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Résurrection

Jean-Luc Istin (Scénariste), Jésus Hervàs (Dessinateur), Olivier Héban (Coloriste)
Cycle/Série : 
Langue d'origine : Français
Aux éditions : Collection :
Date de parution : 15/06/2016  -  bd
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Résurrection

Voici le premier album d’une nouvelle série SF publiée dans sa collection Anticipation par Soleil. Le principe est alléchant : des albums de différents auteurs, dont « le personnage central est un androïde ». Outre Résurrection, trois albums devraient paraître dans les mois qui viennent : Heureux qui comme Ulysse, Invasion, Les larmes de Kielko.
 
Ce premier album n’a pas été confié à des androïdes associés, mais à des humains : à l’écriture, Jean-Luc Istin, parfois dessinateur, mais surtout scénariste, plutôt connu pour ses univers celtiques et médiévaux (Le sang du dragon, Les contes de l’Ankou, Les Druides, Merlin et la quête de l’épée pour ne citer que ceux-là), voire ésotériques (Le cinquième Evangile, Templier).
 
Au dessin, l’espagnol Jesus Hervas Millan, moins expérimenté, mais qui a déjà travaillé sur le tome 3 d’Atlantide Experiment et sur la série Déluge, également chez Soleil.
 
Que nous cachent les androïdes ?

Une pluie de météorites détruit un satellite piloté par des androïdes et s’abat sur la cité de New York, sous les yeux médusés d’Anna. Encore une défaillance du système de protection terrestre… Immortelle comme ses congénères grâce à une miraculeuse pilule bleue, Anna, malgré des épisodes de nausées de plus en plus fréquents, se rend sur les lieux d’un crime avec son androïde Job.

Alors qu’elle mène l’enquête, elle repère un suspect qui s’enfuit. Elle le poursuit, en vain, mais son enquête va la conduire à découvrir un monde secret, qui est en train de secouer les fondements même de la société et du rapport entre les humains et les androïdes…  

Longue vie à Androïdes !

Ce premier album est une réussite. D’abord que parce que le scénario, qui mêle immortalité et pouvoir des androïdes, est solide et bien senti. Parce que le fin mot de l’histoire est bien amené et comporte son lot de surprises. Et parce que le pari initial (centrer le récit sur un androïde) a été pris au sens large et avec une certaine hauteur. Une des difficultés de l’exercice était de faire tenir ce scénario riche en 64 pages. Jean-Luc Istin y parvient. Il réussit à compacter tout un lot dystopique de complots, de manipulations, d’enquêtes criminelles, de relations interpersonnelles, dans une atmosphère cyborg post-apocalyptique, à la Blade Runner. Istin qui cite Philip K. Dick en exergue revendique d’ailleurs cette filiation.

Ce premier album est aussi une réussite graphique. On ne connaît pas encore très bien Jesus Hervas Millan, mais il faisait partie déjà du trio des dessinateurs de talent de la série Atlantide et ses deux albums à tonalité marine de la série Déluge étaient tout simplement remarquables. On sait le travail que demande l’invention de décors, de costumes, d’objets dans une série SF. Les dessins sont précis, cohérents, autant pour le New York du futur que pour les décors intérieurs. Les scènes de bombardement et de crash, dans l’espace ou en pleine ville, sont jouissives. Les personnages sont justes et variés, même s’ils manquent parfois d’un peu de rondeurs. La tonalité graphique est sombre, ce qui accentue l’atmosphère dystopique du récit, avec des nuances de bleu et plus rarement, d’ocres (Olivier Héban est à la palette). Petit bémol : la couverture (à la Mad Max) n’est pas très représentative du thème de l’album et l’héroïne en couverture est plutôt plus terne et moins réussie qu’à l’intérieur des pages (d’habitude, c’est plutôt le contraire). Le découpage sur chaque page est bon et, malgré un scénario dense, les dessins ne sont pas écrasés par les phylactères. Côté graphismes, on ne criera pas au génie, mais on doit reconnaître le vrai talent du dessinateur qui a accompli un travail de grande qualité. Au final, c’est parfois un peu austère, mais c’est très agréable à regarder.

Les rares points négatifs du scénario ou du dessin relèvent du détail. C’est un bel album, captivant et intelligent. Le plaisir de lecture est garanti. Alors pourquoi ce premier tome s’appelle Résurrection, me direz-vous ? Parce que les auteurs marient l’art du suspense avec dextérité et que le titre peut vous mener sur plusieurs pistes, mais aussi peut-être parce qu’il annonce le retour d’une SF de qualité...
 

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