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Retour à Abyme en compagnie de Mathieu Gaborit
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Retour à Abyme en compagnie de Mathieu Gaborit

Actusf : La Cité Exsangue - Les Nouveaux Mystères d'Abyme (tome I) est votre dernier roman aux éditions Mnémos, de quoi cela parle-t-il ?
Mathieu Gaborit : D’un homme qui revient à la vie. L’homme en question est un farfadet, le dénommé Maspalio, ancien Prince-voleur et conjurateur hors-norme qui, dix ans plus tôt, a décidé de se retirer dans les Abysses en ermite. Lorsque le roman commence, il reçoit un message inquiétant d’une femme dont il a été amoureux. Elle a besoin de lui et il prend le risque de revenir au monde. 



Actusf : La réapparition de Maspalio en Abyme, signe le retour du personnage du prince-voleur ou le vôtre dans Les Royaumes Crépusculaires ? Qui était le plus impatient de revenir, vous ou lui ?
Mathieu Gaborit : J’ai vécu une vraie traversée du désert dans l’écriture. J’ai écrit une partie ou la totalité de trois romans qui n’ont jamais vu le jour malgré un lourd travail. J’ai quelques éléments de réponse mais j’ignore encore quels sont les mécanismes qui m’ont glacé devant la page blanche. Revenir en Abyme a été une vraie thérapie. Une forme de rééducation pour un patient blessé. J’avais besoin de Maspalio. Son arrogance, son panache et son ridicule étaient une manière de désamorcer les enjeux et de retrouver l’innocence de mes premières années en écriture. 

"En perspective, on essaie tous de s’appuyer sur l’épaule de ce foutu réel pour grimper ailleurs, pour s’élever au-dessus et tenir en équilibre comme on peut."

Actusf : Les habitants d’Abyme sont toutes des créatures fantastiques et forment une communauté cosmopolite. Comment avez-vous eu envie de construire ce monde ? Pourquoi passer de la décadence à l’ordre le plus strict ?
Mathieu Gaborit : Dans ce roman, les autorités de l’Acier jugent la cité décadente. C’est une vision morale portée par le cynisme et un pouvoir décomplexé, une realpolitik à même de « juger » les excès de la cité. Abyme est la petite matrice de mes contradictions et, au fond, celles de beaucoup d’entre nous : composer avec les injonctions du réel et l’envie furieuse de s’y soustraire. En perspective, on essaie tous de s’appuyer sur l’épaule de ce foutu réel pour grimper ailleurs, pour s’élever au-dessus et tenir en équilibre comme on peut.

"Dans la Cité Exsangue, certains personnages m’ont chanté à l’oreille, d’autres se sont dérobés malgré l’intuition sincère que j’en avais."

Actusf : Maspalio est maintenant un vieux farfadet. Est-il plus facile de camper un héros jeune ou vieux ? Cela change-t-il quelque chose ?
Mathieu Gaborit : Je vais avoir 46 ans, je me sens probablement plus proche d’un croulant que d’un jeune éphèbe musculeux ! Non, sérieusement, cela ne change pas grand-chose. La seule véritable question, c’est de savoir si on réussit ou non à faire exister un personnage. On y arrive plus ou moins bien. Dans la Cité Exsangue, certains personnages m’ont chanté à l’oreille, d’autres se sont dérobés malgré l’intuition sincère que j’en avais. La sénéchale, par exemple, a existé pleinement pour moi alors que j’aurais aimé mieux transmettre ce que j’avais dans les tripes pour le Devancier. Le tome 2 est là pour m’offrir une chance d’incarner ces personnages au plus près de l’intuition.

Actusf : Lorsque vous écrivez, vous avez toujours un plan ou laissez-vous votre plume vous guider ?
Mathieu Gaborit : J’ai de plus en plus l’intime conviction d’un imaginaire préexistant, d’un outremonde logé dans le cortex ou ailleurs mais en tout cas, une terre d’amont, une terre en mutation qu’on explore comme un enfant archéologue. J’écris avec l’intuition et c’est elle qui dévoile les grandes lignes d’un roman. 



Actusf : Quels sont vos projets actuels et futurs ?
Mathieu Gaborit : Le tome 2 est une priorité. Si je veux pouvoir tout dire, je vais devoir être très exigent. J’ai également un roman contemporain dont j’accumule les notes depuis plus d’une décennie et qui arrive enfin à maturité.

Actusf : Quelles sont vos prochaines dates de dédicaces ? Où peut-on vous rencontrer ?
Mathieu Gaborit : Je serai aux Chimériades du côté d’Aix en Provence du 5 au 7 mai, aux Imaginales à Epinal les 26 et 27 mai et à Imagin’Artois les 9 et 10 juin.
 

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