« Séréna n’avait jamais cru qu’un petit ami lui apporterait la solution à ses problèmes, mais elle commençait à se poser des questions. Peut-être qu’il lui en fallait un, après tout. Impossible de continuer à attaquer les copains de ses copines. Un problème d’hormones en folie, alors ? Est-ce que c’était possible ? Pourtant, malgré tous ces épisodes très gênants, Séréna se demandait comment Michael aurait réagi si elle l’avait embrassé.
Elle continua ainsi, plongeant de plus en plus profondément dans ses pensées… »
Dans les épisodes précédents…
Séréna, Vanessa, Tianna, Catty et Jimena, les Filles de la Lune, sont toujours en lutte contre l’Atrox, cette entité maléfique dont le seul but est de conduire l’humanité à sa perte. Leurs pouvoirs de jeunes filles en fleur (respectivement lire dans les pensées, se rendre invisible, déplacer les objets + voyager dans d’autres dimensions, voyager dans les temps et enfin avoir des prémonitions) ne sont pas de trop pour lutter contre les Suiveurs, les serviteurs de l’Atrox. Evidemment les choses se sont compliquées depuis que le Suiveur Stanton, l’amant de Séréna, a détruit Lantfried le puissant infidus (ainsi sont nommés les Suiveurs traîtres) en l’emprisonnant dans ses souvenirs, et se couronnant ainsi Prince de la Nuit, brisant ainsi la relation fragile qui l’unissait à la Fille de la Nuit. Les événements sont d’autant plus complexes qu’approche l’heure fatidique, le fameux dix-septième anniversaire de Séréna, âge auquel toute Fille de la Nuit doit faire un choix entre perdre ses pouvoirs et le souvenir de ce qu’elle avait été, ou bien disparaître pour devenir une entité différente comme un ange gardien par exemple. L’avenir est donc plus qu’incertain pour nos héroïnes tandis que la guerre entre les Suiveurs et les infidi menace d’éclater dans le monde des ténèbres.
« Les soirées mousse font faire des trucs bizarres aux gens… »
Rien ne va plus. Depuis qu’une mystérieuse vieille femme en Cadillac noire l’a suivie dans les contre-allées sombres de L.A., Séréna est en proie à d’étranges sensations. Sa mémoire lui joue des tours, ses crises de noctambulisme s’enchaînent, de curieux rêves la possèdent, elle a de plus en plus le sentiment de n’être plus vraiment elle-même, et oh mon dieu elle est en proie à de violentes bouffées de désirs sexuels.
Ces pulsions érotiques se réveillent d’abord dans de sournoises sensations (« Elle se réveilla en sursaut plusieurs heures plus tard, assoiffée et en sueur. »), puis s’habillant malgré elle dans des tenues suggestives, elle se retrouve à draguer tous les beaux mecs du lycée – y compris les petits copains de ses amies (« Salut, Derek », fit-elle en posant devant lui, le corps étiré, les mains derrière la nuque puis dans les cheveux. Elle le laissa profiter du spectacle, goûtant au plaisir de la chasseresse. »), et même l’insupportable Jerome qui n’avait de cesse de la pourchasser de ses avances (« saisie d’un frisson malicieux, Séréna laissa Jerome soulever sa jupe. La pointe du marqueur effleura sa cuisse. Il écrivit JEROME à l’encre noire, froide, puis lui sourit. »). Le pire, c’est que Séréna se prend à aimer ce qu’elle est en train de devenir : « Fascinée par sa propre image, elle admira sa beauté parfaite et purement maléfique. »
« Un type qui s’agitait à côté de Séréna la saisit par le bras et la colla contre lui, le désir luisant sur son visage en sueur. Dans une grande démonstration d’affectation, elle lui caressa la poitrine. Elle s’étira langoureusement, exhibant son ventre plat et bronzé, mis en valeur par sa minijupe et son haut court. »
Heureusement, et alors que s’accroît la fréquence de ses escapades polissonnes, Séréna finit par prendre conscience de l’effroyable vérité : elle est possédée !!!
« C’était à l’intérieur de moi-même que ça se passait… »
« Aura Triton, lut Vanessa par-dessus son épaule.
