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New York 1 - Renaissance

Djillali Defali (Dessinateur), Eric Corbeyran (Scénariste), Raphaël Hédon (Coloriste)
Cycle/Série : 
Langue d'origine : Français
Aux éditions : Collection :
Date de parution : 30/04/2008  -  bd
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New York 1 - Renaissance

Voici la troisième réalité d’une ville qu’Eric Corbeyran scénarise en neuf albums (trois tomes par ville). Né en 1964 à Marseille, Corbeyran est un artiste en insatiable quête de nouveauté et d’expérience. Auteur du Chant des Stryges (Delcourt) et des Griffes du marais (Vent d’Ouest), il poursuit le projet Uchronie[s] dans la tradition d’innovation de Glénat.
Né en 1972 à Bordeaux, Djilali Defali démarre dans la photogravure avant de signer Garous (Soleil) et de réaliser en duo avec le même Corbeyran la série Asphodèle (Delcourt).

En terre connue

Après New Byzance et New Harlem, New York est le troisième volet de la grande trilogie d’Uchronie[s]. Voilà donc initiées les trois réalités d’une même ville qui trouveront leur ultime tome dans le dixième album.
Dans la réalité de New York 1 - Renaissance, on retrouve Zack Kosinski, le héros commun aux trois volets, aux prises avec une vie qu’il doit recomposer. Sorti d’un coma de dix ans et connu sous le nom de Jonathan Harper, il est pris en charge par Tia Brown, une jeune infirmière du centre hospitalier qui le soigne. De retour dans la vie civile, Jonathan engage Tia à domicile où ils lient plus qu’une simple amitié. Mais avec sa renaissance, c’est tout le système des puissances de l’ombre endormies qui se réactive. Les mystères qui entourent la disparition de son père, son coma et les rêves qui le hantent attisent la curiosité de la très gouvernementale CIA, comme d’organisations bien plus occultes…

Un tome pour la digestion…

Dans cette réalité, l’histoire de Kosinsky est derrière lui.
Alors que dans les deux précédents tomes, il subissait les forces qui le manipulent, dans Renaissance il tente de renouer avec son passé. Une respiration donc, dans le cycle effréné des événements qui ont fait de lui un hors-la-loi. L’album se recentre sur la quête de son héros et sa relation trouble avec Tia. Personnage principal et doué de prescience dans New Byzance et New Harlem, Zack apparaît ici déboussolé et c’est Tia Brown qui mène l’album. Mais comme dans chaque série, Kosinski / Harper ne tient toujours pas les rênes de son destin.
Dans Renaissance, Corbeyran situe l’action dans le monde et les repères que l’on connaît, loin des fictions politico-sociales de New Byzance et New Harlem. Comme le héros, le lecteur peut prendre du recul, se poser et examiner les quelques indices que Corbeyran a bien voulu divulguer jusque là. Alors on se replonge avec frénésie dans les deux autres séries à la recherche des liens entre les réalités. Et Kosinski, lui, tente de rapprocher ses rêves récurrents avec les révélations contenues dans le DVD posthume que sa mère lui a fait transmettre.
Une pause plutôt bien venue après l’opulence et l’audace des tomes précédents. Mais une pause de courte durée car Zack, comme dans les autres villes, finit par fuir ce passé (ou ce futur ?) qui le rattrape.

… et plus académique

Même si l’intrigue de New York se situe dans notre réalité et implique de fait moins d’imaginaire, Renaissance se distingue par la discrétion de sa recherche graphique. Les décors juste « comme il faut » tranchent avec les ambiances urbaines remarquables de New Byzance et le rythme et les couleurs des cases de New Harlem. Des dessins et des ombres très marqués alourdissent les scènes parfois surenchéries par des couleurs un peu trop denses. L'épisode dans la forêt en fin d’album présente toutefois de belles lumières, une qualité graphique que l’on aurait aimé retrouver sur l’ensemble de l’album.
On effleure donc les pages des yeux pour se concentrer davantage sur le contenu scénaristique. Les impératifs de délai de parution commenceraient-ils à nuire au projet ambitieux de Corbeyran ?

Les règles du jeu

Le scénario de Renaissance n’affiche pas de rebondissement fulgurant, mais il ancre un peu plus les personnages et leur double (voire triple) jeu dans le réseau complexe de relations entre les trois réalités. Et c’est surtout avec New Harlem que Corbeyran tisse des liens. On retrouve la méticulosité avec laquelle l'auteur trouble les cartes en distordant la distribution et le casting d’un album à l’autre : l’homme à la barbe blanche, la brune perfide, la femme noire ou Emily, autant de visages récurrents qui endossent des rôles subtilement différents d’une série à l’autre. Et tour à tour, chacun d’eux disparaît complètement d’un des albums. Comment s'y retrouver ?
On finit pourtant par comprendre où l’auteur veut en venir : la règle chez Corbeyran ? C’est qu’il n’y en a pas ! La seule constante : Kosinski, mais jusqu’à quand ?

Trois au cube

Corbeyran semble scénariser une formule mathématique : trois réalités au cube puissance cinq personnages… Il va falloir suivre, faire chauffer les calculettes et croiser les tableaux ! Même si Renaissance est un album d'ambiance plus légère que celle des précédents (on s'amusera du nom de la pizzeria d’où s’échappe Kosinski), il consolide efficacement l’intrigue et la densité des relations entre les trois réalités.
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