Dans Bodies, Netflix et Paul Tomalin réinventent le genre policier avec un concept original, très attendu du public. Adapté du comics du même nom de Si Spencer, édité chez DC Comics, la mini-série de huit épisodes frappe fort, et le résultat en vaut le détour.
En 1890, 1941, 2023 et 2053, sur Longharvest Lane, quatre inspecteurs découvrent un cadavre entièrement nu. 163 ans séparent chacune des enquêtes. Pourtant, un problème majeur demeure : les policiers ont tous découvert le même cadavre.
La série captive dès les premières minutes, tant le mystère est incompréhensible. Le spectateur devient alors enquêteur à son tour, et tente de percer les secrets de cet étrange mort. L’on comprend bien vite que la situation dépasse les protagonistes, et que toute l’intrigue repose sur un paradoxe temporel, et sur la non-surprenante question du voyage dans le temps. Toutefois, la série se démarque en oscillant habillement entre les époques et les personnages, donnant à chaque détail une importance capitale pour la suite. Pas question de simplement regarder cette série pour passer le temps, il va falloir faire chauffer les méninges…
Know you are loved…
La plus grande qualité de cette série repose sur les protagonistes de chaque époque. Ces inspecteurs complexes et ambigus qui se battent chacun avec leurs démons et leur époque. Tourmenté et homosexuel, véreux et juif durant la Seconde Guerre Mondiale, consciencieuse et de couleur, rebelle et handicapée ; tous ont une personnalité très nuancée, un fardeau à porter dans leur quotidien que rien n’épargne.
Chacun des enquêteurs est parfaitement inscrit dans son époque, nous exposant à chaque fois aux changements de mœurs et d’habitudes, rendant le tout plus réaliste. On y découvre alors toutes les évolutions technologiques et les progrès qu’elles apportent… mais aussi tous les aspects négatifs que cela peut engendrer.
L’enquête policière finit par laisser place à quelque chose de plus grand. L’intrigue reste haletante jusqu’au dernier épisode, où tout finit par se délier. Mais le huitième peut cependant nous laisser un goût amer, laissant le spectateur sur un « happy ending », alors qu’une fin plus nuancée, ou du moins ouverte, aurait pu conserver le mystère qui entourait toute la série. Mais, on peut en conclure une chose : la boucle est désormais bouclée.
Laurène Bizet