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Les Trois reliques d’Orvil Fisher

Langue d'origine : Français
Aux éditions : 
Date de parution : 28/02/2007  -  livre
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Les Trois reliques d’Orvil Fisher

Cela fait maintenant six romans et une belle poignée de nouvelles que Thierry Di Rollo écrit de la science fiction. Une science fiction qui nous entraîne dans un futur plutôt sombre, là où règnent le désespoir et la folie.

La quête d’une vie

Dans les ruines de la ville de Lucité, un sniper abat tous les habitants d’un immeuble un à un. Parmi eux les grands-parents du jeune Orvil. Lui-même a le bras arraché, n’évitant la mort que grâce à un médecin qui avec ses relations lui offre une prothèse nanotechnologique. Mais sans famille ni ami, il ne reste plus que la vengeance à Orvil. Il va devenir tueur professionnel, espérant parmi les dizaines de victimes qu’il sème sur sa route trouver le responsable du massacre de son immeuble.

« Hésiter entre la vie et la mort, c’est avoir le luxe de sa propre lâcheté. »

Ce n'est une surprise pour personne, le futur esquissé par Thierry Di Rollo dans ce roman est une nouvelle fois des plus sombres. Les villes sont en ruines, les personnages désespérés (inutile de chercher, aucun ne fait preuve de joie), la vie ne vaut pas grand chose et les massacres s’accumulent... Le personnage lui-même poursuit une quête qui, faute d’indice, le conduit à tuer des dizaines d’innocents, comme un symbole de l’absurdité humaine. D’ailleurs, un de ses personnages le dit : « Oter la vie à quelqu’un, c’est toujours fuir ». Et sans doute le chemin d’Orvil est une fuite, sa quête une excuse pour ne pas en finir avec lui-même et une existence sans joie et sans espoir.

Dans ce marasme qui l’est sans doute un peu moins que La Profondeur des tombes et La Lumière des morts (l’ambiance est moins glauque et l’on est moins dans la « folie » des personnages. Une folie qui donnait froid dans le dos dans ces deux romans. C’est moins le cas ici), Thierry Di Rollo nous offre quelques belles images comme le héros chevauchant une girafe avec laquelle il parle par télépathie (véritable don ou symptôme de sa folie ?) ou les entrailles du métro de Lucité abandonnées depuis longtemps elles aussi. Il n’est jamais plus fort que dans ces passages ou dans certaines scènes assez courtes comme l’abandon d’Orvil justement dans le métro. Son style, sa précision, sa finesse sont remarquables.

On regrettera juste que l’histoire ne soit pas un peu plus développée. En 180 pages, on a le sentiment que l’intrigue manque un peu de profondeur, qu’on ne reste souvent qu'à l’évocation des événements et des éléments qui composent son futur. Surtout on a l’impression qu’il va moins loin dans le glauque et dans la folie que dans La Profondeur des tombes et La Lumière des morts. Par ricochet, son récit est un peu moins saisissant et la folie d’Orvil presque acceptable. La faute à Orvil qui donne de la distance à l’horreur. Il tue des innocents mais de loin avec son fusil à lunettes, refusant de s’approcher de trop près de la mort. Ses sentiments restent également très contrôlés. Dans son désespoir, il prend également de la distance avec lui-même et avec ses axes. Rarement la peine, le chagrin ou l’amour n’arrivent à percer la carapace dont il s’est entouré. D’ailleurs l’une des scènes les plus fortes est celle où la tristesse affleure.

Doit-on alors lire Les Trois reliques d’Orvil Fisher ? Oui. On le sent, certaines images feront date, le roman dans son ensemble sans doute un peu moins. On se souviendra longtemps d’Orvil avec son fusil patrouillant devant un convoi sur sa girafe comme on se souviendra de la mort du dernier caribou. Et si l’on en sort moins retourné que dans les précédents romans, c’est peut-être aussi l’occasion de rentrer dans l’univers à part de Thierry Di Rollo. Le choc est moins rude. A vous de voir si vous avez envie de vous confronter à la beauté du désespoir.

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