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Nantucket

Cycle/Série : 
Langue d'origine : Français
Aux éditions : Collection :
Date de parution : 01/01/2008  -  bd
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Nantucket

Agé de 36 ans, Patrick Mallet, diplômé de l’ Esag, est l’auteur d’un triptyque sur Casanova, intitulé Les plombs de Venise, ainsi que du resplendissant Vathek. Adorateur Féru du 18 ème siècle, il signe un nouvel album remarquable : Nantucket, premier opus de la série Achab.

Moby Dick ; chap. 0 : l’éveil du large…


Le pari de l’auteur est original : imaginer l’enfance du célèbre capitaine sillonnant les mers pour retrouver Moby Dick, le plus grand monstre marin d’entre les monstres marins. Challenge scénaristique donc, et pas des moindres, que d’écrire le passé de l’un des plus grands personnages de la littérature. Ainsi, nous nous retrouvons sur l’île de Nantucket, où Achab écoute devant l’âtre les fabuleuses histoires du vieux loup des mers Ichabod, en attendant de pouvoir enfin s’embarquer à son tour sur le Bruce et partir sur les pas de son père, un illustre marin. Quelques jours plus tard, il découvre avec fascination un cadavre de cachalot échoué sur le sable, puis commence avec succès ses premières chasses au large de l’île.

La corde au cou.

La proposition scénaristique de Mallet est classique mais solide, et c’est avec plaisir que l’on suit les péripéties du garçon qui tente contre vents et marées de s’emparer de l’océan et ses créatures. Mais il est littéralement bridé par sa pieuse tante Phoébé, une vieille fille qui l’a recueilli à la mort de ses parents, et lui donne le châtiment à la moindre occasion.
L’histoire entière est tissée autour de l’image de la corde, qui nourrit les imaginaires et les châtiments… corde enserrant la jambe d’ Achab, puni par sa tante pour avoir frappé un camarade, corde qu’une jeune galante attache à leurs deux pieds, corde fatale sur laquelle des amis d’Ichabad se sont jadis jetés avant d’être mystérieusement emporté au fond de l’eau. Ce motif, belle métaphore du lien si fragile reliant les marins à la terre et la mer montre à quel point leur existence ne tient qu’à un fil.

Un album qui fleure bon l’aventure.

La réussite de l’ouvrage tient à l’équilibre subtil entre les scènes oniriques et les scènes d’action bien ficelées, telle que les séquences de chasse. Ainsi l’on plisse des récifs mouvementés du Massachusetts au grenier d’Achab grouillant de carte aux trésors et autres souvenirs maritimes laissant l’imaginaire du marin en herbe se déployer, et au puritanisme des dîners de Phoébé répondent les légendes sanglantes d’Ichabad, qui viennent ponctuer le récit et délivre des secrets…
Le montage alternent les vignettes cinémascopes et des effets puzzle originaux, où des petites images s’agencent dans une vignette générale en guise de plan d’ensemble, sans compter des « raccords » comme on en voit rarement…les affinités de Mallet avec le cinéma sont confirmées... et la mise en image des arrivées et départs des navires sont dignes d’un Ridley Scott !
Une esthétique élégante au service d’une belle histoire. A se procurer sans hésiter !

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