A l'occasion de la sortie des Sentinelles de Pangéa, Joslan F. Keller revient sur l'écriture de ce roman paru aux éditions Scrineo.
Actusf : Les Sentinelles de Pangéa, votre nouveau roman est paru le 15 octobre dernier aux éditions Scrineo. Comment est né ce récit ?
Joslan F. Keller : Le projet est né d’une discussion avec mon éditeur à la suite de mon livre précédent. Je souhaitais revenir vers la fiction et j’avais d’ailleurs, au stade du synopsis, un autre projet de roman. Mais celui-ci était un thriller ésotérique et Scrineo recherchait plutôt un roman de science-fiction. Je suis donc parti sur un roman d’aventures dans un univers d’anticipation.
Actusf : De quoi celui-ci parle-t-il ?
Joslan F. Keller : L’intrigue se déroule sur l’île-monde de Pangéa, où la vie s’écoule, paisible et bucolique. Tout va pour le mieux dans cet univers pacifié sauf que dans une zone excentrée du nord, sévit une étrange maladie qui tue la population et les animaux. L’épicentre du phénomène serait autour d’un sanctuaire, la grotte sacrée de Snerochka.
Pour découvrir l’origine du fléau, le Conseil des Sept Sages de Pangéa va missionner des explorateurs à la tête desquels il place Lowana, une jeune biologiste à la notoriété croissante et Renjo un garde forestier compétent mais plutôt taiseux. Ce tandem va devoir non seulement affronter de multiples dangers mais aussi tenter de s’apprivoiser.
En toile de fond, on trouve les Sentinelles, d’étranges tiges de métal, là depuis toujours et dont on ignore tout. Détiennent-elles le secret ultime ?
Actusf : Lowana et Renjo, vos deux héros, forment un duo plutôt mal assorti au départ. Comment les avez-vous créés ? Sont-ils chacun la face d'une même pièce ?
Joslan F. Keller : C’est l’un des plaisirs de l’écriture de voir comment deux êtres que tout ou presque oppose au départ peuvent parvenir à s’accorder. Lowana et Renjo sont effectivement très différents. Lowana, une jolie brune aux yeux verts, est une jeune femme atypique sur Pangéa, elle mène sa vie comme elle l’entend, elle prend des initiatives alors que la population vit plutôt dans une forme de résignation acceptée entretenue par le pouvoir en place. Elle est dynamique et entreprenante et veut toujours en savoir plus. Renjo, un garde forestier costaud, aux yeux gris « du métal dont on fait les couteaux » est taciturne et économe de ses gestes. Mais il sait ce qu’il a à faire. Il dissimule en lui un secret personnel qui explique aussi bien des choses… Plus que la face d’une même pièce, je dirais que ce sont deux êtres complémentaires, mais ils l’ignorent encore.
Actusf : Magie, technologie et… Épidémie. Alors que nous sommes confinés pour la seconde fois, comment envisagez-vous votre roman au regard de l’actualité ? Est-ce que cela a changé quelque chose ?
Joslan F. Keller : J’ai commencé l’écriture du roman courant 2019 bien avant le déclenchement de la crise sanitaire du Covid-19 donc c’est une coïncidence. Je ne pense pas qu’il faille trouver dans le roman une résonance avec ce que nous vivons en 2020. S’il y a un lien avec nous, il réside ailleurs comme le découvriront les lecteurs à la toute fin du roman, qui, sans la dévoiler, donne un nouvel éclairage à l’ensemble de l’histoire. De toute manière, les Pangéens n’ont qu’une connaissance limitée de la science et de la médecine. Pour eux, il s’agit d’une maladie, voire d’une malédiction, et la source de ce fléau n’est pas forcément un virus…
Pangéa est une île-monde dans lequel magie et science (balbutiante) cohabitent sans que cela ne dérange personne. Les Pangéens sont habitués dans leur rapport à la nature ou à la mort à certains pouvoirs ou certaines situations que nous qualifierions de paranormales.
Actusf : Après trois essais autour du surnaturel et de l’insolite (Dossiers inexpliqués T1 et 2 et Affaires Etranges) et deux romans de la série Via Temporis, vous vous attaquez au genre de l’anticipation avec Les Sentinelles de Pangéa. Pourquoi ? Est-ce plus facile pour aborder certains sujets ?
Joslan F. Keller : Depuis une dizaine d’années, je louvoie entre la fiction et les récits authentiques, et cela ne me dérange pas de passer de l’un à l’autre. J’avais écrit les deux romans jeunesse de la série Via Temporis qui prenaient place dans un univers fantastico-historique. Ensuite je me suis tourné vers le domaine du paranormal en concrétisant un vieux projet de compiler et de publier des histoires authentiques jamais expliquées (ovnis, fantômes, lieux maudits, disparitions mystérieuses, etc.). Cela a bien fonctionné puisque j’ai donné une cinquantaine de conférence en France, Suisse et Belgique, j’ai une émission mensuelle sur la chaîne web BTLV.fr et je passe régulièrement dans l’émission « Enquêtes Paranormales » sur C8.
Mais après plusieurs années d’histoires vraies racontées en mode historien de l’étrange, j’avais envie de reprendre une casquette de romancier. Bien entendu, toutes ces histoires authentiques puisées ici et là ont nourri mon imaginaire fictionnel.
Actusf : Avez-vous des inspirations, des influences en particulier ? Littéraires, séries, cinématographiques ?
Joslan F. Keller : J’ai énormément de sources d’inspiration (livres, films, séries) mais pour ce qui concerne seulement Les Sentinelles de Pangéa, ce serait un hommage déguisé à des séries de livres d’aventures comme Bob Morane d’Henri Vernes mais aussi aux romans de Serge Brussolo, l’un de nos meilleurs écrivains populaires qui excelle dans la description d’univers extrêmes où les éléments (eau, feu, vent, glace…) prennent une place centrale. Côté séries et cinéma, peut-être quelques réminiscences de « Lost » et du film « Lost City of Z » de James Gray, avec Robert Pattinson et Sienna Miller
Par ailleurs, les lecteurs avisés verront des similitudes avec l’île de Madagascar et la toponymie de la planète Vénus.
Actusf : Sur quoi travaillez-vous actuellement ? Pensez-vous revenir dans cet univers ?
Joslan F. Keller : Depuis l’été 2020, je travaille sur un nouveau livre qui devrait sortir en mars 2021 normalement. Ce sera l’un des premiers ouvrages de la nouvelle collection lancée par BTLV.fr et donc il sera forcément tourné vers le mystère et l’inexpliqué. Il réunira toutes les chroniques que j’ai faites durant les deux périodes de confinement, ainsi que des récits inédits, avec pour titre de travail « Les Chroniques de l’improbable ».
Ensuite, j’ai un projet en cours d’entretiens avec une jeune médium et je reviendrai sans doute vers le roman, peut-être pour une suite des Sentinelles de Pangéa si Scrineo me le demande.
Actusf : Si vous aviez un conseil à donner à ceux qui souhaitent écrire, ce serait lequel ?
Joslan F. Keller : Persévérez car l’écriture est une tâche harassante et de longue haleine, ne bridez pas votre imagination et ne vous censurez pas. Notre société tend de plus en plus à imposer ce que l’on peut écrire ou pas, et il faut lutter pour garder un espace de liberté d’expression.
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