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Petit Vampire et le rêve de Tokyo

Joann Sfar (Scénariste, Dessinateur), Walter (Coloriste)
Cycle/Série : 
Langue d'origine : Français
Aux éditions : Collection :
Date de parution : 30/11/2005  -  bd
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Petit Vampire et le rêve de Tokyo

Le prolifique Joann Sfar a de quoi vous donner le tournis : en une dizaine d’années, il a déjà publié près de 140 albums. Impossible d’échapper à l’une de ses productions dans les rayonnages des librairies. Petit Vampire est de loin le plus charismatique de ses héros jeunesse, le plus connu aussi. Après la bande dessinée, des livres ont été publiés et finalement un dessin animé a vu le jour et a été diffusé sur France 3. Un épisode est d’ailleurs donné à l’achat de ce septième volume, une friandise pour le minot qui, n’en doutons pas, demandera le coffret double DVD au Père Noël.

« Tu vas dans n’importe quelle papeterie au Japon, figure-toi qu’il y a tout un rayon rien que pour les dessinateurs de bédé. »

Petit Vampire se rend chez Michel qui n’a pas le droit de sortir pour cause de grosse grippe. Pour passer le temps, il lit des mangas. Il fait partager sa passion nouvelle à Petit vampire qui ne connaît pas du tout ces bédés, il lui en emprunte quelques-unes et rentre vite chez lui pour les découvrir. Il finit par s’endormir sur sa lecture et se met à rêver. Un rêve qui l’entraîne à Tokyo.

Là, il fait la connaissance d’un petit lapin publicitaire tout mignon. Ce dernier va lui offrir l’hospitalité et lui faire découvrir sa vie de personnage de publicité. Petit Vampire se rend donc à l’école et il est choisi pour figurer dans une réclame pour des cercueils. Ce qui n’est pas du tout du goût de notre jeune héros qui décide de voler de ses propres ailes dans ce Japon fantasmée.

« Petit Vampire s’en fiche d’être utile, çà ne lui plaît pas d’être un personnage publicitaire. Il est malheureux. »


Ce septième volume des tribulations du vampire le plus gentil du monde emmène le lecteur au Japon ou plus exactement à Tokyo. Dans les premières pages, Michel, double de l’auteur, confie son rêve d’être dessinateur de bédé à son ami. Cette drôle d’idée, il l’a eue en lisant des mangas, notamment Galaxy Express 999 et Nausicaa. Véritable hommage de Sfar à la bande dessinée japonaise, donc à sa culture. Une entrée en matière qui va lui permettre une critique de plus en plus acerbe, mais dénuée de méchanceté, de la société au fil de l’album.

Sfar est récemment allé au Japon pour participer au projet chapeauté par Frédéric Boilet, Le Japon vu par 17 auteurs qui a donné un album de courts récits graphiques publié par Casterman. Fasciné certainement par ce qu’il y a vu et inspiré, il continue sa description de la société japonaise, ou plus exactement sa vision de Tokyo et celle là même est rendue à travers le filtre du rêve qui lui permet de forcer la caricature et l’exotisme. Entièrement rêvé donc, cet album est aussi un hommage à un jeune héros dont on fête cette année les cent ans : Little Nemo. Personnage inventé par Winsor McCay, il vit des aventures extraordinaires mais seulement en rêve, la bande dessinée étant systématiquement construite sur le même schéma : première vignette, Little Nemo s’endort, dernière vignette il se retrouve en bas de son lit après s’être réveillé en sursaut.

Mais revenons à nos petits personnages mignons qui visiblement ont plus qu’étonné l’auteur débarqué en ces terres nipponnes. Il ne faut pas chercher de structure réellement logique dans cette histoire qui suit les méandres des illusions nocturnes. Ainsi, quand Petit Vampire arrive il assiste d’emblée à un combat titanesque entre un dinosaure et un super héros sauveur providentiel, puis il rencontre une myriade de petits personnages mignons destinés à la publicité, s’enfuit de son travail, croise la route d’un vieux corbeau SDF, arrache son chien des mains de jolies écervelées… Mélangeant choses vues et fantasmes, il pointe les bizarreries et les défauts de la société japonaise avec humour et distance. En observateur attentif, sans arrogance mais caustique, il entraîne le lecteur dans ses déambulations touristiques au sein de la culture de la jeunesse japonaise. Un album à lire bien sûr le soir pour faire à son tour des rêves hauts en couleurs où l’on rencontrera un mort vivant gentil, un chien qui parle, des monstres qui aiment les jeux vidéos et un Capitaine tout en os qui a vécu mille vies.

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