« J’ai aimé Alphée dès le premier instant. Comme si je l’avais attendu toute ma vie. Comme si je l’attendais déjà avant même de vivre. Mais de ce premier instant à celui, des années plus tard, où Alphée est devenu Aphelion, qu’y a-t-il eu ? Je ne sais presque rien.
Je voudrais parler de lui malgré tout. Parler de lui, voilà. De sa pâleur, de ses cheveux noirs. De sa voix qu’on entend si peu. De la nuit qui règne sur lui.
Dire son histoire comme je la connais, sans qu’elle ait jamais été dite ou confirmée par lui.
Que chaque mot soit comme prêt à disparaître. Comme une apparition vaine et fragile du désir.
Je ne pourrai pas faire le livre. Seulement l’idée passagère que je me fais du livre. »

Un voyage d’apprentissage onirique…

Ce roman est le préquelle tant attendu d’Apostasie, le premier roman de Vincent Tassy. Cependant, il est à noter qu’il peut être lu indépendamment, et permet d’approcher le style particulier de l’auteur. La quatrième de couverture donne le ton : avec Loin de lui le soleil, nous lirons une ode à la langue française.

Car c’est avant tout ce qui ressort de la plume de Vincent Tassy : du lyrisme et de l’onirisme. Les jolies phrases s’enchaînent, les émotions se bousculent, et les sentiments éclatent. Pourtant, l’auteur parvient à ne pas tomber dans la spirale de la poésie. Le roman reste un roman noir vampirique et gothique qui nous décrit une histoire prenante.

La mélancolie et l’espoir sont omniprésents, avec pour voix-off un amour puissant se dégageant de chaque phrase. Cette forme d’écriture est à double tranchant : le lecteur adhère ou il fuit. Mais s’il s’accroche, alors ce sera pour ne pas lâcher le livre avant le point final.

Une relation complexe et sincère.

La force de l’histoire naît de la relation entre Alphée et sa chère Kolyma. Figure féminine brisée et authentique perpétuellement à la recherche de son amour perdu, elle mène une grande partie du récit en s’appuyant sur celui qui deviendra Aphelion.

Il est complexe dans un premier temps de dénouer les arcs relationnels entre les personnages, mais laissons au récit le soin de dévoiler peu à peu les enjeux de chacun. Les laisser se dévoiler, c’est les laisser nous toucher. Les laissez nous toucher, c’est sombrer dans ce récit en rouge passion et noir abandon.

Pour tout public ?

Petit bémol, ce récit ne plait pas à tous. Les fans de l’auteur sont ravis, et les lecteurs avides de beaux mots sont agréablement surpris. Mais Vincent Tassy, on aime ou pas. Tout est question de se laisser toucher ou non par sa plume.