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Lover Masqué, Le Démon du Skroubeul

Paul Frichet (Scénariste, Dessinateur, Coloriste)
Langue d'origine : Français
Aux éditions : 
Date de parution : 30/09/2005  -  bd
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Lover Masqué, Le Démon du Skroubeul

Paul Frichet a d’abord fait ses études de dessin à l’école Emile Cohl. Il part se faire la main en Floride, à Disneyland plus exactement où il caricature le chaland. Il publie une première aventure de son héros le Lover Masqué en 2004 dans un hors série de Bodoï.

« Bases de la boxe poétique : cette technique de combat est une application directe de la puissance des mots. Son effet est double : …

La tranquillité d’un petit village de montagne est troublée par la disparition de trois jeunes filles. L’une d’entre elle a été retrouvée. Mais dans quel état ? ! Victime d’un crime verbal, elle subit un dérèglement du langage qui la pousse à s’exprimer dans une syntaxe futuriste, croisant les mots et économisant les verbes. Une nouvelle enquête pour le Lover Masqué, Super héros, ceinture noire en joute verbale et poète à ses heures. A lui de découvrir la raison de cet envoûtement, et le premier indice de ce puzzle est une pièce de Skroubeul.

… D’un côté, elle affaiblit votre ennemi en l’amadouant par la délicatesse de la syntaxe… De l’autre, jouant de ma tendance à m’écouter avec complaisance, elle me galvanise et décuple la puissance de mes coups… »

Attention Mesdames et Messieurs, un nouvel héros vient de faire son apparition dans vos librairies. Exit Spiderman, Daredevil ou Hulk, le nouveau sauveur de monde se nomme le Lover Masqué ! Attifé à nul autre pareil, masque à la Zorro bien entendu et costume de chanteur de polyphonie corse (chemise ouverte et foulard rouge noué à la ceinture comme il se doit) notre Super Héros porte la barbiche haute et le bedon rebondi. Beaucoup moins couillon et largement plus habillé que Supermurgeman (Dargaud), qui louche lui aussi du côté de la parodie, Lover Masqué est un pourfendeur de méchants qu’il combat grâce au pouvoir des mots.

Paul Frichet s’amuse et entend bien entraîner le lecteur dans sa parodie abracadabrante, mais finalement non dénuée de sens, de comic book. Notre franchouillard héros fait honneur à son pays en maniant avec bonheur la langue de Molière et accessoirement en combattant des méchants. Oui, la trame n’a absolument rien d’original : une intrigue de fond tout à fait cliché et des rebondissements à l’emporte-pièce. Cela donne donc un super héros quasiment invulnérable, des vrais méchants qui veulent diriger le monde et des situations inextricables.

Et tout le talent de Frichet est de garder une narration solide et fluide, soutenue par un rythme sans faille, pour cadrer son univers complètement barré. Ce que l’on n’a pas encore dit, c’est que l’aventure est déjantée et surtout décalée. Super Lover va devoir enquêter dans le monde ô combien dangereux des amateurs de Skroubeul (toute ressemblance avec un jeu déjà existant est purement intentionnelle bien sûr), il devra même payer de sa personne et participer à leur championnat du monde pour affronter les meilleurs d’entre eux (toute ressemblance avec des intellos de la rive gauche, tel Beigbeider, est une nouvelle fois purement intentionnelle), jusqu’à rencontrer le grand manitou du Skroubeul.

Ce bref résumé vous semble délirant ? C’est normal. Truffé de références et de clins d’œil, Le Démon du Skroubeul est bâtit de surcroît sur l’autodérision. Une bande dessinée littéraire qui joue avec les mots et dont l’enjeu est purement narratif mais tout cela sans vouloir le paraître outre mesure. Cela donne enfin un album drôle et intelligent dont les scènes de « boxe poétique » sont les points culminants.

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