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Les papillons du mal

Graham Masterton ( Auteur), François Truchaud (Traducteur), Eric Scala (Illustrateur de couverture)
Langue d'origine : Anglais US
Aux éditions : 
Date de parution : 30/11/2003  -  livre
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Les papillons du mal

Graham Masterton est un auteur écossais, ce qui a son importance quand on sait que son roman se situe aux Etats-Unis. Prolifique, il s'impose aujourd'hui comme un bon auteur de thrillers fantastiques et a été longtemps l'un des piliers des Pocket Terreurs. On lui doit notamment Magie des Neiges ou Les Gardiens de la Porte. Les Papillons du Mal, originellement publié aux Presses de la Cité est maintenant disponible en poche.

Crime et superstition

Bonnie Winter est obligée d'assumer seule la rente de son ménage depuis que son mari Duke a perdu son emploi. Elle exerce deux métiers, l'un plutôt conventionnel - elle est représentante en produits de beauté -, l'autre beaucoup plus original puisqu'elle s'est spécialisée dans le nettoyage des lieux de crimes et autres suicides. Aucune tache de sang sur n'importe quel matériau ne résiste à ses produits miracles.

Elle découvre sur plusieurs lieux de crimes atroces, perpétrés à chaque fois par des membres de la famille et sans raisons apparentes, des petites chenilles ou chrysalides. Intriguée, elle finit par en emporter un échantillon chez un entomologiste. Ce dernier lui apprend qu'il est très étrange de trouver cette espèce de papillons aux États-Unis puisqu'ils n'ont été répertoriés que dans une partie reculée du Mexique. En outre, dans la mythologie aztèque, ces papillons sont un mauvais présage. En effet, la déesse sanguinaire Itzpapalotl se déguise sous cette apparence pendant la journée afin de répandre son empire lugubre parmi les vivants. Parallèlement à cette découverte, il semble que son foyer parte à vau l'eau. En effet, petit à petit les liens qui soudaient sa cellule familiale se distendent.

Un fantastique diffus

Les Papillons du Mal n'est pas à proprement parler un roman terrifiant. Masterton prend soin de distiller petit à petit les éléments qui feront de son livre un récit fantastique. Il ne sort pas la grosse armada mais travaille par petites touches l'ambiance équivoque de son roman. Le lecteur suit tous les évènements à travers les yeux de son héroïne Bonnie, dont la vie de trentenaire est affreusement banale : mari fainéant, garçon en pleine crise d'adolescence, courses à faire, repas à préparer, vente de produits de maquillage bon marché...

Mais voilà, elle exerce un second métier franchement hors norme : le nettoyage de scène de crime. Ce n'est pas le déroulement des tueries qui intéresse le narrateur mais leur résultat. Les moribonds ne se soucient pas de faire des dégâts en partant pour l'autre monde, pourtant il va bien falloir tenter de ravoir le beau canapé en cuir beige maculé de sang. Bonnie Winter s'en charge pour vous. Masterton en fait un personnage fort au caractère déterminé bien qu'il lui ménage des moments de relâche et de doutes. Le narrateur met un point d'honneur à nous faire partager sa vie et c'est pour cette raison que l'on suit toute l'intrigue au travers d'elle.

Les Papillons du Mal est un court roman (221 pages) qui se lit sans déplaisir. Il appartient au genre du vrai roman de gare (au sens non péjoratif), ces livres qu'on lit dans le métro en allant au boulot. Il réunit les qualités importantes pour ce genre très particulier. Une écriture simple mais efficace qui permet une lecture fluide. Des chapitres courts qui se télescopent favorisent le suspens. Masterton alterne des scènes de tranches de vie glauques et affreusement banales de son héroïne avec des scènes qui tiennent plus du roman policier. En effet, c'est à une véritable enquête que se livre Bonnie. Les Papillons du Mal est un bon roman teinté d'irrationnel qui montre l'envers du miroir et les désillusions d'une Amérique violente et décadente.

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