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Lestat le vampire

Anne Rice ( Auteur)
Langue d'origine : Anglais UK
Aux éditions : 
Date de parution : 30/11/2008  -  livre
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Lestat le vampire

Ainsi s'ouvre le second opus des chroniques des vampires. Pour rappel, le précédent roman était le très noir Entretien avec un vampire et le suivant le non moins glauque La reine des damnés, tous les deux adaptés au cinéma avec un succès relatif mais consacrant néanmoins Anne Rice comme la maîtresse du genre vampirique. Son dernier roman de vampires, Cantique sanglant, est sorti en 2003.

Lestat de Lioncourt, devenu vampire à l'aube de la Révolution Française à Paris, mène une existence morose en compagnie de son confident (et amant) Nicki. Après avoir été confronté à une horde de ses semblables vénérant Satan et prônant le règne de la terreur, il cherche à en savoir plus sur l'origine de son espèce. Sa quête le mène de France à la Nouvelle-Orléans (où se déroulent les évènements d'Entretien avec un vampire), de son existence d'aristocrate décadent à celle de star du rock...

Vampires & Co.

Lestat est bien sûr un roman sublime à tous points de vue. Avec Dracula, le roman d'Anne Rice est un pilier de la littérature vampirique, et même du genre horrifique en général : de cette Nouvelle-Orléans lugubre aux personnages déchirés par la non-mort (Nicolas se jette dans un brasier pour échapper à son atroce destin), l'univers des chroniques des vampires a posé un jalon au genre. En fait, il conviendrait même de dire qu'à l'exception peut-être de Somtow Sucharitkul avec sa trilogie Timmy Valentine (par ailleurs hommage à Lestat à plusieurs points de vue), aucun récit n'a réellement transcendé le classique d'Anne Rice. Son analyse brillante de l'archétype du vampire n'a jamais trouvé d'équivalent en vingt ans depuis la publication de ce roman : alors que d'aucuns se sont compromis à une relecture du vampire sur un mode ado-mélodramatique (Stephanie Meyer) voire trash-post-féministe (Lauren K. Hamilton), nul n'a approché la dimension émotionnelle du vampire comme l'a fait Anne Rice.

Mythe moderne

L'archétype ricien du vampire est résolument moderne. Son rapport au sang (encore accentué dans Lestat par l'ascendance avec les deux vampires originels, « ceux qu'il faut garder ») ne cesse de hanter nos peurs contemporaines (notamment le SIDA) et de trouver son écho dans une représentation morbide plus terrifiante que la mort elle-même : la « non-mort ». C'est ce dernier thème qu'Anne Rice se plaît à presser jusqu'à la dernière goutte, à travers les questionnements (nombreux) de ses (nombreux) personnages et c'est aussi l'intérêt majeur du roman puisque le poids de la fatalité guide chaque ligne du récit... On pourrait parler d'un « horrifique de répétition », en réalité, non seulement parce que Lestat est le pivot de tous les romans des Chroniques et parce que chaque pan de sa vie est amplement re-développé d'un roman au suivant (à l'exception des derniers, qui paradoxalement ont suscité l'exaspération des fans, même si répétons-le encore : Anne Rice est une forme de masochisme parfaitement bénigne, voire recommandée), mais également parce que les Chroniques sont un diorama de personnages tellement accablés par leur condition qu'ils feraient passer Les souffrances du jeune Werther de Goethe pour un livre illustré de Martine. Et que seule miss Rice sait rendre ça délicieux, ni trop sucré, ni trop fade...

Une réédition dont il serait criminel de se priver, sauf si vous avez l'éternité devant vous, mais là je ne m'avance pas... Une chose est sûre, Lestat est bel et bien parti pour l'immortalité - littéraire, du moins.

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