Auteur, traducteur, critique, Laurent Whale possède plusieurs cordes à son arc. Aujourd'hui, ce franco-britannique né en 1960 signe le premier roman paraissant aux éditions Ad Astra, après avoir déjà vu paraître plusieurs de ses nouvelles ici ou là et deux romans, un aux éditions Eons (Les Pierres du rêve) et un autre chez Rivière Blanche (Le Chant des psychomorphes).
Piraterie et complot interstellaire
1666. Karban est un agent du service Contre-Imix de la Confédération. Il est en mission sur T012, alias la Terre, comme l'appellent les habitants de cette planète. Sous la couverture d'un pirate d'origine bretonne nommé Yann Le Goff, il doit empêcher des recruteurs des Cartels d'extraire un individu apte à diriger leurs forces militaires.
Un livre qui hésite entre roman de pirates et space opera
Les pirates sont des figures qui ont toujours fasciné les écrivains de littérature d'aventure, qu'ils soient des auteurs de récits maritimes traditionnels (Stevenson est un exemple évident) ou des auteurs de genre (Beauverger, Pelot, et cætera.). C'est aujourd'hui Laurent Whale qui s'en empare afin de retracer la mission dangereuse de Karban sur une Terre du XVIIe siècle et au milieu des terribles pirates des Caraïbes. Tous les ingrédients du récit d'aventure à la fois maritime et spatial sont présents dans Les Pilleurs d'âmes : scènes de poursuites entre navires (flottants, submersibles et volants), abordages, duels au sabre, combats aux paralyseurs... Le personnage principal – et également narrateur – va devoir déjouer les plans d'odieux trafiquants de génies militaires et de meneurs d'hommes, à leur insu, sur fond de complot interstellaire dans une confédération de planètes sur le point de sombrer dans la dictature. Il y a de quoi s'amuser ou tout du moins ne pas s'ennuyer.
Oui, mais c'est sans compter sur les faiblesses du livre, tant dans la présentation des personnages et de l'univers, que dans leur mise en scène.
La construction du récit, elle, distille comme il faut le suspense d'une aventure qui se veut haletante. Mais le lecteur parcourt les deux cents pages de ce court roman sans jamais se trouver convaincu par Laurent Whale. Le personnage principal, Karban, agent d'un service chargé de missions périlleuses, entraîné par psyducteur (appareil permettant d'acquérir en un éclair des compétences aussi diverses que variées), se révèle assez peu apte à résoudre les problèmes qu'il rencontre ; ses erreurs et manques de jugement sont à plusieurs reprises à l'origine des rebondissements de l'histoire, ou permettent à son faire-valoir Bras-de-Fer de prendre une consistance réelle et aux deux personnages de s'attacher.
Le récit, livré par Karban, se veut vif et incisif. La narration à la première personne en est le vecteur, ainsi que les phrases courtes, les nombreux retours à la ligne et les réflexions définitives du personnage en fin de chapitres. Toutefois, comme tout le récit est présenté avec ce style, c'est aux moments clefs où cette écriture rapide et acérée devrait être la plus efficace qu'elle perd toute puissance. Les scènes de combat apparaissent ainsi comme des épisodes ordinaires. Pire, elles sont parfois d'un ennui définitif, Laurent Whale ne réussissant pas à y plonger le lecteur, tantôt parce qu'il s'attache trop à fournir des détails (la lutte entre Karban et les deux pirates sur la plage au chapitre 2), tantôt parce que son personnage se met à livrer de trop nombreuses réflexions sur la situation (l'abordage des navires espagnols au chapitre 6) ou parce que l'angle de présentation de l'action est mal choisi (la scène de combat entre le sub et le vaisseau de Dar O'Lin dans le chapitre 17).
Il ressort que Les Pilleurs d'âmes est un roman médiocre ; impression qui est confirmée par la difficulté que rencontre le lecteur à se laisser convaincre par les motivations des méchants, qui forment pourtant l'ossature de l'histoire et qui déterminent l'axe de présentation de l'univers. Car enlever des autochtones de planètes arriérées pour en faire des officiers de flottes spatiales capables de vaincre les forces militaires d'une confédération de planètes n'est pas idée convaincante, même en tenant compte qu'un apprentissage par psyducteur et d'une transformation de personnalité par inducteur.
Mais Les Pilleurs d'âmes est avant tout un récit de piraterie ! peut-on rétorquer. Certes, mais si l'univers des flibustiers caraïbes passé en revue est crédible – notamment parce que Laurent Whale s'est visiblement documenté sur la question –, l'auteur semble n'en avoir retenu que les clichés. On comprend, grâce au lexique fourni en fin d'ouvrage, que l'auteur a voulu au contraire rendre authentique son récit et l'imprégner de vérité historique, puisque ses pirates sont des personnages qui ont ou ont pu exister (l'Olonnais, Vauclin, Bras-de-Fer...), mais Les Pilleurs d'âmes ne leur rend qu'un piètre hommage...
