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Mathieu Rivero, entre scripts et romans !
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Mathieu Rivero, entre scripts et romans !

Actusf : Auteur chez les Moutons Électriques, vous avez rejoint l'équipe de Fauns, il y a peu. Quel est votre rôle au sein de l'équipe ?
Mathieu Rivero : Hum, on va dire que je suis tout-terrain du texte. Je m'occupe pas mal de la partie fictions de la revue Carbone mais également des projets que nous développons en interne. Carbone, ce n'est pas que la revue et le site, mais c'est aussi des essais, comics, romans... et des choses hors du commun, comme A Giant Mistake. Nous créons des univers assez vastes que nous pouvons ensuite exploiter et décliner sous forme de différents média. Il faut coordonner la création dans ces univers, et c'est aussi mon rôle ! Mais, comme pas mal de monde dans l'équipe de Carbone, j'ai une casquette de créatif. On a des scénaristes BD, romanciers, producteurs et scénaristes ciné, spécialistes de la question du transmédia. Tout le monde met la main à la pâte, à un moment où à un autre.



Actusf : Il y a quelques mois, nous assistions au lancement de la revue Carbone. Depuis, vous n'avez pas chômé, puisque vous avez participé au projet A Giant Mistake.
Qu'est ce donc ? Pouvez-vous nous en parler ?

Mathieu Rivero : A Giant Mistake est une expérience en réalité virtuelle. Pour simplifier, disons qu'il s'agit d'un court-métrage dans lequel le spectateur a le contrôle de la caméra. C'est une partie d'une expérience plus large : pour l'instant, nous montrons les trois minutes de démo, dans lesquelles nous expérimentons sur la scénographie, la technique, le narratif, et où nous les implémentons. À en parler de but en blanc, je me rends compte que ce sont des détails horriblement techniques, mais ô combien nécessaires pour nous ! On a besoin de savoir sur quelle quantité on travaille. En fait, la durée de la démo a été définie par la musique du compositeur, Mathieu Alvado. Notre équipe de tueurs au studio (Dominique Peyronnet, Josselin Authelet Gabriel Bonnefond et Gaël Chaize, avec un peu de David Faugier à la modélisation du géant) a assuré pour produire l'expérience en un temps record.

Actusf : De quoi cela parle-t-il ?
Mathieu Rivero : D'un géant. Ou plutôt, d'une petite fille trahie, emprisonnée dans un corps de géant. Mais qui l'a trahie ? Et de quelle manière ? C'est ce mystère que le spectateur doit s'efforcer de débrouiller, alors même qu'il est sur l'épaule du géant, qui, lui, arpente le monde. Les thèmes profonds (la trahison, la fraternité, la transidentité) étaient là dès le début. Cette idée de Raphaël Penasa (le réal et co-scénariste) était nourrie d'inspirations assez anglaises : de Turner et de ses lumières humides pour le visuel, avec peut-être un soupçon de Friedrich, et quant au texte, plutôt de la poésie.

"Au final, les mots que tu mets sont aussi importants que les mots que tu ne mets pas."

Actusf : Celui-ci a été diffusé lors du festival international d'animation d'Annecy. Est-ce qu'écrire pour un projet audio visuel demande le même travail qu'un roman ? Il y a des difficultés particulières ?
Mathieu Rivero : Le roman est beaucoup plus solipsiste : on vit son univers seul, ou, dans les cas un peu particulier de co-écriture comme Tout au milieu du monde, à quelques-uns. En tout cas on est dans son coin jusqu'à la fin de la création. Alors que pour un medium comme le film ou le jeu, l'image, le texte, le son, le gameplay sont tous réunis pour faire vivre une histoire et pas seulement la raconter. Le texte n'est qu'un outil de liant parmi d'autres. On publiera d'ailleurs des journaux de développement sur le projet Giant Mistake sur notre site (www.fauns.tv) dès que la V2 sera en ligne.
Et puis il y a les contraintes techniques : on savait dès le départ qu'on n'aurait que deux personnages dans ce début d'expérience, et que seul le géant parlerait, l'autre étant le joueur-spectateur. On avait un temps assez précis (la musique). Et un storyboard visuel fait par notre directeur artistique, Daniel Balage, sur les indications du réalisateur et co-scénariste, Raphaël Penasa. Le fait est que dans ce genre de projet, on commence l'écriture avec beaucoup de contraintes. Et puis, il y a la voix ! On voulait quelque chose d'un peu poétique, et Raphaël a proposé un poème comme référence : A Poison Tree, de William Blake. Cela a aussi orienté l'écriture. Au final, les mots que tu mets sont aussi importants que les mots que tu ne mets pas. J'ai fait des enregistrements rapides pour qu'on puisse les intégrer à l'expérience, pour voir ce que ça donnait. Ça a permis d'ajuster telle ou telle séquence, et de donner le ton pour notre comédien, le fabuleux Richard Darbois. (La voix d'Indiana Jones, Buzz l'éclair ? Voilà. Lui.)
Je ne dirais pas qu'il s'agit de difficultés, mais de contraintes de production. Certains auteurs ont du mal avec. Personnellement, c'est toujours un plaisir que de me prêter à l'exercice.

"Alors que pour un medium comme le film ou le jeu, l'image, le texte, le son, le gameplay sont tous réunis pour faire vivre une histoire et pas seulement la raconter. Le texte n'est qu'un outil de liant parmi d'autres."

Actusf : Un trailer est-il prévu ? Pourra-t-on se le procurer après le festival ?
Mathieu Rivero : C'est de la réalité virtuelle, donc les trailers, c'est compliqué ! Peut-être sur Youtube 360. Je ne sais pas encore !

Actusf : Sur quoi travaillez-vous maintenant ?
Mathieu Rivero : Une BD dans l'univers de A Giant Mistake, Carbone 3 et 4, et des romans encore non annoncés. Ah, et le prochain illustré avec Julien Bétan et Melchior Ascaride, qui devrait paraître l'an prochain aux Moutons Électriques !

Pour plus d'informations, n'hésitez pas à suivre FaunsTV et le compte Twitter.

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