des ventes et face à un lectorat exigeant et volatile. Avec Les étoiles s’en balancent, nous allons pouvoir mesurer et le talent et les limites de Laurent Whale.
 
Après l’effondrement…
 
Au milieu du 21e siècle, les grands États se sont effondrés et l’accès à la technologie s’est raréfié. Citoyen de la ville de Pontault, Tom Costa, éduqué par un vieux hippie nommé Armand, a appris à piloter des ULM, un atout pour récupérer de la nourriture et des matériels devenus très rares dans une France retournée à un état quasi féodal. Tom pourrait vivre une existence tranquille, entre son job de pilote et les virées pour aller retrouver sa copine San… Sauf que du nord proviennent des rumeurs d’invasions. Chaque ville tombe, avec ensuite son cortège de réfugiés que les villes plus au sud sont bien en mal d’accueillir. Tom doit bientôt former d’autres pilotes qui vont former une escadrille devant protéger les villes de Pontault et de Meaux. L’invasion se rapproche, révélant le vrai visage des assaillants. Tom va devoir faire appel à son intelligence pour survivre…
 
Habileté et talent
 
Dans le genre de la fiction post-apocalyptique, Laurent Whale s’impose par son ton picaresque et anarchiste, à la manière du  héros, Tom Costa, dont il adopte le point de vue. Le choix de la première personne et d’un style proche d’une langue « parlée » réjouit le lecteur : dans la majorité des cas, on s’identifiera à Tom Costa, si proche de nous, à ses difficultés à se mouvoir dans un monde qui pourrait être celui de notre futur. Rappelons que la peur d’un effondrement de notre société traverse la fiction contemporaine, de Jean Pierre Boudine (Le Paradoxe de Fermi, excellent) à un auteur de fiction « générale » ou « blanche » comme Jean Rolin (Les Évènements). L’ouvrage de Laurent Whale embraye, sans le savoir (?) sur cette mode et fonctionne parfaitement… Sauf que.
 
Des limites de l’entreprise
 
Le critique doit parfois jouer un mauvais rôle devant des œuvres qu’il a appréciées. Les étoiles s’en balancent doivent beaucoup à des films comme Mad Max et à des fictions des années 1980, celles de Joël Houssin par exemple : de cet auteur devenu muet (jusqu’à quand ?) on retrouve ici l’énergie et le punch, ainsi qu’un certain esprit punk et « anar » qui réjouit le critique nostalgique. Mais pour quel résultat au final ? Comprenons-nous bien : ce roman est réjouissant mais risque de ne plaire qu’à des lecteurs trentenaires ou quadragénaires (qui le plébiscitent, il s'agit ici de la troisième édition), de la génération de l’auteur et ayant biberonné au même sein que lui : le Fleuve noir anticipation. Mais les autres ? Ce roman peut-il leur parler ? Vont-ils en comprendre les codes, à un moment où le nombre de lecteurs diminue ?
 
 
Ces réflexions n’enlèvent rien au plaisir de lecture mais soulèvent un certain nombre de questions qu’il est difficile d’évacuer. Reste un roman agréable qu’on ne peut que recommander aux aficionados (dont le critique est).

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