Tout à fait dispensable, le dernier roman de Laurent Whale est de ces lectures à coté desquelles ont peut passer sans avoir à le regretter.
Piraterie et complot interstellaire
1666. Karban est un agent du service Contre-Imix de la Confédération. Il est en mission sur T012, alias la Terre, comme l'appellent les habitants de cette planète. Sous la couverture d'un pirate d'origine bretonne nommé Yann Le Goff, il doit empêcher des recruteurs des Cartels d'extraire un individu apte à diriger leurs forces militaires.
Un livre qui hésite entre roman de pirates et space opera
Les pirates sont des figures qui ont toujours fasciné les écrivains de littérature d'aventure, qu'ils soient des auteurs de récits maritimes traditionnels (Stevenson est un exemple évident) ou des auteurs de genre (Beauverger, Pelot, et cætera.). C'est aujourd'hui Laurent Whale qui s'en empare afin de retracer la mission dangereuse de Karban sur une Terre du XVIIe siècle et au milieu des terribles pirates des Caraïbes. Tous les ingrédients du récit d'aventure à la fois maritime et spatial sont présents dans Les Pilleurs d'âmes : scènes de poursuites entre navires (flottants, submersibles et volants), abordages, duels au sabre, combats aux paralyseurs... Le personnage principal – et également narrateur – va devoir déjouer les plans d'odieux trafiquants de génies militaires et de meneurs d'hommes, à leur insu, sur fond de complot interstellaire dans une confédération de planètes sur le point de sombrer dans la dictature. Il y a de quoi s'amuser ou tout du moins ne pas s'ennuyer.
Oui, mais c'est sans compter sur les faiblesses du livre, tant dans la présentation des personnages et de l'univers, que dans leur mise en scène.
La construction du récit, elle, distille comme il faut le suspense d'une aventure qui se veut haletante. Mais le lecteur parcourt les deux cents pages de ce court roman sans jamais se trouver convaincu par Laurent Whale. Le personnage principal, Karban, agent d'un service chargé de missions périlleuses, entraîné par psyducteur (appareil permettant d'acquérir en un éclair des compétences aussi diverses que variées), se révèle assez peu apte à résoudre les problèmes qu'il rencontre ; ses erreurs et manques de jugement sont à plusieurs reprises à l'origine des rebondissements de l'histoire, ou permettent à son faire-valoir Bras-de-Fer de prendre une consistance réelle et aux deux personnages de s'attacher.
Le récit, livré par Karban, se veut vif et incisif. La narration à la première personne en est le vecteur, ainsi que les phrases courtes, les nombreux retours à la ligne et les réflexions définitives du personnage en fin de chapitres. Toutefois, comme tout le récit est présenté avec ce style, c'est aux moments clefs où cette écriture rapide et acérée devrait être la plus efficace qu'elle perd toute puissance. Les scènes de combat apparaissent ainsi comme des épisodes ordinaires. Pire, elles sont parfois d'un ennui définitif, Laurent Whale ne réussissant pas à y plonger le lecteur, tantôt parce qu'il s'attache trop à fournir des détails (la lutte entre Karban et les deux pirates sur la plage au chapitre 2), tantôt parce que son personnage se met à livrer de trop nombreuses réflexions sur la situation (l'abordage des navires espagnols au chapitre 6) ou parce que l'angle de présentation de l'action est mal choisi (la scène de combat entre le sub et le vaisseau de Dar O'Lin dans le chapitre 17).
Il ressort que Les Pilleurs d'âmes est un roman médiocre ; impression qui est confirmée par la difficulté que rencontre le lecteur à se laisser convaincre par les motivations des méchants, qui forment pourtant l'ossature de l'histoire et qui déterminent l'axe de présentation de l'univers. Car enlever des autochtones de planètes arriérées pour en faire des officiers de flottes spatiales capables de vaincre les forces militaires d'une confédération de planètes n'est pas idée convaincante, même en tenant compte qu'un apprentissage par psyducteur et d'une transformation de personnalité par inducteur.
Mais Les Pilleurs d'âmes est avant tout un récit de piraterie ! peut-on rétorquer. Certes, mais si l'univers des flibustiers caraïbes passé en revue est crédible – notamment parce que Laurent Whale s'est visiblement documenté sur la question –, l'auteur semble n'en avoir retenu que les clichés. On comprend, grâce au lexique fourni en fin d'ouvrage, que l'auteur a voulu au contraire rendre authentique son récit et l'imprégner de vérité historique, puisque ses pirates sont des personnages qui ont ou ont pu exister (l'Olonnais, Vauclin, Bras-de-Fer...), mais Les Pilleurs d'âmes ne leur rend qu'un piètre hommage...
Tout à fait dispensable, le dernier roman de Laurent Whale est de ces lectures à coté desquelles ont peut passer sans avoir à le regretter.