Un roman du confinement
Olivier Bordaçarre est comédien et scénariste. Son premier roman a paru en 2006 chez Fayard. Il est connu des lecteurs de polars pour La France tranquille et Dernier désir (Prix de la ville de Mauves-sur-Loire en 2015). Appartement 816, sorti chez L’Atalante en octobre 2011 est un roman important car il explore comment un confinement, expérience vécue par la population pendant l’année 2020 en France, peut affecter psyché d’un homme ordinaire.
Le quotidien de l’horreur
Didier Martin vit enfermé depuis trois ans dans son appartement avec sa femme Karine et leur fils Jeremy. Les courses leur sont livrées par drone, il est interdit de sortir, de marcher dehors et les fenêtres doivent être ouvertes à des horaires programmés. Didier télétravaille (il est comptable) et tient son journal… Sur les murs de son appartement. Petit à petit, on pénètre dans son esprit. Didier se satisfait du monde tel qu’il est. Par contre, il supporte mal ce qu’il appelle les jérémiades de son fils et de sa femme. Les a-t-il d’ailleurs aimé un jour ? Alors il trouve des solutions plutôt radicales pour assurer son équilibre.
L’intimité d’un tueur
On l’aura compris, Didier Martin va tuer sa famille. Car le confinement l’a déshumanisé (ou plutôt achevé de le déshumaniser). Peut-être portait-il ça en lui depuis longtemps et s’est-il révélé à lui-même. En tout cas le voici tueur et plutôt à l’aise avec ça. Appartement 816, écrit de façon intense, nous immerge dans l’esprit d’un homme se transformant en tueur en série. C’est donc un roman perturbant. Mais réussi.
Sylvain Bonnet