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L'homme, cette maladie...

Claude Yelnick (), Gam (Illustrateur de couverture)
Langue d'origine : Français
Aux éditions : Collection :
Date de parution : 06/09/2019  -  livre
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L'homme, cette maladie...

Avec un seul roman, Claude Yelnick aura laissé peu de souvenirs dans la mémoire des amateurs de science-fiction, mais ceux qui ont croisé L’homme, cette maladie… s’en souviennent probablement encore. Romancier, mais également journaliste et traducteur de plusieurs dizaines de romans et documentaires, ancien directeur de l'information de France-Soir, Claude Yelnick imagina aussi quelques-unes des aventures de Mickey à travers les siècles. C’est en 1954, dans l’éphémère collection série 2000 des éditions Metal, dont les couvertures dorées précédèrent d’une bonne dizaine d’années celles d’Ailleurs et demain, que parut L’homme, cette maladie… Accueillant exclusivement des auteurs français, l'aventure ne devait durer que deux ans, à peine le temps de publier une dizaine de romans. Dommage...

La fin du monde au bout du monde…

Au bout du monde, en Bretagne, deux gardiens de phare débarquent sur un rocher battu par les vagues pour prendre leur poste. L’un d’entre eux est un homme des environs, simple et crédule, tandis que l’on sent peser sur le second, surnommé Capitaine, la chape d’un passé tragique. Pour quelques semaines, ils devront vivre ensemble dans l’atmosphère confinée de cette tour dressée en pleine mer et assurer la sécurité des navires qui croisent dans ce dangereux secteur. Ils découvriront que la nature n’est pas leur seule adversaire car rapidement, d’étranges évènements se produisent : l’air porte des vibrations qu’aucune loi naturelle connue ne justifie et l’océan lui-même se met à défier les contraintes de la physique…

La SF d’avant la mondialisation.

Voilà un roman qui démontre que jusque dans les années cinquante, l’influence anglo-saxonne sur la science-fiction française restait très limitée. Il est même possible de déceler ici l’influence de La force mystérieuse de Rosny aîné, puisque la théorie vibratoire qui fonde les évènements des deux récits est comparable. Revendiquons donc pour le livre de Claude Yelnick une place de choix au sein du genre que Maurice Renard proposa de nommer merveilleux scientifique. Les lieux de l’action, les personnages, les tentatives d'explications scientistes des évènements hors-normes, tout concourt à donner une couleur bien française à un texte dans lequel on s’attendrait plus à voir surgir le capitaine Nemo que les vieux marins du port d’Innsmouth. Le narrateur et principal protagoniste est magnifiquement campé, et semblerait parfois presque cynique si l’on ne devinait chez lui les stigmates psychologiques d’un drame personnel ancien, et une certaine tendresse pour son humble compagnon d’infortune que, par pudeur, il affecte de mépriser.

L’argument scientifique, quant à lui, s’il porte le sceau de l’époque de la rédaction du roman, reste assez bizarre pour intriguer le lecteur contemporain. De plus, il engendre une réflexion sur les désordres que l’activité humaine et les progrès technologiques imposent non seulement au monde visible et tangible, mais également sur celui qui reste dissimulé à nos perceptions et abrite, parallèlement aux lourdes créatures que nous sommes, d’autres formes de vie, impalpables mais néanmoins sensibles.

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