On a découvert Mary Robinette Kowal l’année dernière avec Vers les étoiles, uchronie assez rafraichissante qui nous ramenait à l’époque bénie de la conquête spatiale. Suite à la chute d’un météore, l’humanité est confrontée au risque d’un changement climatique si radical qu’elle est contrainte d’investir au maximum l’espace. On a donc fait connaissance avec Elma York, jeune calculatrice très séduisante qui devient astronaute au grand dam de son rival/patron Stetson Parker. La Lune conquise, voici maintenant venir le tour de Mars… mais ça ne va pas être de tout repos !
Une entreprise ardue
Elma voit chaque jour la conquête de Mars se rapprocher : une sonde vient d’ailleurs de s’y poser. Elle est cependant prise en otage avec les autres passagers d’une navette spatiale par des terroristes appartenant au mouvement Earth First. Leur but est simple : réaffecter les ressources dévolues à l’exploration spatiale à la survie de la Terre. La prise d’otage prend fin, pas le débat : l’opinion se divise, au moment où le mouvement des droits civiques accroit son audience malgré les résistances dans le Sud. Elma choisit, malgré ses réticences initiales et la perspective d’être éloignée de son mari, de faire partie de l’expédition : l’agence a besoin de la popularité de Lady Astronaute. Le voyage vers Mars, commandé par Stetson Parker, va se révéler plus compliqué que prévu…
Une réussite sympathique
On retrouve dans Vers Mars les ingrédients qui avaient fait le succès du premier tome : solide documentation, personnages bien campés (Elma au premier chef), de l’humour aussi. Et puis c’est une uchronie en phase avec notre temps : l’héroïne (qui évoque les personnages du film Les figures de l’ombre) est une femme qui joue au fond le rôle de Neil Armstrong alors que l’époque décrite est encore pleine de préjugés racistes et sexistes. Comme Mary Robinette Kowal a le sens de la narration et aussi du style, l’ensemble est efficace et plaisant.
Sylvain Bonnet
