Sous ses airs anodins, Neverwhere est un livre un peu particulier dans la carrière de Neil Gaiman. Il s’agit de son premier roman écrit tout seul. Auparavant, sa production littéraire se limitait à quelques nouvelles et à un gros livre loufouque et débridé en collaboration avec l’inégalable Terry Pratchett, De bons présages. Il y avait eu aussi de la BD (Sandman) et des scénarios pour la télé dont ceux de la série adaptée de Neverwhere pour la BBC. Car chose étrange, si Neil Gaiman a passé 5 ans à développer l’univers et les personnages de son roman, c’était d’abord pour en faire une série télé. Selon une interview donnée à Science Fiction Magazine en Novembre 1998, il a écrit le roman en quelque sorte pour montrer sa véritable vision des choses après que son univers soit tombé aux mains des équipes de la télé.

Fantasy urbaine dans le sous sol de Londres

Ne nous y trompons pas. Le livre qui ressort aujourd’hui chez J’ai Lu n’est pas une pâle novélisation à la Buffy contre les vampires. Il s’agit d’un véritable roman qui se déroule dans une ambiance de fantasy urbaine. Tout comme les lecteurs, le héros Richard Mayhew, un loser sans véritablement d’ambition, va découvrir que Londres cache en sous-sol un univers très particulier et ignoré. En effet, le Londres « d’en bas » est un lieu rempli de magie et d’une faune bigarrée. Ici certaines personnes peuvent parler aux rats alors que d’autres s’aménagent de petits royaumes dans des rames de métro tout en sillonnant sans cesse la ville. La présence de Richard dans ce monde un peu fou est dû à un jeu de circonstances un peu spéciales. Alors qu’il se rendait à un repas avec sa petite amie, une jeune fille en sang lui est tombée littéralement dans les bras. La vie de Richard va en être complètement bouleversée. Après avoir joué les sauveteurs, voilà que tout le monde se met à l’ignorer. Son propriétaire loue son appartement, ses collègues de bureau ne le reconnaissent plus et son énervante petite amie ne garde aucun souvenir de lui. C’est comme s’il avait été tout simplement rayé de la carte du monde. De fil en aiguille, le voilà parti rechercher la jeune fille dans le monde d’en bas. Mais elle aussi à quelques soucis. Un duo de tueurs implacables a massacré toute sa famille et aimerait bien terminer le travail. En la retrouvant, Richard s’embringue dans une suite d’aventures qu’il ne soupçonnait pas. Au bout du chemin, il espère trouver la solution à son problème dans le Londres « d’en haut ».

Excellent !

Un héros couard et naïf, une galerie de personnages attachants, des méchants tout droit sortie d’un dessin animé avec leur étonnante bonhommie, un univers à l’ambiance envoûtante, Neverwhere a toutes les qualités requises pour emballer ses lecteurs. Et cerise sur le gâteau, ce livre bénéficie d’une « voix », celle de Neil Gaiman le conteur. Bref Neverwhere est un excellent roman qui donne ses lettres de noblesse à la fantasy urbaine. Pour boucler la boucle, il devrait même être prochainement adapté pour le grand écran. En attendant, sa réédition est une excellente chose.