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Petits arrangements avec l'éternité

Eric Holstein ( Auteur), Diego Tripodi (Illustrateur de couverture)
Langue d'origine : Français
Aux éditions : Collection :
Date de parution : 31/08/2009  -  livre
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Petits arrangements avec l'éternité

Éric Holstein n'est pas un nom inconnu pour ceux qui fréquentent couramment le site ActuSF puisqu'il est co-responsable de ce dernier. Mais c'est aussi un écrivain, comme le montre la parution de Petits arrangements avec l'éternité chez Mnémos, dans la nouvelle collection Dédales. Né en 1969, Éric Holstein poursuit une carrière d'auteur qui avait débuté par la publication de plusieurs nouvelles. Le Monsieur étant au sommaire de l'anthologie Retour sur l'horizon dirigée par Serge Lehman, on risque de reparler de lui...

Incursion dans le quotidien de vampires parisiens

Eugène, cambrioleur parigot pur jus, est un vampire, à l'instar de Grace, jeune femme aux nibards siliconés et vivant aux crochets de richissimes célibataires qu'elle séduit, Slawomir, clodo alcoolique cultivé et Eddie, videur de boîte de nuit. Mais ces vampires ne correspondent pas aux canons de la  bite litt.
Non ! Ces vampires-là se nourrissent des émotions, entre autres différences notables avec leurs congénères mythiques. Ils croulent toutefois comme ces derniers sous le poids des traditions ancestrales de leur espèce. C'est ce dont vont se rendre compte Eugène, Grace et Eddie lorsqu'une bêtise de leur part attire l'attention d'une secte indienne de tueurs de vampires...

Fin 2009, le vampire n'est plus sexy !

Après un déferlement de livres, films, séries sur les vampires au cours de ces derniers mois, la chose semble entendue : le mort-vivant à grandes canines suceur de sang est in, il est hot. En un mot : il est bath.
Seulement, la réalité est peut-être toute autre. Car les vampires holsteiniens ne sont pas comme les autres. Premièrement, ils ne sont pas morts, mais bien vivants, quoiqu'immortels. Cela dit, ils peuvent mourir de mort violente comme tout à chacun. Ils ne fondent pas au soleil, ont un reflet dans les miroirs, n'ont pas peur des plantes potagères, ni des croix et ne peuvent pas se transformer en chauve-souris. Ils sont toutefois plus forts, plus rapides et plus endurants que les humains. Ils ne se nourrissent pas du sang de ces derniers mais de leurs émotions. Enfin, ils ne peuvent pas non plus faire d'un humain un vampire car on naît vampire, on ne le devient pas.
Éric Holstein offre donc dans Petits arrangements avec l'éternité une vision bien moins romantique du mythe du vampire, mais nettement plus claire et raisonnable. D'ailleurs, le personnage principal du roman est Eugène, cambrioleur émérite né au début du XXe siècle, un parigot argoteur et amateur d'art. Narrateur, il nous offre un récit plein de gouaille, dans un ton direct et un langage coloré. Dès les premières pages du livre, on est absorbé par sa description d'un Paris véridique mais qui abrite quelques représentants de la race vampirique. Tous sont pour le moins atypiques. Entre un clochard alcoolique persuadé que la Terre est au centre de l'univers, une garce qui use de ses charmes pour alpaguer des richards et une brute épaisse qui a fait toutes les guerres depuis sa naissance deux cents ans plus tôt, on en a pour nos frais. Cette belle brochette de personnages vaut à elle seule le détour : loin des stéréotypes, dotés de fortes personnalités, les anti-héros de Petits arrangements avec l'éternité sont attachants malgré leurs défauts. On leur pardonnera en effet leur infréquentabilité, leur racisme, leur vulgarité et leur violence.
Ces personnages sont mis en scène au sein d'une intrigue haletante. Car comme nous l'avons dit plus haut, Eugène et ses compagnons vont être plongés dans une aventure qui va les sortir de leur train-train quotidien quelque peu ennuyeux de vampires. Ils seront confrontés à des situations qui dépassent leur entendement et bouleverseront leur vision de leur univers. Ils se découvriront des ennemis mortels, devront les affronter au cours de combats dantesques et toutes les ressources de leur nature particulière seront utilisées pour les tirer d'affaire. Autant dire qu'on ne s'ennuie pas une seule seconde en lisant les trois cents pages de Petits arrangements avec l'éternité.

Éric Holstein signe donc un premier roman plus qu'honorable, sans défaut notable, qui revisite avec intelligence et humour le mythe du vampire, le parodie non sans lui rendre un certain hommage. Un incontournable de cette fin d'année 2009.

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