Avec des séries de bandes dessinées comme Pandora Box ou Jason Brice pour l'un, Section financière ou Nero pour l'autre, Alcante et Andrea Mutti sont respectivement un scénariste et un dessinateur réputés.
Le premier est un spécialiste du thriller d'anticipation. Il persiste dans ce genre avec Re-mind, en s'associant à l'un des artistes italiens qui percent en France et à un coloriste débutant – Dimitri Fogolin. Dans cette BD, Alcante imagine l'existence d'une technologie permettant, ni plus, ni moins, d'enregistrer la vie d'un mourant, juste au moment du passage à trépas, lorsque celle-ci défile devant ses yeux. Le FBI, qui détient le secret du Re-mind, la met en œuvre, quel qu'en soit le prix, pour déjouer une tentative d'attentat terroriste...

Alcante, Mutti et Fogolin envoient du lourd !

Alcante, qui ancre toujours ses histoires dans le présent, a fait du terrorisme le thème principal de Re-mind. La scène d'ouverture de la bande dessinée n'est d'ailleurs autre que l'attentat du 11 septembre. Mais point de polémique à craindre pour autant, les terroristes de Re-mind n'étant pas des islamistes. On ne sait d'ailleurs pas grand-chose de leurs intentions dans ce premier tome. On relèvera seulement qu'Alcante fait écho à l'attentat le plus marquant de notre histoire pour rappeler le risque que la population encourt face à la détermination de groupements jusqu'auboutistes et de la difficulté à contrecarrer leurs opérations meurtrières.

Or, le FBI, en ce 2011 que nous décrit le scénariste BD, dispose d'un moyen de combattre plus efficacement le crime. Le Re-mind, comme nous l'indiquions ci-dessus, est une technologie permettant d'enregistrer la vie d'une personne au moment de sa mort. Outre le fait que l'idée est originale – à défaut d'être crédible –, elle est mise en scène de façon plus qu'efficace au sein d'une intrigue à suspense menée de main de maître. D'autant plus que l'histoire est portée par des personnages dont les individualités orientent son cours de façon majeure. Alcante invente des protagonistes qui, forcément, ne sont pas développés en profondeur en un unique album, mais dont il dévoile juste ce qu'il faut pour justifier de façon réaliste leurs réactions et motivations.
C'est d'ailleurs avec les motivations des personnages qu'Alcante nous interpelle encore une fois. Jusqu'où est-on prêt à aller pour sauver son fils ? Jusqu'où est-on prêt à aller pour sauver des milliers de vies ? La fin justifie-t-elle les moyens ? Des questions que l'on n'aimerait pas avoir à se poser, ce que les personnages de Re-mind sont forcés de faire...

Cette nouvelle bande dessinée, qui paraît chez Le Lombard, dispose donc d'un scénario de bon niveau, mais également de dessins et de couleurs d'aussi bonne qualité. Les planches d'Andrea Mutti profitent d'un découpage un peu anarchique pour donner du rythme à un récit qui se déroule à toute vitesse et est émaillé de scènes visuellement impressionnantes. Sans compter que le style réaliste du dessinateur donne de la crédibilité au récit et aux personnages. Quant à la finalisation des planches par Fogolin, qui œuvre à la mise en couleurs, elle est simplement excellente.

Ce n'est pas la première fois qu'Alcante crée des bandes dessinées passionnantes. Accompagné de Mutti, il emporte une nouvelle fois le lecteur dans une histoire se déroulant dans un avenir très proche, qui connaît les mêmes problématiques que notre présent, et qui ne fait pas que nous divertir.
Re-mind est un diptyque dont le tome 2, que nous attendons maintenant avec impatience, sortira en octobre 2010.