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Les Miroirs de l’ombre

Butch Guice (Dessinateur), Philippe Thirault (Scénariste), Mike Perkins (Coloriste)
Cycle/Série : 
Langue d'origine : Français
Aux éditions : 
Date de parution : 31/05/2006  -  bd
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Les Miroirs de l’ombre

Philippe Thirault, qui signe le scenario de ce premier tome, est né en 1967. Si l’écriture de scenarii de BD et de Comics domine dans son parcours, il s’affirme aussi comme auteur de romans : en 1997, Lucy, western moderne, est publié au Serpent à plume, suivi de près par Hémoglobine Blues. Pour la BD, les principales thématiques de ce passionné d’Histoire sont les voyages dans le temps et la satire d’un aspect important de notre société moderne : le monde de l’entreprise.
Jackson « Butch » Guice est né en 1961 dans le Tennessee, aux Etats-Unis. Il travaille tout d’abord en tant qu’encreur, entre dans l’association DC Comics et collabore à des séries telles que Batman, Superman, Action Comics ou Resurrection Man. Il quitte ensuite DC Comics pour CrossGen où il co-scénarise la série Ruse. S’ensuivent diverses collaboration avant de publier en 2004 aux Humanoïdes Associés les séries Olympus et Metal.

Birmanie, XVIème siècle. San Win, jeune souverain quelque peu mégalo, décide d’ériger en son honneur une cité aux allures pharaoniques au coeur de la jungle. Mais les premiers travaux mettent à jour les ruines d’un temple très ancien, dans lequel se trouvent de mystérieux miroirs laissés absolument intacts malgré le passage du temps. Chaque miroir est accompagné d’inscriptions que San Win décide de se faire traduire par le mage Tran Sung, gardien des connaissances et de la sagesse. Celui-ci parvient à reconstituer les étapes d’un étrange rituel faisant apparaître des divinités maléfiques prisonnières des sombres miroirs. Terrorisé par la puissance de ces divinités, le vieux mage décide de tuer le souverain afin de préserver son peuple de l’exercice d’un pouvoir tyrannique et sanguinaire. Voyage dans le temps. Mandalay, 1922. Leng est le dernier descendant de la lignée de Tran Sung. Sa route va aussi croiser les ruines et leurs miroirs indestructibles, et l’Histoire se poursuivre…

Voyage dans le temps en Birmanie…

L’intérêt de cette BD repose avant tout sur le parcours dans le temps des terres birmanes et de leurs cultures : les auteurs nous entraînent à la rencontre de trois grandes périodes de l’histoire de ce pays, avec en ligne de mire la thèse selon laquelle rien ne s’éteint : les événements ne sombrent jamais dans l’oubli, ils existent à jamais et peuvent resurgir au présent, à tout moment. Ainsi les trois moments choisis par les auteurs ne se superposent pas, ils se nourrissent les uns les autres. Le premier univers présenté est celui de la cité millénaire exhumée par le tyran lors des travaux entrepris dans la jungle pour la construction de sa ville monumentale. Cette cité engloutie permet d’introduire un temps fondateur dont les clefs ne sont pas fournies au lecteur, mais dont l’importance est imposée d’emblée : on sait que l’histoire de ce lieu vit encore dans ces ruines et que celles-ci possèdent des pouvoirs ésotériques qui traversent les temps. La seconde époque représentée est la Birmanie du XVIème siècle, saisie à travers le parcours du jeune souverain : on découvre ses pratiques tyranniques. Enfin, le voyage se termine au XXème siècle sous l’occupation anglaise, période de luttes intenses entre les partisans du pouvoir colonial et les indépendantistes. Un même lieu, mais plusieurs décors en fonction de l’évolution de l’occupation des lieux, de l’architecture…seules la jungle environnante et la cité engloutie semblent échapper au passage du temps, et cet aspect est souligné par une permanence chromatique lorsque celles-ci sont représentées.

Sur fond d’intrigues politiques et amoureuses.

Ce parcours de trois temps de l’Histoire de la région de Mandalay trouve donc son déploiement véritable dans l’époque coloniale qui occupe les trois quarts de ce premier tome, et pour accrocher l’attention du lecteur, les auteurs choisissent une recette qui a fait ses preuves : le mélange entre intrigues politiques et amoureuses. En effet, Kyi-An, jeune femme issue de l’aristocratie birmane, est amoureuse de deux frères que tout semble opposer malgré leurs liens de sang. S’ils sont fils du gouverneur de Mandalay, l’un partage les convictions politiques de son père alors que l’autre épouse les revendications indépendantistes du peuple birman. Voilà la problématique politique symbolisée à travers un triangle amoureux…Ressort classique, mais pourquoi pas.

Les Miroirs de l’ombre est donc le premier tome d’une fresque ambitieuse, aux techniques narratives et au dessin plutôt classiques, mais non sans intérêt : l’alliance entre les terrains du fantastique et l’Histoire birmane est originale et donne lieu à la découverte d’une culture riche et passionnante.

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