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Les Perséides

Robert Charles Wilson ( Auteur), Manchu (Illustrateur de couverture), Gilles Goullet (Traducteur)
Langue d'origine : Anglais US
Aux éditions : 
Date de parution : 31/08/2014  -  livre
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Les Perséides

Robert Charles Wilson s’est d’abord fait remarquer en France avec Mysterium, qui avait remporté le Philip K. Dick Award en 1995 et n’a depuis lors cessé d’enrichir la littérature avec des romans de plus en plus intéressants, comme en témoigne le succès de Spin, Les Chronolites ou encore Darwinia. Réputé pour la finesse de la psychologie de ses personnages et l’humanité de ses récits, on le compare souvent à Clifford Simak, mais cette analogie flatteuse est loin d’être son unique atout. Des idées souvent astucieuses, voire audacieuses, et un formidable sens du récit en font un auteur passionnant. Les Perséides est un recueil de nouvelles étranges, entre science-fiction et fantastique urbain, que l’on peut même recommander aux lecteurs que ces genres rebutent…

« L’imagination est aussi un endroit où les choses vivent »


En dépit, ou peut-être en raison, du lien qui les unit, les nouvelles des Perséides abordent une grande variété de thèmes. La folie, la vie après la mort, l’existence de civilisations extraterrestres ou les psychotropes sont les plus attendus, mais on y trouve également quelques concepts étranges comme la gnososphère, le calcul des improbabilités, une théorie surprenante sur les neurotransmetteurs… C’est de la science-fiction, sans aucun doute, mais l’ambiance souvent fantastique de ces récits brouille quelque peu les frontières en nous laissant à penser que l’auteur est autant l’héritier de Richard Matheson que de Philip K. Dick. RCW connaît visiblement ses classiques et les a suffisamment bien assimilés pour s’en démarquer sans les renier. Les spéculations scientifiques qu’il propose font bien plus douter de la réalité qu’elles ne l’expliquent et cette logique sans failles conduit paradoxalement le lecteur à pénétrer sur les terres de l’imaginaire. « L’imagination est aussi un endroit où les choses vivent », fait-il dire à son narrateur dans la nouvelle qui donne son titre au livre. Voici une bien belle justification de l’existence de la littérature…

La librairie Finders : un extraordinaire attracteur d’étrange.

Les textes qui composent Les Perséides possèdent un pouvoir de fascination proche de celui des plus belles supercheries ésotérico-historiques mais notre auteur reconnait volontiers n’être qu’un charlatan, ou plutôt un conteur. Il l’avoue à travers « Le miroir de Platon », une nouvelle dans laquelle il met en scène la rencontre entre un auteur de livres aussi mystiques que fumeux et une de ses jeunes admiratrices. Robert C. Wilson revient ici sur les mystères et traditions gnostiques, qu’il avait notamment abordés avec l’un de ses premiers romans, Mysterium, qui se déroule dans un univers dans lequel le gnosticisme a remplacé le christianisme. Il faut reconnaître que ces doctrines constituent un très vaste réservoir de littérature potentielle dont on retrouve des traces jusque chez l'omniprésent Philip K. Dick ! Nourrie par ce fond occulte, la science est loin d'être absente du recueil. On constate pourtant que lorsqu'elle tente d'expliquer certains phénomènes bizarres, ses théories finissent par devenir improbables, comme dans « Divisé par l’infini ». Ancrées dans la ville de Toronto, où réside l’auteur, Les Perséides constitue une passionnante collection de récits de science fantasy urbaine, centrée sur des protagonistes aux prises avec l’invisible. C’est cette alchimie entre l’exploration urbaine basée sur un ésotérisme rationnel et l’humanité de ses personnages qui laisse à penser que RCW, même s’il ne prétend pas révéler les secrets de l’univers, approche ceux de l’Homme en ébauchant des questions relatives au temps et aux courants qui nous font naviguer entre le bien et le mal, la paix et la souffrance. Les Perséides constitue une plongée très enrichissante dans un monde qui est autant le nôtre qu’il est autre. Une vague réserve, cependant, sur la dernière nouvelle, « Bébé perle ». Le surréalisme qui s’y manifeste abruptement est d’une étrangeté tellement radicale qu’elle en change presque la tonalité de tout le recueil. À moins qu’elle n’invite le lecteur à le reprendre au début en modifiant son point de vue ?  

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