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Princess Bride, Le grand classique du conte de Grand Amour et de Grande Aventure

Ange (Traducteur), David Oghia (Illustrateur de couverture), William Goldman ( Auteur)
Langue d'origine : Anglais US
Aux éditions : 
Date de parution : 29/02/2004  -  livre
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Princess Bride, Le grand classique du conte de Grand Amour et de Grande Aventure



Cette phrase ne vous dit rien ? Vraiment rien ? Et « Comme vous voudrez… » ? Ou « Merci pour tout, Westley, bonne nuit, je te tuerai sans doute demain » ? Si cette dernière réplique ne vous évoque rien, pas de panique… Elle n’était pas dans le film. Car Princess Bride, pour la plupart des Français, est avant tout un film. Le succès public n’a pas été immédiat. On n’a vu longtemps qu’un gentil petit film pour enfants puis enfin, pour ceux qui l’ont découvert par le bouche à oreille, un joyau d’humour et d’imagination. C’est le cas. William Goldman en avait écrit lui-même le scénario (et pour cause, c’est son métier !). On attendait le livre avec la plus grande impatience. Le voilà !

Le conte de Grand Amour

Souvenez-vous… Bouton d’Or, jeune fille d’une incroyable beauté en devenir, n’a que deux passions dans la vie : son cheval et martyriser le valet de ferme, Westley. Valet de ferme qui se contente de lui répondre « Comme vous voudrez » et, comme ça été dit, de lui obéir. Puis, fatalement, Bouton d’Or tombe amoureuse de Westley qui n’a jamais cessé de l’aimer. Il décide alors de chercher fortune. Bouton d’Or l’attend, en évitant de se laisser aller à des activités aussi inutiles et stupides que la tapisserie, et finit par apprendre que le bateau sur lequel son tendre amant s’est embarqué a été attaqué par un pirate sanguinaire, le Terrible Pirate Roberts (sanguinaire au point qu’il ne laisse jamais un survivant, d’où son nom…). Persuadée que Westley est mort, elle décide de ne plus jamais aimer. Et, pour une raison qui échappera toujours au lecteur agacé, d’épouser l’affreux prince Humperdinck. A peine fiancée, elle se fait enlever par trois malfrats pour le moins typiques : Fezzik, une masse de muscles à la rime facile, Inigo Montoya, meilleur bretteur de son temps et alcoolique repenti et le Sicilien, un nabot mégalo et machiavélique.

Savoureux !

Bragelonne nous offre ici une édition du 25eme anniversaire de Princess Bride. Edité en 1973 aux Etats-Unis, cette édition présente non seulement le texte lui-même mais sa suite, le Bébé de Bouton d’Or et deux introductions de l’auteur. Attention ! Comme le martèle William Goldman dans ses hilarantes et graves présentations, le véritable auteur est un conteur florin, S.Morgenstein, dont il ne livre ici qu’une version abrégée. William Goldman, modeste, souligne qu’il n’est que le lien entre le lecteur moderne et l’auteur. Il serait cependant injuste de ne pas signaler que Goldman est également écrivain et scénariste de nombreux films et a remporté deux oscars et trois récompenses pour son œuvre.

Cette version de Princess Bride donne lieu à de multiples interventions de Goldman à propos du texte d’origine : querelles d’éditeurs et d’héritiers, souvenirs d’enfance, commentaires critiques hilarants… Succulent ! Et outre, les scènes que l’on connaît du film (les Marais, un Inigo Montoya désespéré, Miracle-Max où comment peut-on être un homme de médecin juif dans un monde imaginaire ? etc…), on apprendra comment Fezzik – qu’est ce qu’on l’aime, celui-là ! – est devenu une brute de combat, comment Inigo Montoya s’est sorti de l’enfer de la déchéance pour venger son père et à quel point la jolie Bouton d’Or est une sympathique péronnelle…

Le Bébé de Bouton d’Or, moins léger, nous entraîne dans une histoire sombre, sourde et dramatique où l’auteur n’arrive bientôt plus à insuffler le petit air comique qu’on trouvait dans Princess Bride. Et la frustration arrive, évidemment… Comment ne pas s’attacher à Westley, Inigo Montoya ou Fezzik, personnages burlesques vite dépassés par leurs rôles ? Comment ne pas vouloir encore une suite ? D’autant plus que l’auteur parsème son livre de ce que l’on appelle en littérature des « mises en avant » et des « retours en arrière » : là, il évoque brièvement l’enfance de Westley, là, il commente sa propre frustration face au texte de S.Morgesntein, à propos des suites de l’aventure épique de Westley et Montoya…

Derrière le prétexte de Conte de Grand Amour se cache en effet l’Aventure sous toutes ses formes et le lecteur, loin d’être agacé, ne peut s’empêcher d’entrer par la porte que l’auteur lui présente : reliés par un souvenir affectif fort (la lecture du soir), il est difficile pour l’un comme pour l’autre de ne pas se sentir terriblement impliqués dans cette histoire qui n’est pas sans rappeler Don Quichotte. L’auteur a donc un rôle assez original, dans cette histoire. Jouant avec les masques, il refuse absolument de rester cloîtré derrière un texte dont il ne revendique pas la paternité. Bien au contraire, se liant à son lecteur par l’empathie, il lui permet de ne pas s’arrêter sur les maladresses ostentatoires, l’ironie et la dérision de son livre pour entendre la voix qui se cache derrière. Une voix de conteur, rappelée sans cesse par Goldman et à peine soufflée par la dernière bougie de la veillée.

Alors, là, évidemment, on lit et répète en chœur : « Je suis Inigo Montoya. Tu as tué mon père. Prépare-toi à mourir. » Et on pense, la page tournée : « Vas-y, Inigo, c’est toi le plus fort ! »…

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