Chris Crow est un réalisateur britannique né le 14 août 1972 à Cardiff. Dès son plus jeune âge, il souhaite réaliser des films, notamment après avoir vu l'Empire contre-attaque. Habitué à voir des films d'horreur depuis sa plus tendre enfance, il en a été à la fois terrifié mais aussi fasciné. Il dit d'ailleurs avoir grandi dans une maison hantée.
Il fait des études d'illustration et arts graphiques, un background qui lui permettra de se montrer fort ingénieux pour réaliser des films spectaculaires à petit budget.
Davantage intéressé par la noirceur de la nature humaine que le genre cinématographique du film d'horreur, il réalise plusieurs courts métrages puis un premier film Devil's Bridge qu'il met 3 semaines à monter. Ce film inspiré de faits réels met en scène un psychopathe effrayant. Cette première expérience a permis au réalisateur d'apprendre sur le métier et de réinvestir ce savoir dans son second film, Panic Button. On y retrouve entre autres l'acteur Joshua Richards.
Plus récemment, il a réalisé un troisième film, Drakkar, dont l'intrigue se déroule dans l'Angleterre du Moyen Âge, et où il donne relief à toute la barbarie des Vikings.
Du rêve au cauchemar
Quatre jeunes Anglais, deux femmes et deux hommes, ont gagné à un concours organisé par leur site de réseau social. Ils ont donc la chance de pouvoir participer à un jeu avec, à la clé, des cadeaux de grande valeur. Le jeu doit se dérouler à New York, aux États-Unis. Les gagnants se retrouvent donc à l'aéroport accueillis avec du champagne et tout le faste qui va avec l'image de l'entreprise créatrice d'un réseau social qui compte des millions de membres. Les participants sont étonnés de ne voir aucun employé de la société organisatrice mais sont tellement fascinés par le confort luxueux et la technologie moderne à bord de l'appareil qu'ils se prennent au jeu, mus par l'enthousiasme de s'envoler pour un autre continent. Les participants sont rapidement mis dans l'ambiance avec la présentation des conditions générales qu'ils acceptent avec empressement sans même les lire. Les lots des vainqueurs sont rappelés par un interlocuteur invisible représenté à l'écran par une tête de crocodile. La règle pour gagner les lots est de jouer jusqu'au bout du jeu.
Le jeu commence alors. Chaque participant doit répondre sincèrement sur des éléments de sa vie privée. Au début tout le monde prend ces questions sur le ton de la plaisanterie mais rapidement cela devient très personnel et les secrets les plus inavouables sont dévoilés par l'animateur virtuel qui donne les vraies réponses. Les participants ne veulent alors plus participer mais ils sont rappelés à l'ordre par l'animateur. Ce dernier sanctionne les récalcitrants en choisissant dans leur liste de contacts des personnes au hasard et leur montre en vidéo la façon sauvage dont ils sont tués par des complices du jeu. Pris de panique, ils ne savent alors pas si cela est réel ou virtuel. La panique ne fera que grandir par la suite lorsque la vie de personnes chères aux participants sera mise en jeu. Les masques de bienséance et de sympathie tomberont alors pour laisser paraître des visages de tueur sanguinaires...
Une critique de la modernité tout à fait d'actualité
Chris Crow dépeint avec brio une critique juste et acerbe de la modernité.
On y trouve le paradoxe du monde virtuel créé par Internet dans lequel les personnes se livrent intimement mais amalgament le virtuel-fiction et la réalité de la vie quotidienne aidés par les avatars qu'ils inventent reflétant tantôt publiquement le personnage social qu'ils jouent au quotidien et tantôt secrètement la noirceur de leurs plus basses pulsions.
La question de l'utilisation des données personnelles trouve une réponse terrifiante et à l'heure du procès contre les réseaux sociaux qui rendent illisibles leurs conditions générales, notre confiance aveugle est mise à rude épreuve.
"L'homme est un loup pour l'homme"
La locution de Plaute reprise par Freud dans Malaise dans la civilisation prend toute l'ampleur de sa signification. Chacun des protagonistes du film révèle toute sa cruauté et sa faiblesse humaines. La volonté de nuire tout comme l'indifférence aux autres s'avèrent tout autant nocives. Et finalement même la justice n'est que la vengeance d'un psychopathe dont la puissance de destruction est décuplée par la technologie, fruit de la l'ingéniosité de l'espèce animale la plus évoluée, l'homme...
Au final, Panic Button est un film d'horreur intéressant qui saura ravir à la fois les amateurs de sensations fortes et les intellectuels. Ce huis clos parfois pesant est particulièrement bien interprété par des acteurs aussi vrais que nature. Une intrigue bien pessimiste sur la nature humaine dont la seule lueur d'espoir réside dans l'intelligence du réalisateur pour mettre en lumière les dangers de notre utilisation du net.