- Allez, on va chez moi, proposa Catty. On va chercher son nom sur Internet. »
Grâce à l’aide des autres Filles de la Lune, Séréna découvre l’identité de la vieille femme en Cadillac Noire qui ne cesse de la suivre : Aura Triton. Puis en creusant sur Internet, elle apprend qu’Aura Triton n’en est pas à sa première possession : elle avait déjà pris le corps de la starlette Ann Anderson dans les années 50. Une vision horrifique saisit alors les jeunes filles : et si Aura Triton vivait depuis des siècles, prenant possession du corps d’une jolie jeune femme dès que son corps actuel devenait trop flétri !
Elles mettent alors au point un plan ingénieux pour inciter Aura Triton à quitter le corps de Séréna (en gros : se jeter du haut d’une falaise pour obliger Aura à s’enfuir, puis utiliser les pouvoirs d’invisibilité de Vanessa pour arrêter la chute (oui moi aussi je ne vois pas le rapport)). Le plan réussit presque, Séréna sent Aura quitter son corps pendant la chute, Vanessa échoue à rattraper Séréna mais Stanton, son amoureux maudit, ressurgit et l’enveloppe de son essence spectrale pour la sauver d’une chute et d’une mort assurée.
« Ils volèrent sans but au-dessus de la grève, ombre glissant sur les brisants. Elle se plongea dans son regard phosphorescent et elle sentit l’intensité de son désir. Il lui caressa la joue. Elle frissonna puis s’abandonna, les lèvres entrouvertes. Enfin, il l’embrassa. "Tu m’as manqué", avoua-t-elle enfin, admirant la beauté lumineuse des vagues et le grondement rythmique de la marée. Il prit tendrement son visage entre ses mains. Séréna ferma les yeux et le laissa pénétrer dans son esprit. Séréna frissonna. "Merci", murmura-t-elle subjuguée. »
Après s’être retrouvés et doucettement câlinés, Stanton apprend à Séréna l’effroyable vérité : Aura Triton n’est autre que la maîtresse de Lantfried - souvenez-vous, l’infidus que Stanton a emprisonné dans ses souvenirs (« Aura aime Lantfried, expliqua Stanton. Je l’ai emprisonné dans mes souvenirs, et il est donc naturel qu’elle se venge en attaquant la seule personne que j’aime. »). Stanton lui déroule alors l’histoire d’Aura : à l’origine, Aura était une belle demoiselle prénommée Ursula qui vivait au XIIIe siècle de notre ère. Elle était si belle, qu’elle attira même le diable qu’elle accepta d’épouser en échange de la préservation de sa beauté pour l’éternité. Malheureusement, elle succomba au péché de la chair et s’éprit d’un mortel. Le diable punit Ursula en détruisant sa beauté. Mais il la laissa vivre ; ainsi privée d’enveloppe corporelle, elle fut alors appelée Aura. Elle vécut alors comme esprit du vent, jusqu’à ce qu’elle trouve un moyen de posséder d’autres corps. Vous l’aurez compris, le diable était en réalité l’Atrox, et le mortel était le Suiveur Lantfried. Et ce fut Lantfried qui trouva le moyen de lui rendre sa matérialité en demandant de l’aide à l’enchanteresse Circé qui était célèbre dans les temps anciens pour ses dons de magicienne et qui lui prépara une potion magique qui permit à Aura de posséder le corps de jeunes jouvencelles.
Pour aider Séréna à se remettre de ce flux d’informations et pour la convaincre qu’il ne lui ment pas, Stanton la laisse pénétrer en lui (dans ses pensées il va sans dire). Monumentale erreur.
« Soudain, Séréna réalisa qu’elle n’avait pas fait ses devoirs… »
Car lui, Séréna a non seulement oublié de faire ses devoirs, mais en plus, elle réalise qu’Aura Triton est toujours en elle ! Et qu’elle n’attendait que ce moment, celui où Stanton allait s’ouvrir à Séréna pour plonger dans ses souvenirs afin d’en libérer Lantfried !
