Parce que Blade Runner, déjà. En soi, ce simple titre fait se hérisser partout dans le monde les échines de millions de spectateurs hagards dont les coeurs, battant ensemble à tout rompre, furent conquis par les accents quasi mystiques du chef d'oeuvre absolu de Ridley Scott et ce, dès sa sortie en 1982 et en dehors même des cercles fermés des amateurs de cinéma de genre.

"Futur crade"
Parce que Denis Villeneuve, ensuite. Alors ouais, on le taxe de réalisateur surcoté pour bobos. Mais il a fait Enemy (thriller psychologique de jumeau avec Jake Gyllenhaal), Sicario (film de flics dopé et social avec Emily Blunt), Prisonners (pendant humain et sincère de Taken, avec Hugh Jackman et Jake Gyllenhaal) et Premier Contact (science-fiction intelligente et recherchée avec Amy Adams et Jeremy Renner). Le mec sait donc gérer des castings importants (Harrison Ford) et des acteurs spécialisés (Ryan Gosling) ET sait surtout laisser les créatifs s'exprimer et mixer le tout de façon intelligente. Rien que la photographie, signée Roger Deakins (Sicario), dans les BA et extraits semble une merveille, innovante et fidèle dans la gestion des espaces, des plans, des lumières et des brumes. Bref, une qualité rare mais essentielle.
Parce qu'avec "Blade Runner 2036: Nexus Dawn", toute l'équipe prouve qu'elle a compris le sujet. Ridley Scott reste aux commandes, Villeneuve entend l'impatience des fan(atique)s de l'oeuvre filmique et ils prouvent qu'ils en ont saisi l'essence : Nexus Dawn est un retour dans l'ambiance glauque, pleine de non-dits et de silences pesants qui caractérisait le film de Ridley Scott et qui lui a valu de cristalliser à lui seule les codes de ce qu'est le cyberpunk à l'écran. Ce court métrage habille à merveille la mythologie blade-runneresque et permet de rassurer les fans sur un personnage qui, dans les bandes annonces, a suscité le plus de questions : nous sommes dans Blade Runner, l'ambiance est là, les codes sont là, le monde a évolué mais nous ne serons pas dérouté par mégarde. La mythologie est maîtrisée. Les équipes savent ce qu'elles font.

Parce qu'il n'y a pas le fantôme de Philip K. Dick. En effet, adapter une oeuvre est probablement plus difficile quand son auteur a atteint un statut aussi culte. Hors, pour BR49, de son petit nom, pas d'adaptation : mais un champ libre pour écrire quelque chose d'original et de flamboyant, comme on sait qu'on est en droit d'attendre. Et aussi parce que Ridley Scott est en retrait sur le projet. Au vu de certaines de ses déclarations sur Blade Runner et notamment Deckard, ça ne peut qu'être une bonne chose.

Parce que la BO. Blade Runner, c'est autant la BO que l'image, à mon sens. Vangelis avait fait un travail exceptionnel et je pense que le duo Johann Johannsson et Hans Zimmer peut être à la hauteur. Le premier accompagne Villeneuve (Prisonners, Sicario, Premier Contact) et Aronofsky (Mother!) depuis des années et a prouvé avoir ce qu'il faut pour composer pour un auteur et un projet hors du commun et le second, malgré ses dérives hollywoodienne, garde quelques fulgurances exceptionnelles (Captain Philips, Interstellar) et sait comment travailler à partir d'un matériau pré-existant. De bonnes choses, donc. Bref, on n'en peut plus, on se trémousse et on angoisse en salivant. Vivement le 4 octobre.
Sinon, rassurez-vous...
Vil Faquin