Accepter l’Autre
Lilith Lyapo se réveille dans un endroit inconnu. Elle se souvient de la guerre, des retombées radioactives…C’était il y a plusieurs siècles. Lilith a été placée en animation suspendue à bord d’un vaisseau spatial appartenant aux Oakanli, des extraterrestres couverts de tentacules et a priori répugnants. Ils ont pourtant, grâce à leur expertise génétique, sauvé la Terre des radiations, restauré l’environnement et sauvé un grand nombre d’humains survivants de la guerre. Lilith finit par nouer une relation amicale avec l’un des Oakanli, Nikanj. Elle finit par rencontrer un humain vivant depuis son enfance avec les Oakanli mais celui-ci, dans un coup de folie, tente de la violer. Les Oakanli font des expériences sur Lilith dont ils améliorent les performances physiques et renforcent sa résistance. Leur but est de mélanger leur ADN à celui des humains : a priori, Lilith est contre. Elle finit par accepter de les aider à réveiller d’autres humains avant de les réimplanter sur Terre. Ce ne sera pas une mince affaire…
Une œuvre très originale
L’Aube est le premier volume du cycle de Xenogenesis, signé par Octavia Butler, autrice de La parabole du semeur et d’un roman de voyage temporel très original, Liens de sang. Inspirée par le féminisme, Octavia Butler choisit une femme (noire) comme personnage principal et de la plonger dans une confrontation avec une espèce extraterrestre à la fois bienveillante et manipulatrice. Leur but est tout autant de sauver notre espèce que de mélanger nos génomes, rappelons-le. Pourtant leur altérité profondément troublante est un des nœuds du roman : Lilith doit vaincre ses peurs et ses préjugés pour construire une relation avec eux (et certains aliens aussi d’ailleurs doivent vaincre leurs réticences). Enfin, les humains et leurs peurs sont aussi au centre de l’ouvrage, je laisse les lecteurs découvrir comment les « réveillés » réagissent. Au final, L’Aube est un roman qui a un souffle très particulier. Notons enfin qu’Octavia Butler avait un talent de narratrice hors pair : elle est vraiment morte trop tôt.
Sylvain Bonnet