- le  

Mort™

Langue d'origine : Français
Date de parution : 30/09/2021  -  livre
voir l'oeuvre
Commenter

Mort™

Mort™ de Jean Baret a été publié fin septembre aux éditions Le Bélial'. C'est le troisième tome d'une trilogie un peu spéciale, dans la mesure où chacun des tomes est indépendant : la trilogie Trademark. C'est une série d'anticipation sociale, une dystopie teintée de philosophie et le thème principal de ce tome est la question des religions.

Trademark ou la question du sens de la vie

Les deux premiers tomes Bonheur™ et Vie™ semblaient se dérouler dans des univers bien différents. On apprend ici qu'en fait il s'agit de zones d'un même monde divisé en 3 secteurs bien distincts les uns des autres. La grande question qui lie ces trois romans est la recherche du sens de la vie, et aussi de celui de la mort. Jean Baret suit ainsi 3 personnages qui vont être liés par l'apparition de la M-théorie, qui va impacter leur quotidien bien qu'ils ignorent totalement de quoi il s'agisse exactement. Xiaomi habite à Mande-Ville, cité que l'on a découvert dans Bonheur™, où la consommation est loi et la liberté la plus totale. Xiaomi est journaliste gonzo, toujours en quête du meilleur scoop quand il ne consomme pas. Le citoyen DN4n93xw, alias Donald Trompe, vit à Algoripolis cité découverte dans Vie™ et contenant des immeubles identiques avec des cases de 8m² parquant des individus chauves, numérotés, nourris, logés et connectés toute la journée à des réseaux numériques. Donald essaye tant bien que mal d'équilibrer ses différents temps (travail, amitié, amour) et se demande bien à quoi sert son travail, peut-être la réponse sera t'elle dans la M-théorie. Enfin, Rasmiyah est citoyenne de Babel, dont les quartiers sont affiliés à des religions bien définies. Rasmiyah est « chaos magicienne », elle peut changer de religion au gré de ses envies, elle prit ainsi Glycon, le dieu serpent, tout en habitant le quartier musulman.

Ces trois zones ont pour point commun d'être guidées par un précepte auquel ses habitants obéissent aveuglément, et surtout ne se posent aucune question. Ils sont persuadés de vivre chacun dans le meilleur des endroits qu'ils ne quitteraient pour rien au monde. Il faut consommer, se connecter et prier selon l'endroit où on habite, et quitter ce chemin peut s'avérer très dangereux surtout pour les citoyens qui en ont quelque chose à foutre. 

Un air de déjà lu

La zone de Babel est totalement nouvelle dans ce tome et se voit accorder autant d'importance que les deux précédentes, qui elles sont déjà connues. Cela donne un peu l'impression que cet endroit est sous exploité, que l'auteur n'y a pas totalement développé ses idées. La reprise des deux univers marquera les lecteurs qui n'auraient pas lu les précédents mais pour ceux qui les connaissent, elle n'apporte pas grand chose. C'est déjà connu et ainsi moins efficace, surtout pour la partie consacrée à Algoripolis qui semble un parfait miroir du second tome. On a ainsi 3 récits enchevêtrés, mais chacun sur des travers différents de notre présent, chaque récit ayant une tonalité bien distincte, et une seule apporte un peu de nouveauté. L'auteur utilise toujours autant les répétitions dans son style afin de montrer l'effet répétitif de nos vies, des routines quotidiennes, de dénoncer les maux. Mais cela donne un effet "copier coller" trop évident dans chaque récit, qui devient lassant à force plus qu'autre chose.

Pourtant, ce tome pris seul, sans connaitre les deux précédents, recèle de bonnes idées dans la critique des travers de nos sociétés poussés à l'extrême. Chaque zone a sa vision du monde, vit cloitrée entre des murs et pense que sa philosophie de vie est la meilleure : L'ultra consommation pour les libéraux de Mande-Ville, la religion pour Babel et les algorithmes garantissant l'égalité de tous aboutissant au fascisme de Algoripolis. Comparer ces 3 régimes dans un seul roman est pertinent, cela permet de montrer leurs défauts, leurs limites, leur manque de recul par rapport aux autres. Jean Baret construit ainsi une dystopie marquante où l'on peut comparer trois formes de systèmes sociétaux. Ainsi, peut être vaut il mieux lire uniquement ce tome, tout en sachant que les deux autres auront un effet de déjà lu, mais qui permettront d'approfondir deux types de sociétés bien distincts.

Mort™conclut ainsi une trilogie dystopique qui interroge nos sociétés, en distordant les travers principaux et en s'interrogeant sur le sens de la vie. Paradoxalement, ce tome est moins percutant que les précédents pour les lecteurs qui connaissent déjà l'auteur. Cependant, pris seul, il est d'un rare cynisme et vraiment très bon.

Partager cet article

Qu'en pensez-vous ?