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Oiseau noir

Cycle/Série : 
Langue d'origine : Français
Aux éditions : 
Date de parution : 03/04/2009  -  bd
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Oiseau noir

Créateur du journal Esquiss et auteur de l’album La Bête du Gévaudan, Christophe Bec a publié de nombreuses séries, parmi lesquelles Sanctuaire qui lui apporta la renommée. Il dirige également la collection Hanté chez Soleil. La série Rédemption est sa deuxième collaboration avec Paolo Mottura, dessinateur et peintre italien, après Carême, qui a reçu  le prix Uderzo en 2005. Récompensé de nombreuses fois, Paolo Mottura a également longtemps travaillé pour Disney. La coloriste, Bérangère Marquebreucq, a travaillé sur la série Dallas Bar et Libre à jamais.

Des airs de road movies...

Le premier tome de la série Rédemption raconte les aventures de Chogan, un grand brun ténébreux aux origines indiennes, qui file sur une Highway, probablement la 66, quelque part dans le grand ouest américain. Comme d’habitude, la route est belle et déserte, mais il s’y trame quelque chose… Voilà qu’il tombe sur un accident dont il enterre la malheureuse victime déjà en proie aux corbeaux, puis il rencontre une brunette très sexy aux allures d’Uma Thurman dans Pulp Fiction, Brittany, qui est en panne de voiture. Galant sur les bords, Chogan l’emmène vers la prochaine ville du coin, « Death and redemption », une bourgade comme on trouve tant dans le désert, avec son shérif, ses fast food et ses nymphettes blondes et vulgaires, à cela près que seuls les meurtriers peuvent la voir, et qu’une fois entrés, il ne peuvent plus en sortir…

Oiseau de Malheur

Ce noman’s land kafkaïen, lieu mystérieux entouré de géoglyphes (dessins de plusieurs kilomètres tracés dans le sable comme on en trouve au sud du Pérou), Death and Redemption, est une variation sur l’Enfer de Dante et ses cercles où végètent les vilains d’entre les vilains. On y croise d’anciens travailleurs nazis ayant un autel hitlérien au pied de leur lit, des kamikazes, des tueurs en série, bref tout ce que la planète compte de plus charmant.

Entre tentatives de fuite impossible et beuverie au pub, Chogan, personnage fouillé et touchant, surnommé oiseau noir, ou oiseau de malheur pourrait-on dire, joue à la roulette russe chaque nuit, histoire de voir si le destin veut lui accorder un jour de plus, et rêve à la naissance de l’univers. On suit avec intérêt l’intrigue, dynamisée par les multiples et vaines désertions du personnage, ainsi que ses méandres métaphysiques. Prisonnier de cette cité infernale aux allures paisibles, Chogan tourne en rond, s’abîme dans ses tourments intérieurs, et se confronte à son passé, le meurtre qu’il a commis envers sa femme, et dont on prend connaissance au fil de quelques flash-back.

Une belle esthétique

Que Bérangère Marquebreucq soit inspirée et que Paolo Mottura soit peintre et italien, on n’en doute pas. Effet de flou, finesse du dessin, richesse des compositions, montage en escalier, élégance d’un noir et blanc qui n’est pas sans rappeler la photographie du film The Barber des frères Cohen, belle gamme de couleur, tout est bien senti et efficace.

Un album de belle facture, dont on attend la suite avec impatience.

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