Dès lors, les rebondissements et les profusions de puissance s’enchaînent : les infidi surgissent, affrontent et capturent Stanton ; Séréna hésite à aller libérer Stanton - pour la convaincre, son frère Collin lui donne une pierre magique offerte par une ancienne baby-sitter qu’ils réalisent, après d’intenses réflexions, n’être autre qu’Hécate la déesse de l’obscurité (!) ; ainsi armée, Séréna vole au secours de Stanton et le libère ; celui-ci lui offre alors de s’unir à elle, afin de mêler les pouvoirs de la Lune et les pouvoirs des Ténèbres ; Séréna comprend à temps que Stanton est en réalité possédé par Lantfried, qui n’avait d’autre but que de la posséder elle, car elle est la clé (!) ; du coup, elle lui explose la face, tuant par la même occasion Stanton (!) ; Séréna n’a pas le temps de pleurnicher que Lantfried revient à la charge possédant cette fois le corps de Jerome (!) ; lassée, Séréna fait appel aux pouvoirs conjugués de Sélène et d’Hécate et lui explose cette fois définitivement la face ; et là, oh joie, elle réalise que Stanton n’est pas mort (!), mais était encore vivant, caché le bougre, dans l’esprit de Lantfried ; et à eux deux, ils unissent leurs forces pour balayer les perfides infidi.
« La puissance d’Hécate jaillit en elle. Séréna comprit enfin ce que cela signifiait d’être la clé. Elle ne concevait plus la lumière et les ténèbres comme des adversaires, mais comme des forces unies et nécessaires. Ce double pouvoir se fondit en elle dans un choc épouvantable, mais cette douleur lui parut agréable, tant elle la transformait : Séréna devenait la déesse qu’elle était destinée à être. »
Enfin, seuls sur la plage, les pieds dans l’eau, Stanton et Séréna s’interrogent sur l’avenir - avenir obscur car Lantfried n’est en fait pas mort : « Son esprit demeure, expliqua Stanton en scrutant le ciel obscur, comme à la recherche d’un astre déchu. C’était un membre du Cercle inférieur ; il arborait la crête du Phénix. Il est donc plus résistant qu’un Immortel. » Mais, comme le disent les anciens sages, qu’importent les dangers tant qu’on à l’ivresse.
« Stanton enlaça Séréna en l’embrassant tendrement. Il sourit quand elle voulut lui cacher ses rêves intimes. Il lui caressa la joue : "Ne sois pas timide. Tu m’inspires les mêmes rêves. Je vais te montrer." Il fit alors défiler une parade d’images éblouissantes dans son esprit. "Tu vois ? dit-il en souriant." Elle avait vu comment il tenait à elle. »
« Elle n’avait rien mangé de la journée. C’était sans doute pour cela qu’elle se sentait si nerveuse, au bord des larmes. »
Série fantastique et réaliste (ou pas) sur la jeunesse dorée américaine, Les filles de la Lune (douze tomes à ce jour, ainsi que quatre autres via le spin-off Sons of the Dark) a connu un franc succès outre-Atlantique, brassant dans son sillage des milliers de lettres d’admiratrices éplorées et des dizaines de sites foisonnants d’inventivité (la palme revenant au test « Are you psychic ? » [http://www.geocities.com/daughters_ofthe_moon/power.html] – si vous avez le temps, matez aussi les fan dolls).
Servi par une écriture et une traduction digne des meilleures élèves de cours élémentaires, illustré par une série de couvertures fascinantes, Les filles de la Lune séduit avant tout par son jusqu’au-boutisme de nanar clinquant et sirupeux pour dindes de luxe en chaleur.
Lynne Ewing, qu’on nous présente comme « consultante pour les adolescents en difficulté » (!) et qui avoue puiser son inspiration dans le courrier de ses lectrices, s’enfonce ainsi au fil des pages dans une puérilité bourgeoise faussement féministe qui s’avère surtout un hymne à la petite pouf moderne et fière de l’être.
