Le maître d'œuvre du projet YIU, car c'est bien d'un projet dont on parle, est Tehy. Dessinateur et scénariste de talent, c'est à lui que l'on doit La Teigne et la somptueuse trilogie Fées et tendres automates sortie chez Vents d'Ouest. Il a travaillé aussi pour Casterman sur le scénario de Loustic. Sa série la plus importante reste quand même YIU où, en plus d'écrire le scénario, il supervise le story-board, les dialogues et les éléments graphiques.
J. M. Vee, quant à lui, s'occupe surtout de la crédibilité de l'univers développé par Tehy. Expert en informatique, spécialisé en robotique et en histoire des religions, il apporte ce petit plus qui fait de YIU une BD incontournable. YIU - Premières missions permet à Vax de se lancer dans le dessin. C'est d'abord un sculpteur. C'est à lui que l'on doit de nombreuses statuettes de comics et dernièrement celle de YIU.
Un contrat, une urne, trois cœurs
Yiu repart de nouveau au combat. Elle doit ramener, pour l'ascète Mamorii Oshii, une urne funéraire, relique millénaire qui rendra son honneur à un vieil homme. Cette mission suicide est bien sûr commanditée par le haut clergé et permettra à Yiu de faire ses armes et de commencer à se faire un nom.
Le petit problème c'est que cette urne est détenue par des combattants fous Tao-Zens, experts dans l'art de la guerre. Il lui faudra donc d'abord rentrer dans cette place forte et surtout survivre plus de deux minutes. Ce qui n'a jamais été fait. Pour cela elle reçoit trois cœurs de femmes qui se sont sacrifiées pour sa cause. Elle n'a donc pas le droit d'échouer.
Une BD de qualité pour un univers glauque et malsain
Nous voici à nouveau replongés dans l'enfer cauchemardesque de l'univers de Yiu. Avec toujours autant d'action qui ne laissent aucun répit, Tehy nous entraîne une fois de plus dans les profondeurs abyssales de son cerveau. Délaissant un peu la structure de son univers, il ne se concentre que sur Yiu et sa mission et une fois encore, on en ressort essoufflé. Comme dans les précédents tomes, il utilise la même technique pour nous tenir en haleine : de l'adrénaline pur jus en intraveineuse. Ca marche et à la fin on en redemande. Mais malgré tout, on peut se demander où tout cela va nous mener ? Tehy ne s'occupe que des missions suicides sans développer son héroïne. On sait très bien pourquoi elle fait ça mais à force on finira peut être par s'en lasser.
Les dessins de Vax sont eux vraiment impressionnants. Il arrive à la perfection à mettre en image et en mouvement cet univers glauque, pourri et torturé. La sensation de vitesse et de violence est très bien ressentie par le lecteur et le souci du détail dans certaines planches montre le talent inné de Vax. Le tout donne à cette BD, ainsi qu'à toutes celles de la saga YIU, une aura sombre, ténébreuse et pourtant si belle qu'elle ne laisse pas indifférent. Soit on aime, soit on n'aime pas. Il n'y a pas d'entre deux.
La chronique de 16h16