Il semblerait que Dan Simmons soit quasi incapable d'écrire un roman sans que celui ci ne soit récompensé d'un prix prestigieux et salué par la critique. Il a commencé par le World Fantasy Award en 1986 pour son premier roman, Le Chant de Kali, un exploit qu'il a été le premier à accomplir, reçu onze prix Locus (deux par deux en 1990, 1991, et 1992), quatre Prix Bram Stoker (1990-1994), un British Fantasy Award, un British Science-Fiction Award, un prix Cosmos 2000, un Prix Hugo, un Prix Theodore Sturgeon, un Science-Fiction Chronicle Award, et un second World Fantasy Award. Bon, j'exagère un peu. Il a en tout publié de nombreux romans et recueils, dont 24 sont disponibles en français, et seulement neuf de ses romans ont été primés, le plus récent étant un Locus en 2004 pour Ilium.
Son dernier roman, The Terror relate l'expédition malheureuse de Sir John Franklin en Arctique en 1845, et la confrontation avec un être surnaturel à la puissance terrifiante.
Quatre mille ans dans notre futur, l'épopée se poursuit...
Les humains à l'ancienne sont dans une situation désespérée, et leur chances de survie se réduisent avec chaque jour qui passe...
Les forces alliées troyennes et argiennes continuent leurs assauts sur l'Olympe et les Dieux (quand ils peuvent mettre la main dessus), avec un grand courage, mais également ce qui, à nos yeux d'hommes modernes s'apparente à une inconscience totale vis-à-vis des conséquences possibles de leurs actions...
Les moravecs et les rocvecs assistent, quasi impuissants, à la déliquescence de la stabilité du système solaire...
Et comme si les choses n'allaient pas assez mal, Setebos fait son entrée en scène...
Une suite réussie pour un beau dyptique
Dan Simmons continue de revisiter les mythes antiques et les pièces de Shakespeare, mêlant avec bonheur les progrès d'un futur très éloigné où la loi de Clarke fonctionne à plein rendement pour permettre aux post-humains de se faire divinités, avec une société également civilisée, mais au niveau technologique bien moindre, et qui s'écarte de plus en plus de l'épopée écrite par Homère... Olympos reprend le style et les fils qui avaient fait l'intérêt et l'originalité d'Ilium, les tisse et les développe pour parvenir à les réunir tous à la fin, ayant apporté une réponse à la plupart des questions qui subsistaient à la fin du premier roman, mais sans insister trop lourdement, leur laissant ainsi une part de poésie et de mystère. Le roman en lui même m'a également semblé plus convaincant, et plus prenant qu'Ilium, malgré une multiplication à l'extrême des personnages, de l'action, et des intrigues, qui dépasse même celle du premier volume.
Mais méfiez vous de l'effet Ilium
Mais cette multiplicité débridée a une autre conséquence, moins plaisante, en particulier si votre lecture d'Ilium date de quelque temps. Jamais les quelques phrases que les auteurs introduisent pour rappeler les péripéties des tomes précédents ne m'ont été aussi utiles, alors que d'habitude, elles ont plutôt tendance à m'énerver : oui, on sait tout ca. Pourrions nous passer à la suite, maintenant ? Pour Olympos, la réaction était inverse. Ah, il s'était produit ca ? Et ça ? Et d'où sortent tous ces personnages ? Leur nom me dit vaguement quelque chose (assez étrangement, les grecs et Thomas Hockenberry étaient ceux qui avaient laissé la plus forte impression, ainsi que deux des moravecs, mais les humains à l'ancienne étaient complètement passés à la trappe, ainsi que Prospéro et Caliban). Une défaillance possiblement due l'originalité du style et de la forme, inhabituels pour les écrivains de notre époque, mais qui n'auraient peut être pas déstabilisé quelqu'un élevé aux écrits d'Homère, ou habitué aux rebondissements des longues sagas nordiques... Et je soupçonne que l'effet sera le même pour Olympos, à relativement brève échéance. Un bon roman ? Oui. Un roman inoubliable ? Probablement pas. De fait, Dan Simmons a peut-être inventé là le dyptique que l'on peut relire dans son entier avec le même effet de surprise à la deuxième lecture qu'à la première. Enfin, pour conclure sur une rumeur (fondée, à priori, puisque c'est le site de l'auteur lui même qui la présente, il paraîtrait que les films tirés de ces deux romans sont déjà en cours de préparation (mais les noms du studio, du réalisateur, et des acteurs restent des secrets)…