Un duo détonnant
Philip K. Dick (1928-1982) est aujourd’hui connu de beaucoup de gens grâce au succès de films comme Blade Runner, Total Recall ou Minority Report. On fête cette année le quarantième anniversaire de sa disparition, ce qui entraîne de nombreuses rééditions, dont celle de Deus Irae. Ce roman fut écrit en collaboration avec Roger Zelazny, auteur du cycle des Princes d’Ambre, et publié au début des années 70, à un moment où Dick est au creux de la vague sur tous les plans.
Une quête étrange
L’histoire se situe après l’holocauste nucléaire de la troisième guerre mondiale. Les survivants se divisent en deux églises rivales. Celle du Christ et celle du Dieu de la colère, identifié par ses fidèles dans la personne de Carleton Lufteufel, l’homme qui a déclenché la guerre. L’église du Dieu de la colère envoie Tibor McMasters retrouver Lufteufel afin de faire son portrait. Tibor n’a ni bras ni jambes (mais des extenseurs) et effectue son voyage dans une voiture tirée par une vache. On y croise pas mal de mutants, des ordinateurs détraqués et on finit par se poser la question de la frontière entre divin et humain, et aussi de la nature de la réalité…
Dick sera toujours à part
On retrouve peu de Zelazny (un bon écrivain au demeurant) dans ce roman (même si on pourrait le comparer à Route 666 / Les Culbuteurs de l’enfer, Roman post-apocalyptique assez réussi du bon Roger) et beaucoup de Dick dont les obsessions affleurent dans l’histoire. On sent surtout l’influence du gnosticisme chrétien dans ce roman, du manichéisme aussi : on se rappelle que Dick est en pleine période « religieuse » dans les années 70, dont il sortira la trilogie divine. Deus Irae est une sorte de trip dans un univers plutôt cauchemardesque, comme seul Dick pouvait les concevoir. A découvrir.
Sylvain Bonnet