« Vanessa se trouvait déjà sur place, assise sur le capot de la voiture, son T-shirt rouge relevé pour mieux goûter la caresse du soleil sur son ventre bronzé, ses longues jambes mises en valeur par sa courte jupe noire, ses longs cheveux blonds retombant en boucles sur ses épaules. »
Fascinées par une sexualité de surface jamais consommée, les Filles de la Lune vivent dans un luxe étalé, méprisent la pauvreté (« Los Angeles était rempli de sans-abri, mais cette femme n’avait pas l’aspect douteux d’une personne dormant sous un carton. ») et passent leur temps à dandiner leurs postérieurs qu’elles affinent grâce à un régime soigneusement élaboré : « Tout ce qu’elle voulait à présent, c’était rentrer à la maison, dans sa cuisine, et se goinfrer de sandwichs au beurre de cacahouète », « Elle se rappelait vaguement avoir mangé un hot dog », « Après s’être offert des tartines au beurre de cacahouète et des glaces pour le dîner », « Elle commanda plusieurs sacs de hot dogs au chili et fromage, avec de la choucroute et des condiments, le tout arrosé de soda en gobelet XXL. »
Ces légers excès de nourriture ne les empêchent de s’affirmer en tant que femmes, notamment au travers de leurs tenues vestimentaires d’une classe distinguée : « ses grosses bottes, ses collants bas résille et ses ongles décorés de graffitis », « un jean moulant et taille basse », « son imperméable en jean flottant derrière elle, révélant son T-shirt court et son jean taille basse », « un blouson de cuir noir, un chemisier de dentelle rose et des talons aiguilles », « un jean taille ultra-basse », « son bikini avec des chaînes dorées à la ceinture », « une minijupe taille basse et des bottes noires qui mettaient ses jambes parfaites en valeur », « un haut inconnu, moulant et translucide, avec une minijupe taille basse », « une minijupe bleue moulante, avec un haut provocant », « un pantalon de cuir bleu fluo », « un pantacourt noir moulant porté sur des bas résille » et ma tenue préférée je l’avoue : « un jean taille basse, un épais ceinturon de cuir et un nouveau haut papillon (…) Une vague d’excitation la parcourut. Elle adorait l’épaisse bande de cuir qui lui ceignait les hanches, et les ailes de papillon d’un bleu iridescent qui lui moulaient la poitrine. »
Et, soyez rassurés, les Filles de la Lune restent décentes car elles ne consomment ni alcool, ni cigarettes…
« Prends-là à deux mains et concentre-toi sur un élément important de ta vie. »
« Mais d’où tu sors ? s’amusa Jimena. Tout le monde sait à quoi ils pensent, les mecs.
- Mais moi, j’ai des détails, répondit Séréna hilare. »
Pour la route, voici une petite liste de phrases inspirées qui font tout le charme de ce délicat et délicieux roman :
« T’es trop belle ce soir, Séréna », « Vanessa agita les mains, comme si elle essayait de rassembler ses molécules », « Wally, son raton laveur apprivoisé se retourna, la queue en l’air tel un drapeau », « Stanton se tenait devant elle, ses cheveux blonds hérissés ; des mèches tombaient sur ses yeux dangereux » , « Bien malgré elle, Séréna se frotta contre lui, passant ses mains sur son crâne rasé. Il avait tatoué le mot ATROX sur son cuir chevelu », « il s’était plongé dans la mythologie grecque et l’histoire ancienne. Cette passion était presque aussi forte que celle du surf mais pas tout à fait », « Si tu n’accomplis pas un acte qui te semble juste, tu vivras dans la peur le restant de tes jours. Je ne te parle pas d’une frousse de maison hantée – mais bien d’une peur qui t’empêchera d’être toi-même », « Séréna, soudain mal à l’aise : elle allait commettre un acte illégal », « La lumière laiteuse d’une matinée couverte la réveilla. Dehors, des oiseaux chantaient sur son balcon », « D’après le calendrier lunaire, la Lune a disparu », « Séréna glissa sur un paquet d’algues. Stanton la rattrapa et lui passa un bras autour de la taille. »
Dans une profusion de couleurs chamarrées (orange, jaune, doré, rouge, rose, mauve), Lynne Ewing peint, sur fond d’histoire mystique balourde à la Charmed, le rêve des jeunes filles d’aujourd’hui. C’en est presque émouvant, quelque part.
Par souci d’objectivité, je vous propose l’avis de Jessica :
« les filles de la lune ...ces livres sont trop mantal !!!! je les a dores et en passant " ALLO CHABELLE !" ouin je disais a ceux qui aime ces livres la DEVOREZ LES ! ils sont trop bon et les filles de Lune son trop belle et mon t'chik STANTON luiii yeeer ke trop beaauu enfin vs comprandrer si vous lisez le premier livre avec Vanessa ,,, bonne lecture ! » [source : http://www.ricochet-jeunes.org/parudet.asp?livrid=5459]
Bref si voulez que vos enfants écrivent aussi bien, achetez Les Filles de la Lune.
« Séréna chassa tous ces raisonnements de ses pensées, et sa sérénité revint. »