C'est avec des romans comme Le Bureau des atrocités, Jennifer Morgue ou le diptyque Crépuscule d'acier/Aube d'acier que Charles Stross s'est fait connaître en France. Cet auteur anglais est lauréat de deux prix Locus (pour un roman et une novella inédits chez nous), mais également du prestigieux prix Hugo : en 2005 pour la novella La Jungle de béton, puis en 2010 pour Palimpseste, autre court roman que les éditions J'ai Lu nous font aujourd'hui découvrir dans la langue de Molière et dans la collection Nouveaux Millénaires.
Une histoire dont il ne faut rien révéler
Palimpseste est un de ces livres dont il ne faut quasiment rien connaître avant de les lire. Il est suffisant de savoir que Charles Stross y décrit une organisation qui sauve l'Humanité de l'extinction à chaque fois que celle-ci va survenir (de cause naturelle ou provoquée par l'homme lui-même), en projetant des agents dans le passé. Au travers de l'expérience particulière du personnage principal du roman, Pierce, un jeune apprenti, l'auteur nous dévoile le métier si particulier de ces hommes et femmes. Le lecteur, d'abord perdu dans cet univers où le temps n'est pas une valeur sûre, ressent au début du roman un vertige. Ce dernier ne fait que s'accroître tout au long du livre, tandis que Pierce découvre les subtilités de son métier, et la façon dont certains le pratiquent. Ainsi, le jeune homme se trouvera confronté, lors d'une de ses premières missions, à un palimpseste. Autrement dit, il assiste à une tentative de modification d'un événement par plusieurs sources. De plus, il fait l'objet de multiples tentatives d'assassinats. Qui donc cherche ainsi à l'éliminer ? Que va-t-il faire dans le futur, qui puisse provoquer le désir de le faire disparaître ?
Ce n'est qu'en toute fin de novella que les éléments du récit deviennent clairs pour le lecteur. Ce dernier doit donc tenir jusqu'à la révélation finale, en savourant la sensation enivrante de l'incompréhension, caractéristique de bien des lectures hard-SF. En manipulant des concepts vastes et aux possibilités infinies, Charles Stross épate. Il offre également des pistes de réflexion sur ce que représente l'Histoire, sur tout ce qu'elle aurait pu être mais n'a pas été, sur l'infinité des choses que l'homme n'expérimentera pas, ne connaîtra pas, esclave comme il est de l'écoulement du temps.
Palimpseste est un roman d'une qualité certaine, que l'amateur de SF, et encore plus de hard-SF, aurait tort de ne pas découvrir.