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Netty Doggan

Serge Brussolo (Scénariste), Gérard Goffaux (Dessinateur), Nicolas Blocteur (Coloriste)
Cycle/Série : 
Langue d'origine : Français
Aux éditions : Collection :
Date de parution : 28/02/2005  -  bd
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Netty Doggan

La Fille de la Nuit est l’adaptation en bande dessinée d’un thriller haletant de Serge Brussolo paru en 1996. Cet écrivain aux plus de cent cinquante romans est bien connu des amateurs de science-fiction et de polars, moins des amateurs de bande dessinée. L’adaptation de l’un de ses meilleurs bouquins en BD devrait lui ouvrir les portes d’un nouveau lectorat. Gérard Goffaux s’est attelé à la dure tâche de mettre en cases le dit roman. Ce dessinateur n’en est pas à son premier récit policier, il est d’ailleurs amateur de roman noir. Sa série Le Détective (Edition de Masque) en noir et blanc est un modèle du genre.

« Elle sait qu’à l’instant même où elle fera jouer la serrure, quelque chose jaillira de cette boîte de Pandore… Quelque chose de terrible qu’elle aurait préféré ne jamais se rappeler »

Jane Doe, c’est ainsi que l’on appelle l’inconnue qui a miraculeusement survécu après avoir reçu une balle en plein front. Elle-même préfère se surnommer La Fille de la Nuit, du nom de son double qui vient la hanter dans ses rêves. Des rêves, ou plus exactement des cauchemars, qui semblent lui révéler peu à peu son passé. Elle aurait été une tueuse aguerrie. Elle revoit son premier contrat, il lui faut piéger un professeur de littérature irréprochable. Une année entière lui sera nécessaire pour monter son plan machiavélique, elle photographiera ses étudiantes nues, torturera et tuera des auto-stoppeuses en laissant les traces de l’homme partout, enterrera les corps à proximité de son chalet pour enfin pouvoir appeler les flics et le dénoncer. Non ce n’est pas possible, elle n’a pas pu faire cela, Sarah n’y croit pas, mais au fond d’elle Jane sait qu’elle a pu le faire. D’autres souvenirs criants de vérité remontent encore. Elle a été formée par un homme, le Cactus, un tueur professionnel qui lui a appris toutes les techniques du métier, les fausses identités, l’art du travestissement, le maquillage des meurtres et bien d’autres choses encore.

La mémoire dans la peau

Ce deuxième volet est beaucoup plus efficace que le premier tome, Jane Doe. Les longues voix-off qui narraient par le menu toutes les actions et ressenties des personnages et qui alourdissaient inutilement l’histoire en la ralentissant sont ici plus ciselées, elles cassent moins le fil de l’histoire (et disons-le franchement sont moins ennuyantes). D’ailleurs, Goffaux ne se cantonne plus à illustrer le récit mais le densifie par son dessin. Le rythme est ici plus affirmé, les souvenirs horribles qui se rappellent à Jane s’enchaînent et creusent le personnage, le rendant du coup beaucoup moins sympathique, exactement comme dans le roman. La narration est bien équilibrée entre une intrigue principale qui a son lot de péripéties et les flash back sur l’ancienne vie de la belle amnésique qui se révèle peu à peu. Sa rencontre avec Le Cactus, personnage troublant et charismatique que le dessinateur rend parfaitement, sera déterminante dans la vie de Netty Dogan, alias Jane Doe. Il est le centre du récit autant que le pivot de la vie de Jane. Tueur professionnel, il va non seulement lui apprendre les ficelles du métier mais également les mensonges de l’histoire. Il est une des clefs du passé, s’il s’agit réellement du passé, de la jeune femme. Brussolo n’a gardé de son roman que les passages les plus marquants et les plus visuels afin de faciliter certainement la transposition en bande dessinée.

Goffaux adopte une mise en pages très cinématographique mais il est dommage qu’il ne s’autorise pas quelques libertés, ses planches restent assez froides et neutres. On aurait apprécié une structure un peu plus dynamique, moins figée, moins classique. Peut-être est-ce pour toucher le plus grand nombre que Goffaux tire vers la simplicité ? Mais du coup, la série demeure pour l’instant moyenne, on n’atteint pas décidément pas le suspens haletant et la puissance du roman. Le troisième et dernier tome devrait en toute logique surprendre ceux qui n’ont pas lu le roman et qui doivent apprécier ce polar, alors que ceux qui l’ont lu sont, pour le moment, déçus.

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