L'édition Zenda, filiale de Glénat, n'a jamais fait dans la dentelle, et ce n'est pas peu de le dire. Les ouvrages qu'elle propose sont tous plus " bourrins " les uns que les autres, et cet album ne déroge pas à la règle, loin de là.
Le scénariste, Tacito, a ses quartiers chez cet éditeur et l'on devine aisément pourquoi. Il a dessiné la série désopilante 666 (tome 6 : Ite, Missa est, Zenda, 2002), avec Froideval au scénario, dans laquelle Lucifer profite d'une superposition de mondes parallèles pour envoyer sa fille Lilith et ses escadrons de monstres et autres diables plus horribles les uns que les autres, envahir la Terre. Mais heureusement le prêtre Carmody organisent la résistance des Humains, boucherie garantie. Puis, il officie seul sur la série Dead Hunter (tome 3 : Les Rejetons du Grand Ver, Zenda, 2000) sorte de western où le héros est un mort-vivant qui aime par-dessus tout étripé son prochain. Il ne revêt que le rôle de scénariste pour la série Magika.
Fabrice Angleraud a mis du temps avant de se faire connaître. Il a d'abord travaillé dans le dessin animé et noirci des dizaines de planches avant de parvenir à se faire publier. Zenda lui donne sa chance et il s'associe à Froideval sur la série Atlantis (tome 4 : Mars, Zenda, 2000) où l'on suit les aventures d'un groupe d'hommes qui découvre aux fond des eaux la fameuse Atlantide. Mais les magnifiques jeunes femmes qu'ils réveillent par inadvertance se révèlent cruelles et ne rêvent que d'asservir la race humaine comme au bon vieux temps, seuls les Esprits des Ancêtres peuvent maintenant aider les Hommes. Magika est sa deuxième série et l'on observe un léger changement de style, un dessin plus travaillé.
Le coloriste Nicolas Guénet est avant tout dessinateur. Pour ses premières BDs (Dédal tome 1et 2 et Le Voleur de Paradis, Soleil), il travaille avec un scénariste de talent, Corbeyran. Puis, il collabore à la superbe série Yiu (tome 3 : Assassaints, Soleil, 2002) qui plonge le lecteur dans un univers post-apocalyptique, au milieu d'une nouvelle Jérusalem tentaculaire réunissant toutes les religions et où les fanatiques sont légions.
3 récits parallèles
Dans ce deuxième opus, les trois récits qui s'étaient mis en place parallèlement vont enfin se croiser. Vlad Tepes " ressuscité " parvient à trouver New Jésus, gourou d'une secte millénariste qui adore le Mal, et par-là même à retrouver sa famille morte 600 ans plus tôt. Pendant ce temps Justine Gallagher, qui est devenue une des sœurs de la Magika, s'est faite kidnapper par la mafia russe et subit une opération durant laquelle Dama Zorlowski lui subtilise son pouvoir à des fins plus que douteuses.
beuar !
Autant le dire tout de suite, il n'est absolument pas question de finesse dans cette bande dessinée. C'est violent et trash, comme le premier tome. Grâce à la technique du flash back, on en apprend un peu plus sur Vlad Tepes, autre nom de Dracula. Sans surprise, sa vie n'a été que massacres et carnages (Tepes signifie l'empaleur). Mais il y a aussi un petit cœur qui bat sous ses muscles d'acier et l'élue est Erzsebet qui, soupçonnée de sorcellerie par la Sainte Inquisition, s'est suicidée avec ses enfants. Erzsébet Bathory, rappelons le, est le double féminin de Dracula ou même de Gilles de Rais. Si ce dernier aimait beaucoup les petits garçons surtout dépecés, Erzsébet, quant à elle, préférait vider de leur sang des jeunes femmes vierges pour en remplir sa baignoire et s'y plonger avec délices, persuadée que grâce à cela elle conserverait une éternelle jeunesse. On l'aura compris, cette BD se veut délibérément violente, mais elle est à prendre au énième degré. Justine Gallagher fait figure de Rambo féminin, avec des épaules aussi carrées que celles d'un homme. A noter que pour elle être flic n'a rien d'incompatible avec le fait de poser pour des photos de charme afin d'arrondir les fins de mois. Le personnage de l'inspecteur, Sam, est volontiers caricatural avec ses cigarettes et son vieil imper usé jusqu'à la corde. Mentions spéciales pour le Lieutenant Miles et sa section " Nique tout " et pour New Jésus. Les dessins servent parfaitement l'intrigue et Angleraud s'en donne à cœur joie dans le gore. Mais l'ambiance est surtout bien rendue grâce à la mise en couleurs de Guéret qui a une excellente maîtrise de sa palette (la planche 11 est particulièrement bien rendue). Donc si vous êtes fan de ce genre de BD, ne vous privez pas de celle-ci.
La chronique de 16h16