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Les Lotophages

Valérie Mangin (Scénariste), Thierry Demarez (Dessinateur, Coloriste)
Cycle/Série : 
Langue d'origine : Français
Aux éditions : 
Date de parution : 31/08/2005  -  bd
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Les Lotophages

Après le succès du Fléau des Dieux (Soleil), composée pour le moment de cinq volumes, Valérie Mangin décide de placer cette série dans un univers plus vaste, naît alors l’idée des Chroniques de l’Antiquité galactique. Toujours avec un jeune dessinateur, Thierry Démarez, elle débute alors Le Dernier Troyen qui prend comme héros Enée. C’est son errance que les deux auteurs se proposent de narrer en s’inspirant des mythes anciens mais en utilisant le ton résolument moderne du Space Opera.

« Béni soit Lotus ! »

Après avoir terrassé la Méduse, créature de Minerve, Enée reste sur la planète des Amazones et œuvre à la reconstruction de leur civilisation. Il semble avoir totalement oublié le massacre de son peuple, sa belle Créeuse et la planète d’accueil promise par sa mère Vénus. Pourtant, il était dit que son destin s’accomplirait dans l’errance. La déesse de la guerre oblige les Troyens et les Amazones à partir à la recherche du pire ennemi d’Enée : Ulysse. Ne pouvant s’y soustraire, ils montent une expédition et se retrouvent sur une bien étrange planète.

Les habitants d’Oculus vivent en symbiose avec leur environnement. Leur dieu, Lotus, est incarné dans la végétation toute entière. Ils accueillent avec joie les Troyens, leur offrant colliers de fleurs et banquets. Cette planète ressemble fort aux jardins de l’Olympe, mais peu à peu, Enée prend conscience qu’ils sont tombés dans un effroyable piège dont il sera difficile d’échapper.

De Natura Rerum

Valérie Mangin s’inspire pour ce troisième volume du Dernier Troyen non plus de L’Enéide de Virgile mais de L’Odyssée d’Homère. Le peuple des Lotophages y est brièvement évoqué. Alors que le navire d’Ulysse est dérivé par de violents vents, il aborde sur l’île des Lotophages. Il envoie trois hommes à l’intérieur des terres, ceux-ci goûtent le lotos et perdent toute envie de retour, car quiconque mange de cette fleur d’oubli ne veut plus quitter la compagnie des Lotophages. Ulysse n’abandonne pourtant pas ses compagnons et les ramène de force, et en larmes, aux navires.

A partir de ce canevas initial, Mangin brode une nouvelle histoire en y injectant d’autres éléments, d’ailleurs assez bien trouvés. Tout le jeu sémantique et les métaphores autour des fleurs et de l’œil permettent de renouveler et d’approfondir le mythe des Lotophages, suffisamment en tout cas pour donner une consistance certaine à ce troisième volume des pérégrinations d’Enée.

Avec un art consommé de la dramaturgie, elle oblige son héros Enée à voler au secours de son pire ennemi, Ulysse. Les demandes des Dieux sont, comme dans les Anciens Temps, des commandements. Son imagination fertile permet au lecteur d’être surpris de la tournure du récit et son efficacité narrative parvient à donner corps à une intrigue faite de petits rebondissements successifs.    Avec un trait qui s’est affirmé et affiné, Démarez est au meilleur de lui-même. Il maîtrise beaucoup mieux les visages, leurs expressions comme leur beauté. Moins tâtonnant, son trait commence à se singulariser. Les décors sont toujours denses et travaillés, son expérience de décorateur de théâtre n’y est sans doute pas étrangère. Ce nouveau périple galactique de l’ancêtre des Romains est comme d’habitude porté par la passion de ses auteurs, une passion contagieuse.

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