Amélie Sarn est une incontournable du catalogue de Milan Jeunesse. Elle est l'auteur de nombreuses premières lectures et la traductrice des ouvrages de Malorie Blackman, Entre chiens et loups et Boys don't cry. Cette fois-ci, elle s'attaque au récit horrifique avec une invasion zombie dans sa ville natale, Bordeaux.
Dans les règles du genre
Une fois n'est pas coutume, nous avons le récit d'une invasion zombie qui se déroule en province, à Bordeaux ! Et pour ceux qui connaissent un peu la ville, on se plaît à imaginer l'artère principale, la rue Sainte Catherine, désertée, plongée dans la pénombre pour cause de couvre-feu ! Hormis cette petite fantaisie, le récit respecte presque à la lettre tous les codes du genre. Dès le début, tout se met en place, comme dans tout film de zombies qui se respecte : il y a les savants fous à l'origine de la catastrophe, une épidémie qui démarre dans un lieu public et des personnages clés, comme ici, Roger, armurier de son état. Mais la véritable héroïne, c'est Margot, une jeune lycéenne, qui va devoir mettre de côté le fait que son petit-copain l'a trompée avec sa meilleure amie, et survivre à leurs côtés.
Côté action, le lecteur est servi. Il découvre de nombreuses attaques de zombies dans une prison, une bibliothèque, et bien sûr dans les rues de Bordeaux. Sans être outrancièrement gore, le récit nous dépeint des morts-vivants comme on en croise souvent dans les films et les jeux-vidéos : des humains encore vêtus de leurs uniformes ou vêtements de tous les jours, au corps mutilé, mordu, décomposé, et qui sont avides de chair humaine. Et comme dans tout récit de zombie qui se respecte, nos héros vont devoir combattre, trouver de la nourriture et essayer de rejoindre d'autres rescapés...
Survie VS broutilles
Lorsque des personnes doivent faire front pour survivre, des désaccords éclatent forcément. Mais dans Les proies, c'est encore plus compliqué qu'ailleurs ! En effet, Margot en veut à Pauline, qui a couché avec son ex petit-copain Lucas. L'ambiance est donc tendue entre les deux anciennes meilleures amies mais, Lucas, n'arrange pas les choses de son côté. Tout ce qu'il trouve de mieux à faire, c'est se pavaner devant la pimbêche, Ava, qui vient de rejoindre le groupe ! On se retrouve alors en plein mélodrame pour adolescents, alors qu'au dehors, le monde est infesté de zombies. Malheureusement, ce décalage comique au départ devient agaçant, à cause des réactions des personnages. Alors que les vivres manquent et que tous ont perdu des proches, les filles se bagarrent pour un garçon, et ce dernier demande carrément à Ava de sortir avec lui...
L'auteur a bien compris que ce genre de situation est propice à révéler l'humain dans ce qu'il a de plus bas... Mais l'importance donnée à ces problèmes d'ados est peut-être un peu excessive, et déplacée dans une histoire où la survie devrait être la seule chose qui compte.
De plus, Les proies est à réserver à des lecteurs qui ne sont pas familiers des histoires de morts-vivants, ce qui est assez difficile à trouver aujourd'hui vu le nombre de films et de jeux vidéos qui les mettent en scène... Malheureusement, le fan de zombies risque de s'ennuyer tant le roman se déroule d'une manière attendue pour ce genre de récit... On appréciera cependant le personnage d'Enzo, petit garçon rêveur et fan du Petit Prince, et l'astuce des personnages pour ne pas se faire repérer des zombies... que je vous laisse découvrir!