- le  
Les Quatre vérités - Les Enigmes de l'aube T2 - Les secrets d'écriture de Thomas C. Durand
Commenter

Les Quatre vérités - Les Enigmes de l'aube T2 - Les secrets d'écriture de Thomas C. Durand

A l'occasion de la sortie du second volet des Énigmes de l'aube, Thomas C. Durand revient sur l'écriture des Quatres vérités, qui doit paraître le 10 septembre aux éditions Actusf.

Actusf : Retour dans votre univers avec une nouvelle année d'apprentissage pour Anyelle. Elle entre à Ithtir, prestigieux endroit ! Est-ce que vous pourriez nous en parler ? Comment voyez-vous ce lieu immense et plein de mystère ?

Thomas C. Durand : Ithtir est compliqué à décrire, c’est un immense institut avec des dizaines de bâtiments, des tours, des ponts, des serres, des laboratoires, qui est situé dans de hautes montagnes en plein milieu du Labyrinthe des Failles qui défigure le continent. Il se trouve éclaté en ilots, projeté sur des falaises, suspendu au-dessus du vide. On se demande bien pourquoi on voudrait s’entêter à vivre ici et à y envoyer des élèves. Eh bien c’est parce que les courants magiques y sont très puissants et qu’on a réussi à faire pousser là-bas le grand Arbre-Feu, unique en son genre, et très important pour que la magie circule. Évidemment dans un lieu qui abrite une telle activité depuis 3300 ans, on ne compte plus les mystères, les passages secrets, les armes oubliées, et les vieux maléfices qui collent aux chaussures. C’est très intimidant. Mais comme tout ça est peuplé de magiciens obsédés par leurs chapeaux et leur réputation plutôt que par la conquête du pouvoir ultime, cela reste largement vivable.

Actusf : Anyelle choisit une spécialisation particulière, la "Magie Harmonique". Qu'est-ce que c'est ?

Thomas C. Durand : La magie harmonique, ou harmancie, est une magie ringarde à l’époque du roman. Elle utilise la musique pour produire des effets magiques. On ne lui consacre plus guère de budget, on la regarde de haut, comme une relique sympa, mais essentiellement inutile. Les harmaciens sont pourtant hébergés dans l’un des plus grands bâtiments de l’Institut et d’aucuns racontent que c’est avec cette magie là qu’Uramphe a construit Ithtir. On dit même que les Cités Anciennes, qui peuplaient le ciel il y a des millénaires, devaient leur suprématie à cet ars aujourd’hui affadi (mais il faudra d’autre romans pour le vérifier).

Anyelle ne sait pas trop quoi penser de tout ça, elle s’en moque un peu, elle a surtout eu un coup de cœur pour la musique et ce que cela lui faisait ressentir. C’est la première discipline qui ne lui rabâche pas qu’elle est la plus mauvaise élève de la classe. Elle n‘est pas loin d’avoir une vocation, et ça change pas mal de chose sur le sens qu’elle peut donner à sa présence dans un tel lieu.

Actusf : Elle explore, ne respecte pas trop les couvres feux et les interdits en général, se frotte à quelques mystères bien mystérieux... C'est très agréable et vivant à lire ! On a l'impression que vous avez pris un grand plaisir à l'écrire, non ?

Thomas C. Durand : Raconter l’histoire d’Anyelle, c’est pour moi un très bon moyen d‘explorer un monde imaginaire, de croiser des personnages hauts en couleur, de s’installer dans un décor (j’ai bien sûr imaginé la carte du monde où tout ça se passe, et mon ami Luca en a réalisé une version améliorée dont une partie figure dans ce tome 2). Il n’y a rien de plus efficace, je trouve, que le regard d’un jeune personnage pour révéler des détails sur un monde étrange. Et puis je me suis fait avoir : le regard qu’Anyelle pose sur les choses l’a rendue en quelque sorte réelle, et son histoire à elle est devenue vraiment importante pour moi. D’ailleurs par moment elle me ressemble un peu trop, j’ai peur d’avoir une mauvaise influence, ce qui est terrible parce qu’à son âge j’étais beaucoup plus respectueux des règles !

Actusf : Vous évoquez le sexisme dans les études (puisqu'il n'y a pas de filles dans l'école), un peu comme dans le premier tome. C'est un thème qui vous tenait à cœur ?

Thomas C. Durand : Comme je l’ai dit : un très jeune personnage était important pour découvrir ce monde. Quelqu’un d’insignifiant au milieu d’un univers où l’histoire des royaumes, des châteaux, des livres, des créatures s’étale sur des milliers et des milliers d’années. L’anti-thèse de tout ce décorum de fantasy, c’était une petite fille un peu bourrue qui n’a aucune envie de tout savoir sur cet univers, parce que c’est beaucoup plus important de construire une cabane ou de faire la course avec un écureuil. Confrontée une petite fille à quarante mille ans de tradition magique me semblait un bon angle d’attaque. Je n’ai pas eu besoin de déployer des trésors d’imagination pour rendre ce monde sexiste, et cette école en particulier ; ce thème s’impose de lui-même.

Actusf : Ce qui est aussi très chouette, c'est que dans la bande de copains qui entoure Anyelle, il y a une forme de bienveillance. Anyelle est une jeune fille qui va vers les autres... C'est comme ça que vous la voyez ?

Thomas C. Durand : Disons qu’elle n’a pas beaucoup de filtre. Elle va facilement vers les autres, oui, mais c’est aussi vrai quand ce qu’elle a à leur dire n’a rien d‘agréable. C’est un peu banal, mais c’est une enfant qui ne supporte pas les injustices. On la traite mal, elle encaisse, elle s’obstine, mais si l’injustice touche quelqu’un à côté d’elle, elle oublie un peu de se demander si c’est une bonne chose de foncer dans le tas. Dans la vraie vie, les gens qui font des actes héroïques disent souvent que c’est comme ça que ça se passe : on ne réfléchit pas à deux fois, on agit.

Actusf : Elle s'approche de l'adolescence... Comment va-t-elle évoluer dans les prochains tomes ?

Thomas C. Durand : Son caractère est déjà assez affirmé, elle ne devrait pas beaucoup changer. Mais les événements des futurs romans vont la mettre à l’épreuve. L’humour est central dans cette histoire, mais il va aussi se passer des choses tragiques, et j’ignore encore dans quelle mesure je vais me retrouver à décrire un personnage très affecté, transformé par ce qui va arriver ou si au contraire sa résilience surpassera tout.

Propos recueillis par Jérôme Vincent

à lire aussi

Partager cet article

Qu'en pensez-vous ?