Après Arca paru en 2016, Romain Benassaya était de retour en 2018 avec un nouveau roman : Pyramides aux éditions Critic.
Depuis, Arca est ressorti en poche en 2018 et Pyramides en 2019 aux éditions Pocket.
Actusf : Pouvez-vous présenter en quelques mots ? Comment en êtes-vous venu à l'écriture ?
Romain Benassaya : J'ai commencé à écrire enfant, principalement des histoires courtes et des tentatives de scénarios de bande dessinée (la plupart inachevées), et depuis je n'ai jamais cessé. Je me suis forgé une culture dans le domaine des littératures de l'imaginaire quand j'étais adolescent, et j'en suis naturellement venu à l’écriture de romans et de nouvelles, principalement dans le genre de la science-fiction. En 2012, j’ai envoyé une nouvelle, Les Amants liquides, à la revue canadienne Solaris, ça a été ma première publication. Je vis en Thaïlande, où je travaille comme professeur de français depuis maintenant sept ans. J'y partage mon temps entre l'enseignement et l'écriture.
Actusf : Pyramides est votre second roman, de quoi cela parle-t-il ?
Romain Benassaya : Pyramides raconte l'histoire des passagers du Stern III, un vaisseau équipé pour terraformer une exo-planète et en amorcer la colonisation. Après une longue phase d'animation suspendue, ils se réveillent non pas à destination, mais prisonniers d'un artefact sidéral aux dimensions inconcevables. Ils s’organisent pour assurer leur survie et comprendre où ils se trouvent et ce qui leur est arrivé, mais très vite, des dissensions apparaissent parmi eux quant à la meilleure manière d'utiliser leurs ressources, et fragilisent leur communauté. Ils finissent également par réaliser qu'ils ne sont pas seuls dans cet étrange artefact spatial, ni même à bord de leur épave. De nombreux thèmes sont abordés dans le roman. J’y explore notamment la façon dont un groupe humain isolé réagit à une situation totalement incompréhensible, et comment une telle situation impacte leur vie et leurs relations.
"La science-fiction en général, et le space-opéra en particulier, offrent une très grande liberté et un potentiel narratif et créatif immense."
Actusf : Comme Arca, Pyramides se situe dans un univers de space-opéra. Pourquoi ce choix ?
Romain Benassaya : D'abord, j’affectionne particulièrement le space-opéra depuis mon enfance. J'ai grandi avec la bande dessinée Valerian, puis plus tard, avec des romans comme Dune, de Frank Herbert, et Hypérion de Dan Simmons, qui m’ont durablement marqué. La science-fiction en général, et le space-opéra en particulier, offrent une très grande liberté et un potentiel narratif et créatif immense. On peut y créer des univers démesurés et des intrigues qui se déroulent sur des milliers d’années, on peut y défier les lois de la physique, et faire interagir les personnages avec des formes de vie différentes ou des technologies inconnues. Il y a un peu de tout cela dans Pyramides comme dans Arca. Le space-opéra, enfin, permet des récits à grand spectacle, visuel, qui tiennent le lecteur en haleine, mais également de véhiculer des idées, une réflexion sur la nature humaine, son évolution au grès des technologies et des environnements différents. C’est le genre qui m’attire le plus en tant que lecteur, et c’est logiquement celui dans lequel je me sens le mieux en tant qu’auteur.
"[...] les humains ont le potentiel pour le pire, mais aussi pour le meilleur. Ils créent des impasses, et trouvent ensuite le moyen de les dépasser."
Actusf : Est-ce une vision pessimiste de notre futur ?
Romain Benassaya : Oui et non. Dans Pyramides, la Terre est saccagée, et les humains semblent prêts à tout pour précipiter leur extinction. Les ambitions individuelles et l'incapacité à se comprendre, à bord de l’épave du Stern III, demeurent un obstacle à la création et l’épanouissement d’une communauté juste et durable. Pourtant, parmi les passagers, certains s'échinent à trouver des solutions pour survivre malgré l’absence de ressources. Et au final, même dans les situations les plus désespérées, un moyen de survivre et de coexister finit par se dévoiler. De ce point de vue, la vision du futur véhiculée par le roman est plutôt optimiste : les humains ont le potentiel pour le pire, mais aussi pour le meilleur. Ils créent des impasses, et trouvent ensuite le moyen de les dépasser.
Actusf : Lorsque vous écrivez, vous avez toujours un plan ou laissez-vous votre plume vous guider ? Comment construisez-vous votre intrigue ?
Romain Benassaya : Normalement, j'ai toujours un plan en tête, ce qui me permet d'avoir un cadre dans lequel je peux laisser libre cours à mon écriture. Naturellement, au fil de l'écriture, l’intrigue se complique, les personnages murissent et se révèlent, et donc le plan évolue et se modifie. La phase d'écriture me permet d'identifier et surmonter les faiblesses du plan, et de mieux comprendre le récit que je suis en train de raconter. Il y a un va-et-vient permanent entre développement du plan, écriture et réécriture.
"Les œuvres qui m'ont le plus influencé sont sans doute Dune, de Frank Herbert, que j'ai lu adolescent, et Hypérion, de Dan Simmons, que j'ai lu un peu plus tard."
Actusf : Avez-vous des inspirations en particulier d’autres récits ou auteurs ? Un livre qui ne vous quitte jamais ?
Romain Benassaya : Les œuvres qui m'ont le plus influencé sont sans doute Dune, de Frank Herbert, que j'ai lu adolescent, et Hypérion, de Dan Simmons, que j'ai lu un peu plus tard. C'est avec ces textes que j'ai commencé à écrire de la science-fiction. J'en ai retenu le goût pour les univers démesurés. Parmi les autres auteurs qui m'ont inspiré, je dois mentionner Jack Vance, pour l'œuvre duquel j'ai une admiration profonde, et Vernor Vinge (Un feu sur l’Abîme). Mais je lis de tout : de la science-fiction bien sûr, mais aussi des sagas historiques, des romans d’épouvante, des œuvres classiques, etc. Et tout cela contribue à façonner mon imaginaire.
Actusf : Quels sont vos projets actuels et futurs ?
Romain Benassaya : J'ai toujours au moins un projet en cours. Je travaille actuellement sur l'adaptation en bande dessinée d'Arca (partenariat entre les Humanoïdes Associés et les Editions Critic). J’ai également un nouveau projet de space-opéra, dans un genre un peu différent d'Arca et Pyramides. Mais c'est encore au stade initial.
