Il y a deux ans maintenant, Bifrost décidait de s'arrêter une fois par an sur un auteur en lui consacrant plus de place dans ses pages le temps d'un numéro. Après deux très bons opus sur Dick et Simak, la formule évolue. Désormais ce dossier annuel sera rassemblé dans des Hors Séries, et non plus au sein même de la revue. Petit changement qui a son importance. En ce mois de juillet sortent donc le numéro 27 de la revue et le premier hors série consacré entièrement à Moorcock, un des maîtres de la fantasy.
Un peu de fantasy...
Le sommaire de ce hors série se divise en trois parties : Les nouvelles, les analyses, et les chroniques de tous ses bouquins. On passera rapidement sur cette dernière partie pour s'intéresser plus particulièrement aux nouvelles. Celles-ci, toutes inédites, ont l'immense mérite de nous monter plusieurs facettes de l'auteur. Car Moorcock n'est pas seulement l'écrivain génial d'Elric ou de Jerry Cornelius. Il sait jouer de plusieurs registres, de la fantasy classique à la science fiction en passant par le fantastique. Le premier récit est une grosse novella rappelant ses grands cycles. Un jeune guerrier solitaire se retrouve mêlé à une conspiration pour se débarrasser d'Alexandre le grand. Tout un programme avec beaucoup d'action et un héros un peu moins torturé qu'Elric ou Hawkmoon.
...et de SF...
La suite relève du décor apocalyptique. Dans La bête d'Amour, l'humanité s'est condamnée à force de jouer avec ses armes nucléaires. Mais une étrange entité affirme qu'elle peut aimer tous les hommes. Cela suffira-t-il à les sauver ? Un texte doux-amer tout comme Mars, la nouvelle suivante. Un jeune garçon rentre en contact avec des créatures bizarres dont le vaisseau s'est posé en catastrophe sur la planète rouge. Que veulent-ils ? A lui de le découvrir. La dernière histoire de ce hors série est sans doute la meilleure. Après une aventure incroyable qui lui a fait perdre sa femme et ses enfants, un homme revient sur les lieux du drame année après année, tentant de revivre cette nuit un peu folle.
... pour un résultat mitigé
Si la qualité des textes ne peut être remise en cause, on regrettera simplement de ne pas retrouver le souffle et le charme de certains romans ou nouvelles de Moorcock. Ces récits sont sympathiques mais sans plus. Dommage sans être pour autant catastrophique. Au risque de se répéter, ces 4 nouvelles sont tout à fait honorable et vous feront passer un bon moment. La déception est un peu plus grande concernant la partie analyse. Elle se compose d'un article d'introduction de l'œuvre de Moorcock, d'un texte de l'auteur sur la période New Worlds et de l'adaptation de ses œuvres en bande dessinée. C'est un peu maigre. On reste sur notre faim tant il y avait à dire sur cet auteur. Pas vraiment de biographie ou d'interview, d'article de présentation du Multivers ou d'étude des grands thèmes de Moorcock. La partie analyse s'adresse surtout à des amateurs déjà éclairés. Les néophytes se reporteront eux sur les chroniques de ses livres, histoire d'en savoir un peu plus.
Pour conclure, notre sentiment sur ce dossier est plutôt mitigé. Dans l'ensemble, ce hors série est sympathique mais sans plus. Il aurait pu sans doute être plus excitant. Néanmoins ne boudons pas notre plaisir. Il s'agit là d'un numéro spécial à acquérir obligatoirement pour tous les fans du papa d'Elric.
La chronique de 16h16 !