Un des meilleurs auteurs de comics
Neil Gaiman est aujourd’hui un créateur reconnu, célébré (American Gods a obtenu le prix Hugo) tant en littérature qu’au cinéma. Mais remontons le temps. Au début des années 90, il fait partie de cette vague d’auteurs britanniques, qui, dans le sillage du succès d’Alan Moore avec Watchmen, ont été recrutés par DC et Marvel. Au sein du label Vertigo, Gaiman s’est fait un nom avec la série Sandman qui a pour héros Morpheus. Ce dernier a une sœur, Death, Mort dans la langue de Molière. Mais on est loin, très loin de la grande faucheuse ou même de la mort vue par Jim Starlin dans sa saga de Thanos.
Une héroïne paradoxale
Mort a les traits d’une jeune ado au style gothique, plutôt jolie d’ailleurs, très bien dessinée par un Chris Bachalo au sommet de son art. Mort est effectivement celle qui vient vous visiter au moment où vous trépassez. Mais Mort n’est pas mauvaise, elle remplit son rôle. Elle est surtout très curieuse de l’humanité. Une fois par siècle, elle prend la forme d’une mortelle et visite la Terre. Elle y rencontre un jeune ado, Sexton, sur le point de se suicider. Elle l’en empêche et leurs pérégrinations (Mort doit retrouver le cœur d’une femme de 250 ans) lui réapprennent à vivre. Elle croise aussi une jeune chanteuse pop, Foxglove. Cette dernière cache son homosexualité pour protéger sa carrière, sous la houlette de son imprésario, Larry. Lorsque ce dernier meurt, Foxglove est prise de panique. Elle ne sait pas encore que Mort est avec sa compagne : va-t-elle prendre sa vie, ou celle de sa fille Alvie ?
Une série marquante
Death est une série classique et iconique du label Vertigo. Death est ici un guide, une amie, voire une confidente pour tous ces humains perdus. Trente ans après la publication des premières histoires, l’ensemble tient remarquablement le coup, le graphisme léché de Bachalo y est aussi pour beaucoup (les contributions de Jeff Jones et P. Craig Russel sont aussi remarquables). Death prouve à quel point Gaiman est un formidable raconteur d’histoires. J’envie celui ou celle qui découvrira pour la première fois cette série.
Sylvain Bonnet