Auteur du Fils de l’homme, des Monades urbaines, des Profondeurs de la terre, de L’oreille interne ainsi que du cycle de Majipoor, Robert Silverberg est aujourd’hui un des derniers monstres sacrés en vie de la science-fiction américaine. Le Chemin de l’espace, paru en 1967 lors de sa meilleure période créatrice, a été réédité par Le Bélial dans une traduction revue par Pierre-Paul Durastanti.
Aller vers les étoiles grâce à la religion
Fin du XXIe siècle. L’humanité a colonisé Mars et commence à établir sur Vénus des hommes génétiquement modifiés. Mais il lui reste à atteindre les étoiles. Noel Vorst fonde une nouvelle religion visant justement à dépasser les limites du système solaire en repoussant les limites de la vie humaine. Il s’appuie aussi sur des espers, des humains capables de télékinésie, de télépathie. Vorst attire à lui Reynold Kirby qui se révèle un excellent organisateur mais doit faire face à la sécession des harmonistes, mené par David Lazare, bientôt martyrisé. Les harmonistes réussissent à imposer leur foi aux vénusiens tandis que les « vorsters » l’emportent sur Terre (les martiens sont indifférents). La concurrence est féroce entre les deux églises… Comme l’a voulu Vorst lui-même, qui ne tarde pas à faire ressusciter Lazare. Car Vorst voit l’avenir, il sait que les deux sectes sont complémentaires pour réussir à quitter le système solaire. Va-t-il y arriver ?
Un roman exemplaire
Le Chemin de l’espace est constitué de cinq récits successifs construits autour de la figure de Vorst, qui prend narrativement de plus en plus d’importance. On retient l’attention que Silverberg accorde au paranormal, proche ici d’un Dick qui exploite beaucoup cette veine dans son œuvre à la même époque. Vorst et son don (mineur) de précognition annonce d’ailleurs le Carjaval de L’Homme stochastique paru quelques années plus tard. Relire ce roman s’avère une expérience assez réjouissante, euphorisante même tant Silverberg est ici en pleine possession de ses moyens. Ici l’homme quitte le système solaire grâce au pouvoir de l’esprit. Puissant !
Foncez !
Sylvain Bonnet